28 avril 2007

Naissance de l'industrie du disque : histoire du disque #3

Emile Berliner, le concepteur du disque horizontal
1887
un chercheur allemand émigré aux États-Unis travaillant pour la firme Bell & Tainter, met au point le disque horizontal en ébonite (mélange de caoutchouc et de souffre), ce nouveau support entre en concurrence avec le cylindre.
Selon ce procédé, le tracé sonore était tout d'abord dessiné en sillon et en spirale, sur un disque de zinc recouvert d’une fine couche de cire.

1893, Emile Berliner met au point un procédé de galvanoplatie (opération qui consiste à déposer par électrolyse une couche de métal sur un support conducteur et servant de moules pour tirer des «positifs», d’abord en ébonite, puis en gomme-laque)
Selon le principe du moule à gauffre !
Un procédé très adapté à la production de masse pour le divertissement musical.

1898, Emile Berliner rentre à Hanovre (Allemagne) et crée ainsi la première fabrique de pressage de disques plats a Hambourg par galvanoplastie et fonde avec son frère, la Deutsche Grammophon Gesellschaft qui, dès 1901, s’enorgueillit d’un catalogue fabuleux: «Plus de cinq mille enregistrements dans toutes les langues du monde!»

En France, la commercialisation commence avec Henri Lioret qui lance le Lioretgraph (1893) et avec les frères Charles et Émile Pathé, qui nesont pas en reste avec ... le Pathéphone.

Après avoir fait entendre le phonographe dans les foires, les Frères Pathé constituent (1896) une petite société, qui grandit rapidement, tout en restant longtemps fidèle au cylindre, avant d'adopter le disque gravé.

Une nouvelle culture
C'est la musique qui profite surtout de cette invention, à partir de 1900.
Des stars mondiales, produit de l'industrie naissent avec la diffusion du disque.
Le ténor Enrico Caruso a été la première star du disque.


Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il n’y eut pas de passage net du cylindre (procédé Edison) (apprécié pour la constance de sa vitesse linéaire) au disque (procédé Cros/application Berliner) (plus maniable, moins encombrant, de classement plus facile). Mais vers 1920, le phonographe à rouleaux est complètement évincé.

Dans les années 20, arrive l'amplification
Après l'invention du microphone et du haut-parleur électriques, on entre alors véritablement dans le domaine de l'électroacoustique. Grâce à ces découvertes, les premiers disques, enregistrés à l'aide de microphones, d'amplificateurs et de transducteurs électromécaniques appelés graveurs, sont mis dans le commerce en 1924.
Les têtes de lecture électriques, alimentant un amplificateur et des haut-parleurs, commencent à se substituer aux têtes à lecture directe des gramophones traditionnels dans le courant des années 30.

L'époque des 78 tours
1927 généralisation de la vitesse de rotation du disque qui est fixée à 78 tours par minute (en anglais 78 RPM).

Dans l'entre-deux- guerres, ce sont les vedettes du music-hall telles que Joséphine Baker, Charles Trenet ou Maurice Chevalier qui font les beaux jours de l'industrie phonographique.


Dès 1938 , le philosophe polémiste (grincheux ?) Theodor W. Adorno fustigera la massification de la culture telle qu'elle se diffuse avec l'industrie du disque dans un essai prophétique "Le caractère fétiche de la musique et la régression de l'écoute" (Allia, 2001). Adorno avait une conception assez dogmatique et restreinte de la musique : Arnold Schoenberg.
Pour lui, hors de l'esthétique de la nouvelle école de Vienne tout était régression, Stravinski, comme le jazz.
On peut présumer qu'il n'aurait pas aimer non plus les clips de MTV ;-)

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale commencera l’âge d’or du disque avec 3 innovations : le microsillon, la haute-fidélité et la stéréophonie
... à suivre !

A lire :
Bruno Sébald, L'édition phonographique : 1895-1950, des débuts de la commercialisation des phonogrammes à l'apparition du microsillon, AFAS [Association des détenteurs de documents audiovisuels et sonores]

Collections de 78 tours numérisés en ligne :
>Nos "78 tours"
Plus de 5000 disques 78 tours à écouter au format MP3 classique jazz nostalogie
http://www.78-tours.net/
>Internet Archive - 78 RPMs
http://www.archive.org/details/78rpm
>Le Gramophone virtuel : Enregistrements historiques canadiens
http://www.collectionscanada.ca/4/4/index-f.html
>Here is Jazz Old Time on line
http://www.jazz-on-line.com/index.htm
>Turtle "78 RPM" Jukebox
http://turtleservices.com/jukebox.htm
>The cylinder archive
http://www.cylinder.de
>Jan's 78 RPM Record Warehouse
http://www.78rpm.hovers.nl/

Connaissez-vous d'autres sites proposant des archives sonores numérisées et accessibles en ligne ?

27 avril 2007

Fing : Rapport "Musique & Numérique"

Le 19 avril 2007 a eu lieu à l'auditorium de la Cité de la Musique, la restitution publique du rapport réalisé par la FING (Fondation Internet Nouvelle Génération). http://musique.fing.org/
Il s'agit d'une synthèse de débats et de rencontres portant précisément sur l'innovation marchande dans le domaine de la musique. Quels modèles économiques ? Où trouver des sources de monétisation face aux nouvelles pratiques de consommation de la musique ?
La synthèse est consultable ici, le rapport peut également être téléchargé (au format pdf 127 p. )
Les interventions des participants à cette journée du 19 avril sont disponibles en podcast :
  • Daniel Kaplan
  • Julien Ulrich, Directeur Général de VirginMega
  • Ludovic Leu, Directeur Général de musicMe
  • Grégory Jost, Responsable France de LastFM
  • Jonathan Benassaya & Daniel Marhely de Blogmusik
  • Natalia Tsarkova, Présidente de i-concerts
  • Guillaume Dumont, Directeur Général Attitude
  • Marc Mayor, Directeur Général France de MySpace
  • Borey Sok, Membre du Bureau des Catalyseurs Numériques
  • André Nicolas, Directeur de l'Observatoire de la Musique
  • Hervé Rony, Délégué Général du SNEP
  • Bruno Ory-Lavollée, Gérant de l'ADAMI

Mstislav Rostropovich (1927-2007)

Hommage à Mstislav Rostropovitch [la graphie française prend un t], le violoncelliste et chef d'orchestre russe est décédé le 27 avril 2007.
Articles biographiques : Musicologie.org, Biographies de Radio France

Mstislav Rostropovich, violoncelle
Sviatoslav Richter, piano
Extrait de la Sonate pour violoncelle et piano n° 1 en Fa majeur'Rondo (Adagio vivace) de Beethoven
Archive de 1964 sous licence Creative Commons


Mstislav Rostropovich, violoncelle
London Symphony Orchestra sous la direction de Charles Groves
Extrait du "Concerto pour violoncelle et orchestre en Mi bémol majeur, Op.107' de Dimitri Chostakovitch
Archive de 1961 sous licence Creative Commons

Discographie disponible à la Médiathèque de Dole :

Suites pour violoncelle Nos 1, 4 & 5 / Jean Sébastien Bach, comp. ; Mstislav Rostropovitch, vlc

Suites pour violoncelle Nos. 2, 3, 6 / Jean Sébastien Bach, comp. ; Mstislav Rostropovitch, vlc.

Double concerto pour violon et violoncelle en La mineur, Op. 102 / Johannes Brahms, comp. Concerto pour violonen Mi mineur, Op. 64 / Félix Mendelssohn ; Itzhak Perlman, vl ; Mstislav Rostropovich, vlc ; Concertgebouworkest, ens. instr. ; Bernard Haitink, dir..

Concerto pour violoncelle et orchestre op. 104 en si mineur / Anton Dvorak. Variations sur un thème rococo / Piotr Ilitch Tchaikovski ; Mstislav Rostropovitch, vlc ; Boston Symphony Orchestra ; Seiji Ozawa, dir..

Lady Macbeth de Msensk : opéra / Dimitri Chostakovitch ; d'après la nouvelle de N. Leskov ; Galina Vishnevskaya, Nicolai Gedda, Dimiter Petkov... [et al.], chant ; Ambrosian Opera Chorus, choeurs ; London Philharmonic Orchestra, ens. instr. ; Mstislav Rostropovich, dir..

Concertos pour violoncelle / Lutoslawski, Dutilleux, comp. ; Mstislav Rostropovitch, vlc ; Orchestre de Paris ; Serge Baudo, Witold Lutostawski, dir..

Le cantique du soleil ; Musique pour flûte, cordes et percussion / Sofia Gubaidulina ; Mstislav Rostropovich, vlc, perc., dir. ; Emmanuel Pahud, fl ; Simon Carrington, perc. ; Neil Percy, perc. ; John Alley, célesta ; London Voices ; Terry Edwards, chef des choeurs ; Ryusuke Numajiri, dir.

Documentaire
La fête du violoncelle [film] : Entretien avec Mstislav Rostropovitch, violoncelliste, et Claude Samuel, directeur de la musique à Radio France / un film de Hervé Lachize. - 1 cass. vidéo (59 min.) : coul. SECAM ; 1/2 pouce VHS

25 avril 2007

Stravinsky dirige l'Oiseau de feu

Igor Stravinsky dirige l'Orchestre Philharmonique du Royal Festival Hall à Londres. Le film de la BBC (1965) est en open source sur Internet Archive
Berceuse et Hymne final de "l'Oiseau de feu" (composé en 1910).
source : http://www.archive.org/details/lullaby_and_final_hymn

23 avril 2007

Rameau et la musique au siècle des Lumières : histoire de la musique française

Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Rameau figure parmi les plus grands musiciens du XVIIIe siècle, c'est également un théoricien majeur de la musique. Il est contemporain de Jean-Sébastien Bach, d’Antonio Vivaldi.
Né à Dijon, où son père était organiste, Rameau voyage en Italie à l'âge de 18 ans puis s'installe à Paris où il compose son Premier Livre de pièces de clavecin (1706). Il est employé comme organiste dans plusieurs villes françaises, notamment à Dijon, et Clermont-Ferrand, où il demeure jusqu'en 1722, et rédige son Traité de l'harmonie réduite à ses principes naturels (1722). En 1723, il revient à Paris, il enseigne le clavecin et la théorie musicale, publiant en 1726 le Nouveau Système de musique théorique.
Interprète, compositeur et théoricien de la musique, il ne vient à l'opéra que tardivement, à 48 ans. Son premier opéra, Samson (1731), sur un livret proposé par Voltaire, est censuré.

Rameau se trouvera au cours de sa carrière mêlé malgré lui à deux controverses :

La querelle des lullistes et des ramistes
Sa musique est d'abord violemment critiquée par les admirateurs de Lully, qui considèrent le modernisme de Rameau comme une trahison. Rameau s'inscrit malgré ses audaces dans la continuité de Lully. C’est la tragédie en musique Dardanus qui fait donc éclater en 1739 cette polémique. Elle rappelle dans sa forme la fameuse querelle des anciens et des modernes qui avait partagée le monde littéraire vers 1670. Diderot donne de cette querelle musicale une description savoureuse dans un de ses meilleurs ouvrages : le Neveu de Rameau.
La querelle des Bouffons
Dans les années 1750, Rameau est de nouveau pris à parti lors de la querelle des Bouffons par Rousseau et d'autres partisans de la musique italienne comme le Comte de Grimm. Cette violente polémique se développe à l'occasion de la présence à Paris d'une troupe d'opéra comique italien venue représenter La Serva padrona (La maîtresse servante) de Pergolèse.

« Je crois avoir fait voir qu'il n'y a ni mesure ni mélodie dans la musique française parce que la langue n'en est pas susceptible ; que le chant français n'est qu'un aboiement continuel, insupportable à toute oreille non prévenue ; que l'harmonie en est brute, sans expression, et surtout uniquement en remplissage d'écolier ; que les airs français ne sont point des airs ; que le récitatif français n'est point du récitatif. D'où je conclu que les Français n'ont point de musique et n'en peuvent avoir, ou que, si jamais ils en ont une, ce sera tant pis pour eux. » Jean-Jacques Rousseau (1753)

Les propos de Rousseau sont surtout le signe d'une aigreur, il a composé un opéra « Le devin du village » qui n'a pas marché. Il règle ses comptes dans ses écrits sur la musique, dans des articles édités dans l'encyclopédie Diderot et d'Alembert, et dans son dictionnaire de la musique. Il écrit beaucoup sur la musique, notamment dans son traité sur l'origine des langues, dont le sous-itre est "Où il est parlé de la Mélodie et de l'Imitation musicale".
Ces virulentes polémiques n'éclipsent pas le succès de Rameau en tout cas pas dans l'immédiat. Après la Révolution de 1789, cette musique deviendra peu à peu le symbole des valeurs aristocratiques de l'ancien régime qui a été renversé : une musique décrétée précieuse, maniérée en un mot désuète.
Elle ne sera vraiment réhabilitée, (malgré l'admiration que lui vouait Debussy) qu'à la fin du 20 siècle, au début des années 1980, grâce à Philippe Beaussant et à William Christie.
Rameau meurt à 81 ans, pendant les répétitions de son dernier opéra, les Boréades (1764). Outre les tragédies lyriques comme Hippolyte et Aricie (1733), Castor et Pollux (1737), Zoroastre (1749), Rameau composa des opéras-ballets, dont les Indes galantes (1735). La musique de Rameau est dédiée à la danse. Outre ses opéras-ballets, il écrit des partitions de ballet pur, et ses quelque trente ouvrages scéniques font une large place à la chorégraphie.
Discographie disponible à la Médiathèque de Dole
Castor & Pollux : tragédie lyrique en un prologue et cinq actes / Pierre Joseph Bernard, livret ; Howard Crook, Jérôme Corréas, Agnès Mellon... [et al.], chant ; Les Arts Florissants ; William Christie, dir. - Harmonia Mundi 1993

Hippolyte et Aricie : tragédie en musique en cinq actes et un prologue / Simon-Joseph Pellegrin, livret ; Véronique Gens, Jean-Paul Fouchécourt, Bernarda Fink... [et al.], chant ; Ensemble Vocal Sagittarius ; Les Musiciens du Louvre ; Marc Minkowski, dir. - Detsche Grammophon : UNiversal, 1995

Castor et Pollux : version de chambre de 1754 / Christophe Einhorn, Jérôme Corréas, Cyrille Gerstenhaber... [et al.] ; XVIII-21, Musique des Lumières, ens. instr. ; Jean-Christophe Frisch, dir.- Astrée : Naïve, 1998

Les fêtes d'Hébé ou les Talens Lyriques : opéra-ballet en un prologue et trois entrées /Daneman, Connolly, Fouchécourt...[et al.], chant ; Les Arts Florissants ; William Christie, dir. - Erato : Warner Music, 1998

Les Indes Galantes / Claron McFadden ; Sandrine Piau ; Isabelle Poulenard, chant ; Myriam Gevers, 1er violon ; Les Arts Florissants, ens. vocal et instr. ; William Christie, dir.. - Harmonia Mundi 1999

Pygmalion : acte du ballet ; Nélée et Myrtis : acte de ballet/ Choeur et orchestre Les Arts Florissants ; William Christie, dir. - Harmonia Mundi, 1999

Pièces de clavecin en concerts / Les Nièces de Rameau. - Accord, 1999

Les grands motets / Suzanne Gari, S ; Lieve Monbaliu, S ; Henri Ledroit, CT ; Guy de Mey, T ; Stephen Varcoe, BAR ; Peter Kooy, B ; La Chapelle Royale, choeur ; Philippe Herreweghe, dir. - Harmonia Mundi, 2000

Dardanus / John Mark Ainsley, Véronique Gens et Laurent Naouri, voix ; Les Musiciens du Louvre, orch. ; Marc Minkowski, dir. - Deutsche Grammophon : Universal Music, 2000

Platée : ballet bouffon en 1 prologue et 3 actes / Jean-Philippe Rameau ; Gilles Ragon, Jennifer Smith, Guy de Mey, ... et al., chant ; Ensemble vocal Françoise Herr ; Les musiciens du Louvre ; Marc Minkowski, dir. - Erat : Warner Music, 2001

Nouvelle suites / Jean-Philippe Rameau. Hommage à Rameau / Claude Debussy ; Alexandre Tharaud, p. - Harmonia Mundi, 2001

Naïs & Zoroastre : suites orchestrales / Orchestra of the Eighteen Century ; Frans Brüggen, dir. - Harmonia Munid, 2001

Une symphonie imaginaire [une sélection d'oeuvres orchestrales et de ballets] / Les Musiciens du Louvre (Grenoble) ; Marc Minkowski, dir. - Deutsche Grammophon, 2005

Le berger fidèle ; Thétis ; & pièces en concerts /Karine Deshayes, S ; Alain Buet, B ; Benjamin Lazar, récitant ; Les Musiciens de Monsieur Croche. - Alpha, 2005

You Tube, du concept à l'hyper-croissance : vidéo de la semaine #11

Une vidéo au sujet de YouTube sur YouTube, cela pourrait s'assimiler à du larsen visuel, à un jeu de miroirs mis en face à face créant une profondeur infinie.
Il s'agit ici d'une conférence assez passionnante donnée par Jawed Karim, l'un des trois fondateurs (avec Chad Hurley et Steve Chen) sur l'aventure de sa star-up devenue en deux ans le leader de partage de vidéos et qui fut rachetée l'an dernier par Google pour 1,6 milliard de dollars. Jawed Karim revient sur le processus qui a amené à la création de la société dans le sillage de Flickr, spécialiste du partage de photos en ligne. La conférence a été donnée le 21 octobre 2006 pour l'ACM à l'Université de l'Illinois.
La conférence est téléchargeable par un clic droit sur ce lien (sélectionner "enregistrer la cible sous"). Durée : 50 minutes, en anglais .
YouTube a de nombreux concurents dans le domaine de la recherche et du partage de vidéos, dont on trouve une liste sur Intelligence-Center

21 avril 2007

La clarinette : soprano, alto et Cie

Pour inaugurer le mois de la clarinette Frank Brodu, professeur au CRD de Dole, donnera jeudi 10 mai à 18h une conférence illustrée d'extraits musicaux sur l'histoire et la technique de l'instrument.
Instrument de la famille des bois à anche simple comme le saxophone mais à perce cylindrique, la clarinette fut mise au point vers 1700 par Johann-Christophe Denner (perfectionnant ainsi un instrument plus ancien, le chalumeau). Issue d’une famille nombreuse (13 modèles de la petite clarinette sopranino en La bémol jusqu'à la clarinette contrebasse en Si bémol) , la clarinette possède une tessiture de 3 octaves plus une sixte mineure.
Quelques articles et sites en ligne consacrés à la clarinette :


>Jean-Luc Matte : "Les clarinettes modernes"

20 avril 2007

Gonzales : "Solo piano" : disque de la semaine

Mais où classer Gonzales ?
"Solo piano", 4ème album de Chilly Gonzales, n'a pas été formaté pour les bacs des disquaires : un album instrumental, qui n'est ni vraiment du jazz, ni vraiment du classique...
Entre Gershwin et Satie, entre blues élégant et valse triste...

"On dit que le piano est l'instrument qui permet de suggérer le plus grand nombre de couleurs, il est pourtant noir et blanc, comme un vieux film muet. Fixant mes deux mains, j'imagine que chaque pièce est une ombre chinoise se déployant sur un mur"
Chilly Gonzales, canadien d'origine, réside entre Berlin et Paris, où il fait profession de DJ, mais aussi de producteur et d'arrangeur (pour Feist, Jane Birkin, Charles Aznavour, Adamo, Manu Chao).
Ses trois premiers albums dont on recommande particulièrement "Gonzales über Alles" était dans une veine hip-hop électro toute à la fois exubérante, parodique et distanciée. Avec "Solo piano", Gonzales révèle un univers plus intime et confirme ses talents de mélodiste.
Discographie disponible à la Médiathèque de Dole

Gonzales über Alles (2000)

The Entertainist (2001)


Presidential suite (2002)

Solo piano (2005)

Freesound, base de données de sons : site de la semaine #1

The Freesound Project est une base de données collaborative de sons sous licence Creative Commons. Freesound se consacre aux bruits enregistrés : chants d'oiseaux, cris d'animaux, bruitages des objets du quotidien, ambiances urbaines ou de pleine nature... Différents formats (wav, flac, mp3) sont téléchargeables après inscription.

A l'image d'autres plate-formes UGC (User-generated content = contenu créé par l'usager), Freesound propose aux internautes d'importer leurs propres sons. La recherche se fait par un système d'indexation par tag (mot-clé). Le site est ouvert aux commentaires.

Riche déjà de 31 000 sons divers, cette base de données est un outil précieux pour la création ou l'illustration musicale, sonore et audiovisuelle.

(Sur l'image, le sample d'un chant de coq)

http://freesound.iua.upf.edu/

Bram de Jong, développeur de Freesound Project pour le Grup de Recerca en Tecnologia Musical (MTG) présente le site au Sonar'06 à Barcelone.

source : http://www.youtube.com/watch?v=MVx_WCDAspE

18 avril 2007

La musique klezmer et la clarinette

Lorsque l'on dresse un rapide inventaire des répertoires de la clarinette, on pense au jazz New Orleans (Sydney Bechet) , à la musique classique (le concerto pour clarinette de Mozart), mais aussi aux musiques traditionnelles, comme les musiques tzigane et klezmer. David Krakauer, clarinettiste virtuose d'origine new-yorkaise mêlant jazz d'avant-garde et éléments du folklore ashkénaze d'Europe centrale a beaucoup contribué à la redécouverte de cette musique.

La musique klezmer

La musique klezmer s'est développée à partir du 15eme siècle environ, interprétée par des musiciens juifs ashkénazes (diaspora résidant principalement dans le Centre et l’Est de l’Europe). A l’instar des chants composés en yiddish, cette musique s’est imprégnée des différentes cultures au contact desquelles elle a évoluée.
Les principaux instruments composant un orchestre klezmer sont :
  • le violon, instrument pratique car très transportable et qui se prête à la modulation et au glissando, imitant les intonations vocales,
  • la clarinette est devenu un instrument essentiel du klezmer à la fin du 19 siècle, au point de remplacer le violon. Elle permet d'imiter le son du Shofar (corne de bélier) et faire chanter les lamentations typiques du klezmer,
  • la flûte,
  • le cymbalum jouait un rôle d'accompagnement et rythmique
  • la balalaïka russe a pu aussi être utilisée,
  • l'accordéon, comme dans la musique tzigane,
  • la contrebasse,
  • le tambour ou la grosse caisse.

A lire absolument, l'admirable article richement illustré de Michel Borzykowski : "La musique Klezmer en bref" (http://borzykowski.users.ch/)

Discographie disponible à la Médiathèque de Dole :
Amsterdam Klezmer Band "Son" / .- Connecting cultures : Harmonia Mundi, 2005

Budowitz "Wedding without a bride". - Buda Musique, 2000

The Cracow Klezmer Band "De profundis". - Tzadikk, 2000

Giora Feidman & Ensemble "Israel : Yiddish soul". -World Network : Harmonia Mundi, 1994

Chava Alberstein ; The Klezmatics "The Well". - Indigo : Harmonia Mundi, 2004

David Krakauer's Klezmer Madness! : "Klezmer, NY". - Tzadik, 1998

David Krakauer "A new hot one".- Label Bleu : Harmonia Mundi, 2000

David Krakauer's Klezmer Madness : "The twelve tribes : ". - Label bleu : Harmonia Mundi, 2002

Pachora "Unn". - Knitting Factory, 1999

Hana Roth "Les chants traditionnels du peuple hébreu". - Albatros, 1990
Yankele : "L'esprit du klezmer". - Opus 111 : Naïve, 2000

Danny Zamir, alto saxophone "Satlah". - Tzadik, 2000

Yiddish : [anthologie] New York-Paris-Varsovie : 1910-1940 / Benny Goodman, Maurice Ravel, Sophie Tucker, The jewish alternative movement. - Frémeaux & Associés, 2006

Partitions disponibles à la Médiathèque de Dole
Play-along clarinet : World music : Klezmer / Yale Storm. - Universal edition,. - 6 p ; 31 cm + 1 CD

L'esprit du klezmer : Pour ensembles modulables : parties en ut, sib, mib / Yankele. - Henry Lemoine, 2004. - 23 p ; 31 cm. - contient : Shalom Alechem; Le train de 7h40 du matin; Neïman Chassidit, Freilech

The Jewish fake book / Velvel Pasternak. - Tara publications, cop. 1997. - 183 p. ; 31 cm

Concerts Avril-Juin au Moulins de Brainans

>21 avril (pop porn & Dave métal) : AZIAN Z + SONO4000 + NEZAFOOT

>28 avril (Rap populaire festif) : MAP + LES GOURMETS

>05 mai (Techno/Rock/Dub) : MOSHPIT + DOUBLE NELSON + FEDAYI PACHA

>11 mai (Reggae world) : DOBACARACOL + GERAUD

>12 mai (Rock) : THE MOLECULES + JAGGER NAUT

>18 mai (Hip Hop) : THE PROCUSSIONS + LA CEDILLE

>19 mai (Rock) : MATMATAH + LES CHIENS

>26 mai (Electro) : INTERLOPE + PROJET CARRE + KARLIT&KABOK + NÄO

>02 juin (World & Electro Rock) : GNAWA DIFFUSION + BASSDRUM

>09 juin (Rock) : DR FEELGOOD + ASTRAL QUEST

>16 juin(Hardcore) : TALIFE + GANG CHAIN + SIX GRAMMES EIGHT

>23 juin : LES PRODUCTIONS DU LOCAL

http://www.moulindebrainans.com/
http://www.myspace.com/moulindebrainans

La Banda Municipale de Santiago de Cuba à la Commanderie de Dole

Vendredi 25 mai, 20h
Dole fête le monde
Avec : RAUL PAZ, et la BANDA DE SANTIAGO DE CUBA
La Banda sera accompagnée par les musiciens du Conservatoire de Dole
"En 1898, à la fin de la Guerre d’indépendance de Cuba, un petit groupe de musiciens de Santiago se rassemble et forme ce qui va bientôt devenir La banda Municipale de Santiago de Cuba.
Des danzones, danza et diverses musiques de salon, aux congas, habaneras jusqu’aux sones, l’évolution et le répertoire de cette fanfare drainent tout un pan de l’histoire populaire . Nées d’une cuisine marinée sur les plantations coloniales, ces danses aux visages plus ou moins nègres ou plus ou moins blanchis, descendent de danses à figures bourgeoises détrônées qui "n'eurent pas les honneurs de Versailles et que dédaignèrent les Destouches et les Campra", mais qui survécurent créolisées, tropicalisées dans les îles. Les menuets de l'aristocratie cubaine et popularisés plus tard par l’arrivée des Français (les fugitifs venus de St Domingue avec leurs contredanses, leur gavotte et leur passe-pied) se sont vite transformés en contradanza cubana. Cette forme sera cultivée par tous les compositeurs créoles du 19ème siècle.
Premier genre musical de l’île "capable de subir avec succès l’épreuve de l’exportation", c’est de ses structures rythmiques en 6/8 qu’émergèrent la criolla, la guajira et de ses rythmes en 2/4, la danza, la habanera et le danzon. La Banda jouera son premier concert officiel le 19 Septembre de l’an 1900, sous la direction du maestro Calixto Varona. Elle présentait un répertoire de
compositions espagnoles, valses, polkas et bien entendu, l’hymne national cubain.Elle a été la deuxième fanfare créée à Cuba, après celle de la Havane, où elle gagne en 1908 le premier prix du concours national de bandas. [...]
En 1929, sous la direction de Enrique Bueno Formell (et avec dans ses rangs le célèbre conjunto Matamoros), elle remportera le premier prix au concours national de l' Havane. C'est l'année où le charismatique chanteur nonagénaire Compay Segundo y fait ses débuts, en tant que clarinettiste." Texte de Paquito D'Santiago et Emmanuelle Honorin, extrait du livret du disque La Banda Municipale de Santiago de Cuba : fanfare cubaine. - Buda Musique : distr. Universal, 1999.

17 avril 2007

EPIC 2015 : vidéo de la semaine #10

La vidéo suivante fait le tour des blogs depuis quelques mois.
Il s'agit d'un faux documentaire présentant dans un scénario catastrophe l'avenir proche des médias tel qu'il se préfigure aboutissant par un effet de concentration à une googlezon (google+amazon).
Une nouvelle version du roman 1984 de George Orwell en quelque sorte et une mise en garde...


EPIC 2015 est la nouvelle version du flim EPIC 2014, le film a été réalisé par Robin Sloan et Matt Thompson
Source, commentaire, et le texte du film traduit ici par un professeur pour ses étudiants.

On trouvera sur le site Webrankinfo la liste des 131 outils et services développés par Google
Il n'en reste pas moins que ces fonctionnalités et services se révèlent très utiles, pour certains ils sont devenus indispensables, comme Google search, le moteur de recherche initial.
Pratique également la plate-forme Blogger hébergeant ce site ;-)

En février, l'agence bibliographique nationale de l'enseignement supérieur (ABES) a annoncé avoir passé un accord de licence avec Google afin d'accroître la visibilité du SUDOC (système universitaire de documentation) qui est le catalogue collectif des bibliothèques universitaires françaises sur le site Google Scholar. Le programme s'appelle "library link".

Mats Carduner, directeur général de Google France et Google Europe du Sud était samedi dernier l'invité de Frédéric Martel dans l'émission Masse Critique sur France Culture, il a évoqué notamment le programme Google Book (Google recherche de livres), source tension avec les éditeurs français.
L'émission est disponible en podcast.

Le temps des inventeurs : histoire du disque #2

C'est grâce l'étude du phénomène sonore et l'expérimentation lors de nombreux travaux visant à la fixation des sons, que l'invention du phonographe pris finalement corps dans le troisième quart du 19e siècle, précisément en 1877.
Cette invention s'appuie en effet sur les innovations techniques apportées par deux précurseurs : Thomas Young et Léon Scott de Martinville

1807 Thomas Young
Esprit universel, entre "Géo Trouve-Tout et le Professeur Tournesol, Thomas Young est un homme très complet : funambule, pratiquant aussi la voltige équestre, c’est aussi un érudit : universel : il parle notamment latin, grec, français, italien persan, grec, hébreu et arabe. Accessoirement il se passionne pour la botanique, la médecine, la philosophie. ses heures perdues, il joue de nombreux instruments de musique, et publie des mémoires sur les arches des ponts, la théorie des marées, le calcul des éclipses, la charpente des vaisseaux et il fixe en 1805 les dimensions approximatives des molécules. Il fait des découvertes en égyptologie en contribuant avant Champollion au déchiffrage des hiéroglyphes . A côté de toutes ces activités, Thomas Young parvient à enregistrer les vibrations d'un son par l'intermédiaire d'une pointe, sur un cylindre tournant enduit de noir de fumée.

1857, Léon Scott de Martinville
Cet ouvrier typographe français devient inventeur après avoir été le correcteur des comptes rendus de l’Académie des Sciences. Il est notamment très marqué par les travaux de physiologie du docteur Longuet sur l’oreille humaine.

Rappelons comment fonctionne l’oreille. Celle-ci est constituée de différentes parties : pavillon, conduit, tympan, les trois osselets : marteau, enclume, étrier, la trompe d’eustache et la cochlée, le nerf auditif. C’est un système mécanico-électrique. Les ondes sonores sont dues à des variations de la pression de l’air. Elles sont transmises par le conduit auditif externe jusqu’au tympan qu’elles font vibrer. Ces vibrations sont transmises par la chaîne des osselets (marteau, enclume et étrier jusqu’aux liquides de l’oreille interne via la fenêtre ovale. Les mouvements des liquides font bouger les cils des cellules sensorielles de la cochlée. Les cellules ciliées transforment ces mouvements en messages nerveux qu’elles transmettent aux neurones qui, à leur tour, véhiculent ces informations jusqu’au cerveau.

Pour en revenir à Léon Scott de Martinville, c’est lui qui va réalisé les 1er enregistrements graphiques de vibrations sonores de la voix. Il construit un appareil, qu’il appelle le phonautographe.
Il s’agit d’une membrane vibrant sous l’effet des ondes sonores, cette membrane va entraîner stylet formé d’un poil de sanglier qui va inscrire les vibrations sur des plaques de cristal enduites de noir de fumée, se déplaçant par un mouvement d’horlogerie. Il se forme alors dans le noir de fumée un tracé transparent, facile à photographier, à conserver, à analyser.
Le phonautographe signifie étymologiquement : « il écrit la voix ».
Mais, pour Scott de Martinville, il s’agit d’écrire les sons et non de les reproduire. Pour lui le phonautographe sera utilisé comme un sténographe, pour servir par exemple à la dictée du courrier. Scott construit sans le savoir la première moitié du phonographe. Il a conçu l’enregistrement, mais il restait encore à inventer le moyen de lire le son.


1877, naissance de l’invention
Comme beaucoup d’inventions (par exemple le cinéma), elle a vu sa paternité discutée entre français et américains.
L’histoire à retenue deux noms, car en cette année 1877, Thomas Edison, aux Etats-Unis et Charles Cros en France déposent chacun de leur côté le brevet d’invention d’un procédé pour enregistrer et restituer la voix. C’est Charles Cros qui a la primeur du dépôt.

Charles Cros (1842-1888)
Est un poète et un scientifique visionnaire. Un autre esprit universel, lui aussi a plusieurs cordes à son arc : Comme chimiste, physicien, il met au point un procédé de photographie en couleur ainsi q'un télégraphe.
C. Cros fréquente les impressionnistes et les parnassiens, musicien, et poète. Il héberge Rimbaud chez lui en 1871, pendant l’épisode de la Commune de Paris. On lui doit notamment l’écriture d’un recueil de poèmes « Le coffret de santal » et un poème très connu « le hareng saur » que l’on apprend aux enfants dans les écoles. Autant dire que de son vivant Charles Cros ne fut jamais pris au sérieux. Il meurt dans la misère et l’alcoolisme.

C’est donc le 16 avril 1877 qu’il rédige une description détaillée et complète de ce qu’il nomme le paléophone (la voix du passé). Le 30 avril, il la dépose en un pli cacheté à l’Académie des sciences, sous le titre Procédé d’enregistrement et de reproduction des phénomènes perçus par l’ouïe. Citation : « Mon procédé consiste à obtenir le tracé du va-et-vient d’une membrane vibrante et à se servir de ce tracé pour reproduire le même va-et-vient avec ses relations de durée et d’intensité sur la même membrane ou sur une autre appropriée » On a donc ici les deux mouvements symétriques. La description de Charles Cros, c’était d’emblée le disque tel qu’on le connaîtra jusqu’à l’arrivée du disque compact. Mais ce n’était qu’une description, et, sans argent, Charles Cros n’avait pu réunir les cinquante francs nécessaires au brevet de son invention.

Thomas Alva Edison (1847-1931),
Car un autre inventeur lui de l’autre côté de l’Atlantique a les moyens de ses rêves. La même année, le 12 août 1877, conçoit dans ses grands ateliers de Menlo Park (le 1er centre de recherches scientifiques financé) une petite machine à cylindre et à manivelle : le phonographe. Lui n’est ni artiste ni poète mais travaille dans de nombreux domaines différents : télégraphe, électricité, téléphone.


Son système, appelé phonographe, fonctionne avec un cylindre mobile recouvert d’une mince couche d’étain et manipulé à la main, sur ce cylindre est appuyé une pointe vibrante relié à un diaphragme dont les vibrations sont amplifiées par un cône ou un entonnoir. De cette première machine sortent les premiers mots enregistrés («Mary had a little lamb»). Mary avait un petit agneau. C'est une comptine américaine. (source)


Mais l’appareil n’est pas tout de suite au point : les premiers appareils quasiment sont inaudibles
Lorsque Edison présente en 1878 son phonographe à l’Académie des sciences de Paris qui était alors l’autorité mondiale il remporte un grand succès. Pourtant c’est un échec technique, la qualité sonore laisse à désirer.
«Je doute, écrit-il, qu’il me soit jamais donné de voir un phonographe prêt à reproduire tous les discours d’une manière intelligible
Edison abandonne alors le phonographe pendant 10 ans pour se consacrer à l’électrification de la ville de New York (il fondera la General Electric). Il invente l’ampoule électrique à incandescence. Au total, Edison fait breveter au total plus de mille inventions, dont le kinétoscope (ancêtre du cinématographe, et la batterie électrique)
Partisan du courant continu sur le courant alternatif il électrocute en public des chiens, des chevaux, et même des éléphants, pour montrer les dangers mortels du courant alternatif. Finalement, contacté par l’Etat de New York il mettra au point la nouvelle machine à tuer des Etats-Unis, à base de courant alternatif, la chaise électrique. (Mais ceci est une autre histoire)

Dix ans plus tard.
Edison présente un nouvel appareil à Paris en 1889, à l’Exposition internationale que domine la toute neuve tour Eiffel. Cette fois, c’est un triomphe. Gustave Eiffel, justement, reçoit des mains d’Edison un phonographe dont il fera son jouet de salon favori et grâce auquel sa voix lui a survécu.

La question, entre Cros et Edison, de savoir qui doit être considéré comme l’inventeur du phonographe se pose encore. Chaque pays met en avant son champion. On doit reconnaître que la première réalisation effective est celle d’Edison.
Il n’empêche que la conception de Cros (la forme du disque) est beaucoup plus innovante que celle d’Edison (le rouleau), et l’avenir de l’industrie du disque lui donna raison.

Après la phase de l’invention, la phase de l’industrialisation...

Liens complémentaires
L'édition phonographique : 1895-1950, des débuts de la commercialisation des phonogrammes à l'apparition du microsillon (site de l'AFAS)
The history of phonautograph
Petite histoire de l'enregistrement
Histoire de l'enregistrement sonore
Directory of oldest recordings

Bibliographie : Histoire illustrée du phonographe / Daniel Marty. - Lausanne : EDITA ; Paris : Vilo, cop. 1979 (impr. en Suisse). - 189 p. : ill. en noir et en coul., couv. ill. ; 31 cm

11 avril 2007

"Ecrire la voix", le temps des utopies : histoire du disque #1

Du jeu collectif au jeu individuel
Dans les sociétés traditionnelles, la musique est une pratique collective associée aux fêtes, aux cérémonies, aux cultes, aux danses. Ainsi, au cours de l'Histoire, les hommes ont d'abord apprécié (et apprécient encore) la musique de façon participative soit dans un cadre sacré (fêtes religieuses) soit dans un cadre profane (concerts, bals, réjouissances populaires, fête de la musique...).
Alors, se retrancher du groupe pour apprécier en solitaire, au moyen d'un dispositif technique une suite de sons sortis de leur contexte peut paraître aberrant. Pourtant cette individualisation des conditions d’écoute de la musique est vécue depuis plus d'un siècle comme un privilège, comme un gain supplémentaire de liberté. Ce passage de l'hétéronomie à l'autonomie sera le champ de bataille entre les industries de culture de masse et les revendications pour l'expression des diversités culturelles.

Verba volent, scripta manent... no more
La possibilité d’enregistrer et restituer le son : de la musique mais aussi la voix restera comme d’une des plus grandes découvertes du XIXe siècle. Avec les innovations dédiées à la captation de l’image (cinéma, télévision...), c’est la civilisation toute entière qui présente un caractère nouveau, elle est devenue comme l'avait annoncé Herbert Marshall McLuhan foncièrement audiovisuelle. Pourtant ce qui semble une évidence dans notre quotidien est le fruit d’une évolution technologique qui a débuté réellement il y a un peu plus d’un siècle.
Cependant, comparé au livre, le disque est un objet neuf. Pendant longtemps l’adage « Les paroles s’envolent, les écrits restent » signait la suprématie de la civilisation de l’écrit, et la toute puissance de la galaxie Gutenberg. Par l’écriture, par la notation, on a pu conserver la littérature comme la musique, avec cependant d'importantes pertes d'information. Comment jouait Molière ? Comment jouait Mozart ? On a conservé leurs textes, leurs partitions, mais la voix de Molière et l’interprétation de Mozart ?

Le vieux rêve de capturer les paroles
Avant que l’on ne mette au point les techniques d’enregistrement et de reproduction des sons, on n’imaginait pas l’existence de disques on parlait de «machine parlante», l’expression dénote l’ignorance de la forme dans laquelle le rêve se concrétiserait.
« Machine parlante » : rappelons que l’usage prévu de cette invention était d’abord la captation de la voix avant celle de la musique. Le rêve de reproduire la voix correspond à une des préoccupations fondamentales des artistes et des savants : la mimesis c’est à dire l’imitation de la nature, la reproduction ou recréation du réel. C'est aussi d'abord comme pour la photographie : la fonction de conservation d’un souvenir.
Rabelais et les paroles gelées
Rabelais (1483-1553) entre Moyen-Age et Renaissance anticipait déjà avec toute sa fantaisie sur des paroles gelées.
Cliquez ici pour voir la belle animation sur le site Renaissance-France.org (le portail de la Renaissance Française). Le texte est dit par Jonathan Kerr :

Comment entre les parolles gelées, Pantagruel trouva des motz de gueule.
Chapitre LVI.

Le pilot feist responce: Seigneur, de rien ne vous effrayez. Icy est le confin de la mer glaciale, sus laquelle feut au commencement de l'hyver dernier passé grosse & felonne bataille, entre les Arismapiens, & le Nephelibates.
Lors gelèrent en l'air les parolles & crys des homes & femmes, les chaplis des masses, les hurtys des harnoys, des bardes, les hannissements des
chevaulx, & tout effroy de combat. A ceste heure la rigueur de l'hyver
passée, advenente la serenité & temperie du bon temps, elles fondent &
sont ouyes. Mais en pourrions nous voir quelqu'une. Me soubvient avoir leu que
l'orée de la montaigne en laquelle Moses receut la loy des Iuifz le peuple
voyoit les voix sensiblement. Tenez tenez (dist Pantagruel) voyez en cy qui
encores ne sont degelées. Lors nous iecta sus le tillac plènes mains de parolles
gelées, & sembloient dragée perlée de diverses couleurs. Nous y veismes des
motz de gueule, des motz de sinople, des motz de azur, des motz de sable, des
motz dorez. Les quelz estre quelque peu eschauffez entre nos mains fondoient,
comme neiges, & les oyons realement. Mais ne les entendions. Car c'estoit
languaige Barbare.
Rabelais, Le Quart Livre, chapitre 56 (début)

Le Capitaine Vosterloch et les éponges voyageuses
Un siècle plus tard en 1632, on trouve dans un pamphlet intitulé "Le courrier véritable" le récit de voyage du capitaine Vosterloch, une aventure qui se déroule dans les archipels de l'hémisphère sud. Le voyageur découvre une peuplade qui communique avec des éponges. Le message à transmettre est prononcé devant une éponge qui elle est envoyée comme un courrier. Il suffit au destinataire de presser doucement l’éponge pour que les paroles se diffusent nettement.


Cyrano de Bergerac, concepteur du podcast
Enfin ultime utopie avant l’aube des lumières, Cyrano de Bergerac en 1650 (à ne pas confondre avec le personnage fictif de la pièce d’Edmond Rostand) écrivain libertin et athée, précurseur de Voltaire et des Lumières, sous le règne de XIV dans « L’histoire comique des états et empires de la lune (1657)» formule une description avec des références à la technologie qui est une remarquable prémonition.
Extrait :
« A l'ouverture de la boîte, je trouvai dedans un je ne sais quoi de métal quasi tout semblable à nos horloges, plein d'un nombre infini de petits ressorts et de machines imperceptibles. C'est un livre à la vérité, mais c'est un livre miraculeux qui n'a ni feuillets ni caractères; enfin c'est un livre où, pour apprendre, les yeux sont inutiles; on n'a besoin que d'oreilles. Quand quelqu'un donc souhaite lire, il bande avec une grande quantité de toutes sortes de clefs, cette machine, puis il tourne l'aiguille sur le chapitre qu'il désire écouter, et au même temps il sort de cette noix comme de la bouche d'un homme, ou d'un instrument de musique, tous les sons distincts et différents qui servent, …, à l'expression du langage. Je ne m'étonnai plus de voir que les jeunes hommes de ce pays-là possédaient davantage de connaissance à seize et à dix-huit ans que les barbes grises du nôtre; car, sachant lire aussitôt que parler, ils ne sont jamais sans lecture; dans la chambre, à la promenade, en ville, en voyage, à pied, à cheval, ils peuvent avoir dans la poche, ou pendus à l'arçon de leurs selles, une trentaine de ces livres dont ils n'ont qu'à remonter un ressort pour en ouïr un chapitre seulement, ou bien plusieurs, s'ils sont en humeur d'écouter tout un livre: ainsi vous avez éternellement autour de vous tous les grands hommes, et morts ou vivants qui vous entretiennent de vive voix. »

L'ère de la musique mécanique
Au XVIIIe siècle on aboutit, grâce aux progrès de l’horlogerie à la réalisation d’automates parlants ou musiciens, et au début du XIXe siècle, on met au point le piano mécanique, l'orgue de barbarie, le limanaire. Ces appareils jouent des notes programmées sur des cylindres ou sur des cartes perforées, ils ne restituent pas les sons.
Dans la même famille de la musique mécanique, en moins volumineux, les boîtes à musique connaissent un énorme succès. Elles sont confectionnées grâce notamment aux progrès des techniques horlogères. Ces boîtes à musiques servent parfois à apprendre le chant aux canaris ! Une préoccupation assez frivole. Mais le XVIIIe siècle s’achève avec une Révolution politique en France mais aussi dans la révolution industrielle en Angleterre.
C'est réellement, au siècle suivant que l'on verra l'arrivée de découvertes scientifiques et techniques déterminantes à l'invention du phonographe...
...à suivre.