30 mars 2008

« Hey, hey, hey pretty Dolly » : David Lee Roth, l’interview sur Y!Live

On avait un peu perdu de vue David Lee Roth depuis son départ de Van Halen en 1985. Deux albums solos très honorables Eat' em and Smile puis Skycraper co-produit avec le guitariste Steve Vai. Puis plus rien. La semaine dernière David est enfin sorti de sa réserve pour donner via le nouveau service Y!Live* une interview interactive.
Transcription de quelques extraits de l’interview qui nous en apprend beaucoup sur l’actualité du chanteur.


Speaker : Hi David !
David Lee Roth : Hi guys !
Speaker: it’s amazing, we are talking with mister David Lee Roth. Hello David. Thank’s to be with us tonite . A complete one hour video chat with the greatest heavy glam rock singer of the world. It’s a dream, it’s just unbelievable whaouh! David, you probably know that a bunch of your fans are online just now. I guess, I can read their mind, all of them really love you, all of them want to see you on a stage as soon as possible. They just can’t wait. So, don’t let us in hell ! Our first question is when ?
David Lee Roth : Oh my goddess, sweet Lord ! Hide your girlfriends, caus’ I’m back and starved ! Ah ah ah (laughs). Well, you know, for me, it’s beginning to grow like a huge, a giant, enormous, godzilous desire! Ah ah ah (laughs). Now I’m gonna tell you guys something really fresh, a very exciting project which is just about to be released. Keep on the line and check it out.
Speaker : You just declared to Rolling Stone magazine that Eddie [Van Halen] phoned you a few weeks ago, and told you that he couldn’t get a new tune out of his head. Can you tell us a little bit more ?
David Lee Roth : Ah ah ah (laughs) Eddie was just coming back from France, with a full bag of French music. Eddie is mad of music. He eats music, drinks music, smokes music, he’s like a musicoholic ! Eddie’s a close friend of mine, despite the fact that I left Van Halen, it remains one of my close friends, and you know, this man’s crazy, let him, and he could keep all day long headphones on the head all day to listen to thousands of bizarre stuff from all around the world. So, I asked him : ok, Eddie, what’s this precious stuff, man, c’mon man, tell me what’s this f**k**g piece of s**t, that you cherish more than your balls ?
Speaker : And what was the Eddie’s answer ?
David Lee Roth : You’ll never find it out ! Ah ah ah.(laughs) On the phone, Eddie was very nervous, but enthusiastic too. He said : “French singers are fabulous, they hit the sky. They kick our ass. Forget all you know, let down Frankie, Louis Prima (Just a gigolo), Cab Calloway, Sammy Davis Jr, Brian Wilson (California girls). I’ve got the one. whaow, this man, the french guy is the most talented entertainer I’ve never heard. His name is b-MeNez, he is handsome, has a golden voice, get an incredible rhythm. I can’t understand the lyrics, because I can’t speak french but it sounds really smart like a very deep full poetry. I send you the track called « Hey, hey, hey pretty Dolly » . You listen it, I know you, you’ll enjoy it So, if you’re ok with, we meet us together next week on the studio to performe a cover. My brother will be there too.
Speaker : Oh my God, Oauh ! What a great deal !Amazing ! Have you listened that, guys ? Van Halen brothers with David Lee Roth are on the run again for a new track ? It’s tremendous ! just Tell us, David, that’s not a joke ? And what about the song ? Did you hear it ?
David Lee Roth : Oh no, not a joke at all, it’s completely true ! Yep, I listened the song, and I realize that my friend Eddie was absolutely right. This song « Hey, hey, hey pretty Dolly » really brings a new sensation. You see, maybe teenagers, discovering and listening to rock ’n’ roll in the early fifties for the first time of their life, felt a similar experience, it was clear, something had happened, and times were changing ! You know, I’ m a tough guy, sometimes a bite quite pretender, so it’s pretty hard, but I should recognize it. This french guy tried to gain a complete artistic superiority above of us, just with a single song. DO YOU BELIEVE IT ?
Anyway, we on the earth to learn until the end, so my goal today is just to do a cover of « Hey, hey, hey pretty Dolly » , and to do it well. Perhaps, is just it’s modest work, but it’s a devoted tribute b-MeNez. I really hope that b-MeNez is going to become very popular here in America. My cheeriest wish now is to meet him, and to perform a duet version of « Hey, hey, hey pretty Dolly » with him. You can say I’ am a dreamer, but I’m not the only one. And sometimes my dreams come true. By the way, do you know the b-MeNez MySpace address ?
Speaker : Thank you David for being with us tonight, for your gentry and your kindness. And now to please your fans, let us listen to « Hey, hey, hey pretty Dolly » , the new Van Halen cover version.



Speaker : Would you like to answer to a last question, David, what’s up in your mine about the Sammy Hagar’s cover of “The little squeezy rubber man”, originally performed by Pat Sebastien ? Did you appreciate it ?
David Lee Roth : This cover is a crap. Respect to Pat Sebastien. Why Sammy do that with the original masterpiece. It's a shame.

[Il n’aura sans doute pas échappé aux plus anglophones d’entre nous que l’anglais parlé par David Lee Roth n’est pas exempt de quelques maladresses syntaxiques, voir de tournures idiomatiques incorrectes, dont l'auteur de cette fidèle transcription ne saurait être tenu pour responsable. ]

A venir l'interview de Fish (ex-chanteur de Marillion) et d'Avril Lavigne (égérie adulée par tous les punk rockers).
Y!Live = Yahourt !Live

27 mars 2008

Rock au cinéma

Le département Arts de la Médiathèque propose actuellement une sélection documentaire de ses collections (DVD, CD, partitions, livres) afin de faire mieux connaître la relation que le rock entretient depuis 50 ans avec le cinéma. Evidemment, il n'est pas possible de traiter un pareil sujet de manière exhaustive, nous proposons quelques balises d'un parcours chronologique sur les apparitions du rock à l'écran.

Le rock entretient un rapport étroit avec le septième art. Ainsi, l’avènement médiatique d' Elvis Presley, la première star du rock fut amplifié par la diffusion de ses chansons dans les salles de cinéma. Très vite, les producteurs travaillant au sein de ces deux industries du divertissement et de la culture populaire trouveront des intérêts communs et comprendront le bénéfice commercial d’une collaboration suivie.

Les Années 50
Une partie de la jeunesse américaine rejette en partie de l’ american way of life, notamment les conventions imposées par la famille et l'autorité parentale.
Contemporains de la naissance du rock ’n’ roll, trois films précurseurs décrivent ce phénomène de teen-agers en rébellion.
En 1954, L’Équipée sauvage (The wild one), film de Laslo Benedek, avec Marlon Brando inaugure le genre "film de motard" (biker movies) qui trouvera son prolongement et son apogée avec Easy rider (1968) de Dennis Hopper, avec Jack Nicholson, et Peter Fonda (Born to be wild restera comme l'un des hymnes de cette époque)
Et en 1955, À l’Est d’Eden (East of Eden) de Elia Kazan et La fureur de vivre (Rebel Without a Cause) de Nicholas Ray, feront de l'acteur James Dean le représentant de cette génération.

Dés 1955, le ton est donné avec Graine de violence (Blackboard Jungle) réalisé par Richard Brooks dans lequel on peut entendre Rock around the clock de Bill Haley. Le film fait un triomphe.

En 1956, Elvis Presley tourne Love me tender réalisé par Robert D. Webb. Le film dans son propos n’a rien de revendicatif, il s’agit plutôt d'un western romantique. La récupération du rock'n'roll par la machine hollywoodienne est en marche et trouvera son zénith avec Grease (1978), (une crétinerie, hum, ... disons plutôt) une comédie musicale écrite par Jim Jacobs et Warren Casey et avec John Travolta et Olivia Newton-John. [A tout prendre, on pourrait presque préférer la version française.]

Elvis Presley Love Me Tender

La même année, en 1956, c’est au tour d’Eddie Cochran, Little Richard et Fats Domino de figurer au générique de La blonde et moi (The Girl Can't Help It) réalisé par Frank Tashlin
Suivront dans la fin des années 50, un grand nombre de productions plus ou moins intéressantes dont Don’t know the Rock de Fred F Sears, Rock Rock Rock (1956) de Will Pric, Mr. Rock and Roll (1957) de Charles S. Dubin, avec Little Richard, et Chuck Berry, etc. ...

Les années 60
Dans les années 60, en Californie, les Beach Boys sont les représentants de la surfmusic, un style pop rock insouciant, qui dépeint les joies d’une vie hédoniste remplie de surf, de plage, de soleil et de jolies filles. Avec le genre beach movies le cinéma ne reste pas étranger à ce phénomène.
[Une filiation avec la série Alerte à Malibu (Baywatch) n'est sans doute pas hors de propos.]Beach Party (1963) de William Asher

Mais, c’est en d’Angleterre que la nouvelle vague pop déferle avec l’arrivée des Beatles. Le réalisateur Richard Lester tournera avec le groupe, Hard Day's Night (4 garçons dans le vent) (1964), puis Help en 1965. En 1967, les Beatles appparaîssent dans Magical Mystery Tour, un film réalisé pour la télévision par Bernard Knowles et en 1968, en pleine époque psychédélique sortira le film d’animation Yellow Submarine (le sous-marin jaune) réalisé par George Dunning basé sur la musique des Beatles. [en français le sous-marin vert par les Compagnons de la chanson, peut-être bons chanteurs, mais nuls en version !]
The Beatles A Hard Days Night


Depuis 1966, avec l’apparition du mouvement Hippie, le genre documentaire prend une place importante avec Don’t look back (1967) de DA Pennebaker consacré àc Bob Dylan, et Sympathy for the devil, (appelé aussi One plus one) (1968) de Jean-Luc Godard, avec The Rolling Stones.


Les Années 70
Cette décennie sera marquée par la profusion de festivals en plein air. Certains seront filmés, mais tous n'auront pas la qualité et la notoriété du film Woodstock dont Michael Wadleigh réalisera un documentaire en 1970. Pour l’anecdote, un jeune assistant nommé Martin Scorsese travailla au montage du film. La performance incroyable de Jimmy Hendrix restera l’un des moments forts de ce festival légendaire.
Jimi Hendrix Woodstock (1969)



Pendant les années 70, les stars du rock apparaîssent également au cinéma dans des rôles de composition : Mick Jagger (Ned Kelly, 1970), Bob Dylan (Pat Garrett Et Billy the Kid, 1973), David Bowie (L'Homme qui venait d'ailleurs , titre original The man who fell the earth, 1976). Ce dernier a d'ailleurs une filmographie assez importante. D’autres musiciens s’essayeront même à la mise en scène comme Frank Zappa (200 Motels, 1971). Enfin, une première génération de réalisateurs qui ont grandi avec le rock and roll chercheront comme George Lucas avec American Graffiti (1973) à représenter dans leurs œuvres leurs souvenirs d'adolescents.


La vague glam des opéras rock

Jesus Christ Superstar (1973) de Norman Jewison

Phantom of the paradise (1974) de Brian De Palma

Tommy (1975) de Ken Russell, musique de The Who, avec Roger Daltrey dans le rôle titre, Oliver Reed, Elton John, Eric Clapton, Keith Moon, Jack Nicholson, Tina Turner, etc.
Elton John Pinball Wizard (extrait de Tommy)


En 1978, Martin Scorcese réalise The Last Waltz, et filme le dernier concert du groupe The Band avec Bob Dylan, Paul Butterfield, Eric Clapton, Neil Diamond, Dr. John, Joni Mitchell, Van Morrison, Ringo Starr, Neil Young

En 1979, Bette Midler fait une performance remarquable et remarquée en interprétant The Rose qui retrace la vie fulgurante de la chanteuse Janis Joplin

Les années 80
Fiction et documentaire s'entrecroisent pour donné naissance à quelques fims marquants :

Rude Boy (1980) de David Mingay
Film qui dépeint , au début des années Thatcher, le quotidien morose d‘un jeune homme sans grand avenir qui travaille un temps comme roadie sur les tournée du groupe reggae punk The Clash.

The Great Rock'n'Roll Swindle (1980) de Julien Temple, avec les Sex Pistols

The wall (1982) de Alan Parker (photo), avec Bob Geldoff [encore supportable] pour une allégorie retraçant la descente aux enfers programmée de Pink, une star de rock névrotique.

This is Spinal Tap (1984) réalisé par Rob Reiner décrit les vicissitudes d’un groupe de hard rock minable.

Sid and Nancy (1986) réalisé par Alex Cox, avec Gary Oldman et Chloe Webb




Les Années 90 et 2000
Depuis les années 90, le film de rock se cristallise beaucoup sur les biopics, nous avons déjà présenté une liste à l'occasion de la sortie de Control d'Anton Corbijn

The Doors (1991), réalisé par Oliver Stone, avec Val Kilmer

Year of the horse (1997) film documentaire de Jim Jarmusch avec Neil Young

Dig (2004) de Ondi Timoner avec les Brian Jonestown Massacre et les Dandy Warhols

Last Days (2005) de Gus Van Sant, pour une évocation des derniers jours de Kurt Cobain

Walk the line (2005) de James Mangold, avec Joaquin Phoenix. Le destin du chanteur country-rock Johnny Cash

Control (2007), un film de Anton Corbijn, la vie du chanteur Ian Curtis (Joy Division)
Control


Joe Strummer : The Future Is Unwritten (2007) un film de Julien Temple, sur le chanteur et leader des Clash.


Sources et ressources bibliographiques :
Eduardo Guillot, Rock et ciné, Ed. La Mascara, 2000
"Graines de violence : 15 films rock’n’roll", in Rock & Folk, avril 2008.

Ressources consultées en ligne :
"Rock et cinéma : une filiation : Dialogue entre Thierry Jousse et François Ribac" n Mouvement, n° 26, 2003/2
Panorama des films sur le Rock (Studiomagazine.fr, 25/09/07)

No time to think, une conférence de David M. Levy : vidéo de la semaine #38

Pas de temps pour penser


Restitution (non certifiée conforme) de la conférence de David M. Levy (5 mars 2008)

Du temps pour regarder et pour penser
Le rythme de la recherche courante semble empêcher tout regard contemplatif.
Barbara McClintock, prix Nobel en génétique raconte dans sa biographie qu’elle a prit le temps pour regarder et écouter ce que les résultats avaient à lui dire.

As we may think
Vannevar Bush est l’un des pères de l’électronique et de l’informatique, il fut le conseiller scientifique du Président Roosevelt. En 1945, il écrit un article intitulé As we may think dans lequel il affirmait avec certitude que les nouvelles technologies allaient assister et soulager les hommes dans leur travail de réflexion.
Au sujet du Memex : “Imaginer un futur appareil destiné à l’usage individuel, qui serait une sorte de bibliothèque ou de répertoire mécanisé… un appareil dans lequel un individu pourrait archiver tous ses livres, ses disques, et ses communications, et qui serait mécanisé de telle sorte qu’il puisse être consulté avec une grande rapidité et une grande souplesse.
L’appareil permet « l’indexation associée, l’idée de base est que chaque article sélectionné doit permettre d’en sélectionner un autre. C’est la fonction essentielle du memex. Le procédé de lier deux articles ensemble est une chose importante.
" [V. Bush a eu l’intuition de l’hypertexte]
" Une guerre dévastatrice s’achève, dans laquelle la science et la technologie ont permis aux peuples de déployer, les uns contre les autres, des armes de cruauté. La survie de l’humanité dépend de sa capacité à gagner en sagesse par l’expérience qu’elle a acquise. Si les peuples ont de meilleurs accès aux archives de leur histoire, ils pourrons mieux connaître la part d’ombre de leur passé et analyser plus complètement et objectivement leurs problèmes présents. Ils seront davantage aptes à penser. Mais il existe des obstacles empêchant les peuples de faire le meilleur usage de ces archives. "

La montagne de la recherche scientifique ne cesse de s’élever. L’évidence devient de plus en plus nette que nous sommes enlisé et dépassé par l’extension des spécialisations. Chaque chercheur doit tenir compte des découvertes et des conclusions de milliers d’autres chercheurs. Ces conclusions qu’il n’a pas le temps de les saisir, encore mois de les absorber au moment où elles apparaissent. Alors que la spécialisation devient de plus en plus nécessaire pour l’avancée des découvertes scientifiques, et l’effort pour construire des ponts entre les disciplines est en comparaison insuffisamment soutenu.
Pour V. Bush, les futurs outils de l'informatique [terme français, néologisme pour traitement automatisé de l'information] en automatisant les aspects les plus routiniers de la recherche, devaient libérés les chercheurs, et les rendre plus disponibles pour les aspects plus créatifs de leur travail.
Il distinguait ainsi deux types de pensée : la pensée routinière et répétitive, et la pensée mature, et créative.
Pour la pensée mature on ne peut trouver de substitut mécanique.
La pensée créative et la pensée répétitive sont deux choses très différentes. Et pour cette dernière, il y a, et il doit y avoir, de puissantes assistances mécaniques.”


Mais en dépit de la volonté visionnaire de V. Bush, la surcharge informationnelle n’a cessé de croître. Et nous avons aujourd'hui moins de temps pour penser, et non pas plus comme l'on aurait pu l'espérer. Alors, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?

Travailler moins pour penser plus
Josef Pieper (1904-1997), philosophe allemand et théologien catholique, écrit en 1947 Leisure : The Basis of Culture (Le loisir comme fondement de la culture) dans lequel il fait le constat que :
Le monde du travail devient notre monde comme seul et unique horizon. Le monde du travail menace de nous englober complètement, et ses exigences deviennent de plus en plus importantes, jusqu’à demander au final un engagement total de la part des individus.”
Sera-t-il possible de garder, ou de réclamer de la place pour les loisirs, en dehors du travail? Et cela ne signifie pas seulement un peu de repos le dimanche, mais un domaine vital sans entrave, un espace de liberté, de réel apprentissage, pour s’accommoder au monde dans sa globalité ? En d’autres termes sera-t-il possible de préserver l’homme pour éviter qu’il ne se confonde avec sa seule condition de fonctionnaire, ou un travailleur ?
David M. Levy précise que lorsque J. Pieper parlait de loisir, cela ne signifiait pas regarder un match de foot à la télé, ou jouer aux jeux vidéo [;-)]

L’école des loisirs
Le loisir est une forme de quiétude qui constitue une préparation nécessaire pour adhérer avec la réalité ; seule une personne calme peut écouter, inversement, si elle n’est pas calme, elle ne peut être à l’écoute… Le loisir est une disposition pour être réceptif à la compréhension, au regard contemplatif, à l’immersion dans le monde réel.
Loisir, en anglais leisure a la même racine que le latin scola, qui a donné school, scholar (érudit, universitaire), ou scholarship.

Ratio vs Intellectus
Les hommes du Moyen-Âge faisaient la distinction entre ratio et intellectus. Ratio est le pouvoir analytique de la pensée logique et discursive, de la recherche, de l’étude, de l’abstraction, de la précision, et de conclusion, alors qu' intellectus se réfère à la capacité synthétique d’avoir un aperçu complet de la vérité, comme on regarde un paysage dans sa totalité.

Des outils pour l’esprit ?
Le Web et les autres technologies numériques sont les meilleurs outils jamais créés pour chercher, étudier, analyser, préciser, et conclure. Mais qu’en est il pour l’intellectus ?

Plus, plus vite, mieux : l’accélération
Plus que jamais, aujourd’hui il est dans l’air du temps de parler d’accélération ou de raccourcissement du temps, mais cette sensation que l’histoire, la culture, la société, et que le temps lui-même, de quelque manière étrange, s’accélère, et bien cette perception n’est pas du tout nouvelle. Des historiens tels que Reinhard Koselleck l’ont montré, le sentiment général d’emballement accompagne la société moderne depuis au moins le milieu du 18ème siècle. "
Hartmut Rosa, Social acceleration, 2003

La crise de l’environnement informationnel
Le monde moderne a connu une série de crises :
d’abord, une crise de contrôle de la production à la fin du 19e siècle, résolue par le développement du management de l’entreprise hiérarchisée,
ensuite une crise de la production au 20e siècle, résolue par le développement de la publicité, [permettant une relance de la consommation ?]
aujourd’hui, nous connaissons une nouvelle crise que nous appellerons la crise de l’environnement informationnel, mais comment et avec quoi la résoudre ?

Temps rapide contre Temps lent
Lorsque le temps rapide et le temps lent se rencontrent, c’est le temps rapide qui gagne. C’est la raison pour laquelle on ne réalise jamais de chose importante parce qu’il y a toujours quelque chose à faire avant. Nous somme toujours tenter de faire les choses urgentes en premier. De cette manière, les activités lentes et qui doivent être menées sur le long terme se perdent en route. A une époque où les distinctions entre travail et loisir s’effacent, l’efficacité (la rentabilité) semble être la seule valeur en économie, en politique et dans la recherche , ce qui ne contribue pas à valoriser la persévérance, la constance et l’application aussi bien dans le travail et que dans les relations amoureuses (sic!)"
Thomas Eiksen, The tyranny of the moment, 2001

Pensée créative
Lorsque vous voyez le problème, soudain quelque chose arrive qui fait que vous avez la réponse – avant que vous soyez capable de la formuler avec des mots. » (Barbara McClintock)
Le mathématicien Gauss racontait avoir résolu un problème “non en se dépensant en de pénibles efforts mais comme on dit par la grâce de Dieu. L’énigme était résolue, comme par un éclair de lumière.”
Tchaïkovski décrivait comment “le germe d’une composition future venait de manière inattendue et prenait soudain racine avec force et rapidité.”

Faire taire le bavardage mental
Il s’agit d’un constant et obsessionnel monologue intérieur qui parasite tout résonnement constructif.

Penser prend du temps.
Le temps de la réflexion. La pensée créative ne souffre pas la précipitation ; c’est une activité qui doit aller à son rythme.
La pensée créative peut être nourrie. L’esprit peut être entraîné à être plus tranquille et plus réceptif (par la pratique de la concentration et la méditation) et le bavardage mental peut être réduit.
On ne peut pas provoquer l’arrivée de pensées créatives mais on peut préparer le terrain pour les accueillir. Quelles sont les conditions qui encouragent la pensée créative ?
Au quotidien, lorsque l’on est engagé dans une activité multi-tâches (emails, réunions) faite d’interruptions incessantes, il est très difficile de parvenir à suivre le fil de sa pensée.

La crise de l’information est une crise environnementale
Nous sommes depuis quelques années sensibilisé aux dangers de l’industrialisation et de l’urbanisation incontrôlée qui menacent la planète. Nous avons pris conscience de la nécessité de préserver les marais, les forêts et la vie sauvage…
Il en va de même dans notre environnement vital personnel, nous avons aussi besoin de préserver des espaces de silence, d’isolement pour réfléchir, pour avancer.

Pour un environnementalisme informationnel
Cette prise de conscience se diffuse dans la société par la recherche, par le débat public, l’éducation à l'école, le changement progressif de la législation et la prise en compte de ces problématiques par les politiques, l’intégration de ces enjeux dans le développement technologique, et par un changement dans les pratiques sociales (recyclage), etc.
Pour affronter la crise de surchage informationnelle, nous sommes encore au début de cette prise de conscience. Quelques initiatives se mettent en place : le do not call registory (pour éviter d’être démarcher par le télémarketing), ou l'installation de filtres anti-spams, etc.

Quatre directions pour la recherche :
1ère : Être davantage conscient de la nature et de l’ampleur du problème

2ème : s’installer dans des environnements physiques apaisants et tranquilles. Avec un exemple bien choisi : une bibliothèque. David Levy cite notamment la salle de lecture de la Bibliothèque du Congrès à Washington.

3ème : A défaut choisir un environnement virtuel apaisant. Par exemple, un fond d’écran sobre. La page d’accueil de Google [en même temps la conférence est un google talk, il faut prendre cet exemple comme un échange de bon procédé !] est un bon exemple d’un environnement propice à la recherche.

4ème : Organiser et évaluer ces pratiques de recherche et d’échange d’information (emails, messagerie instantanée, gestion des favoris, etc.) et prendre conscience de toute la gamme des états émotionnels que l’on traverse lorsque l’on est en ligne (stress, plaisir, colère, ennui, excitation, anxiété). Il est intéressant, par exemple de constater comment parfois une boîte pleine de messages en instance peut inspirer un sentiment proche de l'effroi, voir de la panique!

As we may think : (no) time to think (fin)
Le conférencier termine sa conférence par la phrase de conclusion de l’article de V. Bush qui est une mise en garde sur le bon usage et inversement les dangers potentiels des technologies :
« The applications of science have built man a well-supplied house, and are teaching him to live healthily therein. They have enabled him to throw masses of people against another with cruel weapons. They may yet allow him truly to encompass the great record and to grow in the wisdom of race experience. He may perish in conflict before he learns to wield that record for his true good. Yet, in the application of science to the needs and desires of man, it would seem to be a singularly unfortunate stage at which to terminate the process, or to lose hope as to the outcome. » (source)

Pour David Levy, le défi est donc d’équilibrer ratio et intellectus, et ne pas laisser l'un prendre le pas sur l'autre.

Et maintenant votre film :

http://www.youtube.com/watch?v=KHGcvj3JiGA

http://depts.washington.edu/iql/

Tommy Guerrero


Coolitude : n. f. Néologisme formé à partir de cool, adjectif anglais signifiant frais, calme. Définit la faculté de combiner la souplesse et la tonicité.
Exemple : Tommy Guerrero

Star américaine du skateboard dans les années 90, Tommy Guerrero, résidant à San Francisco, se consacre depuis une dizaine d’années à sa deuxième passion, la musique pour une carrière plus confidentielle.
Touche à tout l’air de rien, musicien multi-instrumentiste (guitare, basse, batterie, claviers, machines), artisan pratiquant l’art pauvre, Tommy Guerrero compose une musique attachante et discrète qui se défie de tout éclat, de toute ostentation, pour adopter la fluidité et la nonchalance comme mode opératoire. La pulsation utilisée vient du hip-hop, mais le rythme downtempo incline au flegme et au détachement. Le jeu des guitares acoustiques ou électriques, avec des accords consonants frottés et souvent frôlés, et des solos en glissando, garde la mémoire d’une sensualité hispanique.
Les disques de Tommy Guerrero sont des bandes-son propices à diverses déambulations urbaines : en vélo, en voiture, en skate, en triclycle,…
En apportant la sensation de parcourir les trottoirs de l'enfance.

Tommy Guerrero And The Folklore Continuse


http://www.tommyguerrero.com/
http://www.myspace.com/tommyguerrero

Et si le rêve du geek était le cauchemar de l’humanité ?

The businessman. Production John Xiao et Alan Lin
Musique : Tommy Guerrero : "Blue masses"

metro/apple/starbucks coffee/motorola/metro,... et tout seul dans le réseau
Marketing viral avec placement de produits ou dénonciation radicale d’un mode de vie refermé comme le clapet d’un téléphone portable ?
Bonne journée ! ;-)

25 mars 2008

Kora Jazz Trio au théâtre de Dole vendredi 28 mars

Abdoulaye Diabaté, piano
Moussa Cissoko, percussions
Djeli Moussa Diawara, kora

Kora Jazz Trio : "Foly"

un concert organisé par Scènes de Jura.

CD disponibles à la médiathèque de Dole : Part 1 (Mélodie, 2003) et Part 2 (Celluloïd, 2005)

http://korajazztrio.free.fr/

24 mars 2008

Robert Schumann : "L'oiseau prophète"

Waldszenen op.82 [Scènes de forêt], 7. Vogel als Prophet (1849) [L’oiseau prophète] de Robert Schumann interprété au piano par Wilhelm Kempff (Paris, 1961)

Claude Debussy : "Des pas sur la neige"

Préludes, Livre I, n° 6 "Des pas sur la neige" (1909-1910) de Claude Debussy par Sviatoslav Richter

20 mars 2008

Revue de presse, revue de blogs


01. Musique Bashung «L'envie de chanter» (Figaro, 20/03)

02. Scène progressive pop rock française. 1968-1971 (Agora Vox, 19/03)

03. Remaniement : Eric Besson chargé du développement de l’économie numérique (Zdnet, 19/03)

04. Comment faire de la vente virale sans DRM ? (Numerama, 19/03)

05. Apple négocie une taxe pour de la musique illimitée (Numerama, 19/03)

06. Le boom des données numériques produites dans le monde en 2007 (Le Monde, 19/03)
"Pour la première fois, nous sommes dans une situation où nous ne pouvons plus emmagasiner l'information que nous créons, même si nous le voulions" [eh ben voilà, on y est !]

07. Bibliothèques passer de l’ère logistique à l’ère de la médiation (bibliobsession, 19/03)

08. La TV publique canadienne sans DRM et sur BitTorrent (Numerama, 19/03)

09. Mon disquaire, ce héros (Presse Citron, 18/03)

10. La Chine bloque l'accès à YouTube et aux vidéos des émeutes tibétaines (Zdnet.fr, 17/03)

11. Tom Jobim, un des inventeurs de la bossa-nova, inspire les cinéastes (Le Monde, 17/03)

12. MixWit fait revivre les bonnes vieilles cassettes audio (accessoweb, 17/03)

13. Read The Words transforme les ecrits en audio (accessoweb, 17/03)
[On a testé : Principe génial et attendu, voix féminine et masculine en français agréables, mais pas encore au point, gère mal les voyelles accentuées]

14. Stéréo Ga Ga (Fluctuat.net, 17/03)
Le site du New Scientist a dressé une liste de cinq illusions sonores saisissantes.

15. « La distribution n’est plus l’affaire de l’industrie musicale » (Ecrans.fr, 17/03)

16. Songkick lance “l’Alexa des groupes de musique” (Techcrunch, 16/03)

17. Qu'est-ce que ça serait s'il en avait six !? (Presse Citron, 15/03)

18. MIDEM 2008 Interview d’Olivier et Laurent - Fondateurs d’Airtist_com (Les Catalyseurs Numériques, 15/03)

19. En manque d’idées? 1000 albums à écouter avant de mourir (music.2803.com, 14/03)

20. 10 reasons why librarians should use Exalead (Phil Bradley's weblog , 10/03)

Evariste "Connais-tu l'animal qui inventa le calcul intégral?" (1967)



Un grand merci à notre estimé collègue Philippe Tourrenc de la BM de Bron (69), qui a signalé ce titre sur la liste de diffusion Discothecaires dans le contexte d'une recherche sur les chansons de Mai 68.

Sur Evariste ( pseudonyme de Joël Sternheimer), chanteur et docteur en physique théorique : l'article de Wikipédia, sa page d'accueil


Sur la pochette et les détails du 45 T de mai 68 :
http://www.homme-moderne.org/musique/groupes/evariste/revolu.html

Vladimir Maïakovski : flûte et piano : pas de printemps pour les poètes #6

Маяковский (1893-1930)


PROLOGUE

En un toast
à vous toutes
qui m'avez plu et me plaisez,
icônes bien gardées au creux de l'âme
comme une coupe je soulève mon crâne
plein à ras bord de poésie.

De plus en plus je me demande
s'il ne serait pas mieux
que je me mette d'une balle un point final.
Aujourd'hui
à tout hasard
je donne un concert d'adieu.

Mémoire!
Rassemble dans ma salle cérébrale
les files infinies des femmes chères.
Verse le rire d'oeil en oeil.
pare la nuit en noces ancestrales.

Verse la joie de chair à chair.
Je vais jouer de la flûte aujourd'hui
sur la propre colonne vertébrale.

La flûte de vertèbres (1915)

***

C'EST IMPOSSIBLE

Seul je ne pourrai
porter un piano
(encore moins
un coffre-fort).
Et si ni le coffre
ni le piano,
pourrais-je, moi,
porter mon coeur, après retrait.
Les banquiers le savent :
« Nous les riches à gogo,
quand nos poches sont pleines -
nous déposons au coffre »
L'amour
de toi,
je l'ai caché - trésor
dans le fer.
Je vais
en radieux Crésus :
Tout au plus,
si l'envie m'en prend très fort,
je retire un sourire,
des demi-sourires
et plus menu.
Faisant la noce avec d'autres
je liquide à minuit
quinze roubles de petite monnaie lyrique.

J'aime (1922)

Маяковский

source de la vidéo : http://www.mayakovsky.info/
Clip réalisé à partir d'archives filmiques sur lesquelles figure le poète mais également des extraits de "L'homme à la caméra" [= Человек с киноаппаратом] (1929) de Dziga Vertov

Sur Maïakovski : article de Wikipédia, Esprits nomades, la page consacrée à Maiakovski sur le site Terra Futura, un site dédié au mouvement futuriste (en anglais et en russe)



Vladimir Maïakovski, A pleine voix : anthologie poétique : 1915- 1930, préf. de Claude Frioux, trad. de Christian David, Gallimard, 2007 (Poésie).

19 mars 2008

Librarian Connections: How do we move toward "2.0"? : vidéo de la semaine #37

Bibliothécaires connectés : comment pouvons-nous aller ensemble vers le 2.0



Une animation réalisée par Cindi Trainor


Traduction à la volée [donc non homologuée]:
En abscisse : Être connecté avec les utilisateurs
En ordonnée : Avoir la volonté d’expérimenter, de jouer
La courbe ascendante : rencontrer les besoins des usagers, avoir confiance dans les usagers, avoir une confiance mutuelle.
Les croyances qui freinent : « Je n’ai pas le temps », « C’est pas mon travail », « Pourquoi devrais-je essayer ça ? » , « Ce serait pas plus simple si… », « Mais on a toujours fait comme ça », « Non, vous ne pouvez pas faire ça ici ». , » On ne nous laissera pas faire », « Mais le règlement dit que… »
En titre : Bibliothèque 2.0 : une nouvelle philosophie de service aux usagers de la bibliothèque
En commentaire : Waouh, c’est plutôt un titre emmerdant pour un concept passionnant !

[Deux cercles se dessinent, l'un violet représente « là où sont les bibliothécaires aujourd’hui » et l'autre en vert pâle « là où les bibliothécaires pourraient être s’ils évoluent »
L'intersection représente les bibliothécaires s’aidant les uns les autres.]

[Dans le cercle vert : les principes proactifs (rien à voir avec les composants d’une crème de nuit ;-))]
« Oui, on peut faire ça dans le cadre du travail. », « Ce serait bien (cool) si… », « Oui, je veux bien essayer ça », « On peut apporter des trucs à manger et boire [version Maigret « montez-nous des sandwiches et de la bière», Être courtois au téléphone, Organiser des soirées/nuits de jeux (vidéo ou de société), Mettre en place des club de lecteurs / des comité d’écoute de disques, Donner aux lecteurs la possibilité de s'exprimer et de donner leurs avis et de faire des tags dans le catalogue, les laisser faire des commentaires sur le blog de la bibliothèque,

Prévoir des heures supplémentaires…

Nous apprenons à nous faire confiance…

Nous pouvons mieux nous entraider…

[Et le cercle violet de « là où sont les bibliothécaires aujourd’hui » rejoint doucement le cercle vert pâle « là où les bibliothécaires pourraient être s’ils évoluent » jusqu’à se confondre gentiment avec lui.]

Gardons à l'esprit que le but final est de servir les usagers. Il ne s'agit pas de les servir par la pensée, mais garder ce but à l’esprit. Vous voyez ce que je veux dire.

Et maintenant lancez-vous, expérimentez en vous aidant mutuellement.
Si vous vous sentez appartenir au cercle vert [pomme], approchez vous de ceux qui veulent bien de votre aide.
Si vous sentez que vous êtes dans le cercle violet rejoignez ceux qui autour de vous se sont déjà coltiner avec le changement.
source de la vidéo : http://blip.tv/file/327915

15 mars 2008

Flaubert : "Dictionnaire des idées reçues" : sur les arts en général et la musique en particulier

Honoré DAUMIER : Le passé, le présent et l'avenir (1834)


ARCHITECTES. - Tous imbéciles. Oublient toujours l'escalier des maisons.

ART. - Ca mène à l'hôpital. A quoi ça sert, puisqu'on le remplace par la mécanique qui fait mieux et plus vite.

ARTISTES. - Tous farceurs. Vanter leur désintéressement (vieux). S'étonner de ce qu'ils sont habillés comme tout le monde (vieux). Gagnent des sommes folles, mais les jettent par les fenêtres. Souvent invités à dîner en ville. Femme artiste ne peut être qu'une catin. Ce qu'ils font ne peut s'appeler travailler.

BAS-BLEU. - Terme de mépris pour désigner toute femme qui s'intéresse aux choses intellectuelles. Citer Molière à l'appui : « Quand la capacité de l'esprit de son esprit hausse... » etc.

BEETHOVEN. - Ne prononcez pas Bitovan. Se pâmer quand même lorsqu'on exécute une de ses oeuvres.

BIBLIOTHEQUE. - Toujours en avoir une chez soi, principalement qu'en on habite la campagne.

CENSURE. - Utile, on a beau dire.

CHANTEUR. - Avale tous les matins un oeuf frais pour s'éclaircir la voix. Le ténor a toujours une voix charmante et tendre, le baryton un organe sympathique et bien timbré, et la basse une émission puissante.

CLAIR-OBSCUR. - On ne sait pas ce que sait.

CLARINETTE. - En jouer rend aveugle. Ex. : Tous les aveugles jouent de la clarinette.

CLASSIQUES (les). - On est censé les connaître.

CLOWN. - A été disloqué dès l'enfance.

CONCERT. - Passe-temps comme il faut.

CONSERVATOIRE. - Il est indispensable d'être abonné au Conservatoire.

CONTRALTO. - On ne sait pas ce que c'est.

COR DE CHASSE. - Dans les bois fait bon effet, et le soir sur l'eau.

DAGUERREROTYPE. - Remplaçera la peinture.

DECOR DE THEÂTRE. - N'est pas de la peinture : il suffit de jeter en vrac sur la toile un seau de couleur; puis on l'étend au balai; et l'éloignement avec la lumière fait illusion.

DICTIONNAIRE. - En dire : «N'est fait que pour les ignorants.» Dictionnaire de rimes : s'en servir ? Honteux!

DILETTANTE : Homme riche, abonné à l'Opéra.

DIVA. - Toutes les cantatrices doivent être appelées Diva.

DOME. - Toujours de forme architecturale. S'étonner que cela puisse tenir tout seul. En citer deux : celui des Invalides et celui de Saint-Pierre de Rome.

ENCYCLOPEDIE. - En rire de pitié, comme d'un ouvrage rococo, et même tonner contre.

ENTRACTE. - Toujours trop long.

EPOQUE (la nôtre). - Tonner contre elle. Se plaindre de ce qu'elle n'est pas poétique. L'appeler époque de transition, de décadence.

ERECTION. - Ne se dit qu'en parlant des monuments.

EXPOSITION. - Sujet de délire du XIXe siècle.

FANFARE. - Toujours joyeuse.

FIGARO (Le Mariage de). - Encore une des causes de la Révolution !

GALBE. - Dire devant toute statue qu'on examine : « ça ne manque pas de galbe. »

GENRE EPISTOLAIRE. - Genre de style exclusivement réservé aux femmes.

GOD SAVE THE KING. - Chez Béranger, se prononce « God savé te King » et rime avec sauvé, préservé...

GOTHIQUE. - Style d'architecture portant plus à la religion que les autres.

HARPE . - Produit des harmonies célestes. Ne se joue, en gravure, que sur des ruines ou au bord d'un torrent. Fait valoir le bras et la main.

IMAGES. - Il y en a toujours trop dans la poésie.

MANDOLINE. - Indispensable pour séduire les Espagnoles.

MUSICIEN. - Le propre du musicien, c'est de ne composer aucune musique, de ne jouer aucun instrument, et de mépriser les virtuoses.

MUSIQUE. - Fait penser à un tas de choses. Adoucit les moeurs. Ex. la Marseillaise.

OFFENBACH. - Dès qu'on entend son nom, il faut fermer deux doigts de la main pour se préserver du mauvais oeil. Très parisien.

OPERA (coulisses de l'). - Paradis de Mahomet sur la terre.

ORCHESTRE. - Image de la société : chacun fait sa partie et il y a un chef.

ORGUE. - Elève l'âme vers Dieu.

PAGANINI. - N'accordait jamais son violon. Célèbre pour la longueur de ses doigts.

PAYSAGES de peintres. - Toujours des plats d'épinards.

PIANO. - Indispensable dans un salon.

POESIE (la). - Tout à fait inutile. Passée de mode.

ROMANCES. - Le chanteur de romances plaît aux dames.

ROMANS. - Pervertissent les masses. Sont moins immoraux en feuilletons qu'en volumes. Seuls les romans historiques peuvent êtres tolérés, parce qu'ils enseignent l'histoire. Il ya des romans écrits avec la pointe d'un scalpel, d'autres qui reposent sur une tête d'aiguille.

TROUBADOUR. - Beau sujet de pendule.

VALSE. - S'indigner contre. Danse lascive et impure qui ne devrait être dansée que par les vieilles femmes.

WAGNER. - Ricaner quand on entend son nom, et faire des plaisanteries sur la musique de l'avenir.

Gustave Flaubert (1821-1880), Dictionnaire des idées reçues (1850-1880, éd. 1913)

Biblioblogades au Baz'Art Café : première tentative réussie d'univers netvibes analogique



Elles et ils participent à l'écriture de biblioblogues (blogs de bibliothécaires ou de bibliothèques) dont une liste quasi-exhaustive est à consulter sur Bibliopedia (site collaboratif pour bibliothécaires, documentalistes et archivistes francophones), sur la page Biblioblogs.
Merci aux initiateurs de l'événement, à qui l'on doit, pour partie, l'apport de la Classification Décimale, et la revalorisation du champ UNIMARC 215 dédié à la collation, et en particulier la promotion du sous-champ «c» accueillant la description des "autres caractéristiques matérielles", par un actif travail de veille collaborative. [Difficile de crypter davantage ce message qui s'interdit tout name dropping] :-)

Erik Satie "Parfait entourage" : la 10ème symphonie de Beethoven

"Il aimait le système décimal. «J'ai dix doigts», expliquait-il."


"Vivre nu au centre d'oeuvres glorieuses de l'Art est une des plus grandes joies qui puissent se ressentir. Parmi les précieux monuments de la pensée humaine que la modestie de ma fortune m'a fait choisir pour partager ma vie, je parlerai d'un magnifique faux Rembrandt profond et large d'exécution, si bon à presser du bout des yeux, comme un fruit gras, trop vert.
Vous pourriez voir aussi, dans mon cabinet de travail, une toile d'une beauté incontestable, objet d'admiration unique : le délicieux Portrait attrribué à un inconnu.
Vous ai-je parlé de mon Téniers simulé ? C'est une adorable et douce chose, pièce rare entre toutes.
Pourtant ce qui surpasse ces oeuvres magistrales, ce qui les écrase du poids formidable d'une géniale majesté, ce qui les fait pâlir par son éblouissante lumière ? Un faux manuscrit de Beethoven - sublime symphonie apocryphe du maître - acheté pieusement par moi il y a dix ans, je crois.
Des oeuvres du grandiose musicien, cette 10e symphonie, encore ignorée, est des plus somptueuses. Les proportions en sont vastes comme un palais ; les idées en sont nombreuses et fraîches ; les développements en sont précis et justes.
Il fallait que cette symphonie existât : le nombre 9 ne saurait être beethovénien. Il aimait le système décimal. "J'ai dix doigts", expliquait-il.
Venus pour absorber filialement ce chef-d'oeuvre de leurs oreilles méditatives et receuillies, quelques-uns, sans raison, crurent à une conception inférieur de Beethoven, et le dirent. Ils allèrent plus loin même.
Beethoven ne peut être inférieur à lui-même, dans aucun cas. Sa technique et sa forme restent augurales. Il ne s'intimide pas du contrefait imputé à sa personne artistique.
Croyez-vous qu'un athlète, longuement célébré, dont la force et l'adresse furent reconnues par les triomphes publics, s'infériorise du fait de porter aisément un simple bouquet de tulipes et de jasmins assemblés ? Est-ce moindre si l'aide d'un enfant s'y ajoute ?
Vous n'y encontrerez pas. "
Erik Satie (1866-1925), "Parfait entourage", in Mémoires d'un amnésique

Erik Satie : Trois morceaux en forme de poire : Manière de commencement
Psychodrame en chambre entre nounours et marionnettes autour d'une bibliothèque (film d'animation de Rémy Demichelis)


source : http://demichelis.over-blog.com/archive-02-2007.html

13 mars 2008

The Mars Volta : "Goliath"


Le CD "The Bedlam in Goliath" (2008) bientôt dans les bacs de la médiathèque de Dole !

George "Buddy" Miles (1947 - 2008)




Buddy Miles commence sa carrière comme batteur professionnel en 1966 au côté de Wilson Pickett, il rejoint ensuite Mike Bloomfield au sein de l' Electric Flag, puis fonde son propre groupe, le Buddy Miles Express.
En 1968, il est engagé par Jimi Hendrix, en compagnie de qui il enregistre quelques titres sur l’album Electric Ladyland et participe en 1969 au fameux Band of Gypsys, un autre album majeur.

En 1970, le guitariste de jazz-rock John McLaughlin, fait appel à lui pour enregistrer l’album Devotion.


En 1972, il joue de la batterie et chante avec Carlos Santana sur Carlos Santana & Buddy Miles! Live.


Après un brillant début de carrière comme sideman, Buddy Miles continuera à enregistrer des albums sous son nom, mais le succès ne sera pas au rendez-vous


Jimi Hendrix / Buddy Miles Them changes

revue de presse, revue de blogs


01. Numilog propose le feuilletage gratuit et la location de ses ebooks(numerama, 13/03)

02. Jiwa : 400 000 titres de musique en streaming 100 % légal(zdnet, 13/03)

03. Livre : le numérique à l'assaut de l'édition (Les échos, 13/03)

04. Nouveaux formats de musique : MXP4 et iKlax(catalyseurs-numeriques, 13/03)

05. « European Film Treasures », cinémathèque européenne en ligne et gratuite(Ecrans, 13/03)

06. Internet : 1ère Journée pour la liberté d'expression(Nouvelobs, 12/03)

07. Chanteur de salle de bain(11/03)

08. R.E.M. lancera son prochain album en streaming sur iLike (Numerama, 11/03)

09. Springsteen ou les Foo Fighters gratuits (Les inrocks, 10/03)

10. Victoires pour Vanessa Paradis et Renan Luce(Le Monde, 10/03)

11. Les Victoires de la musique, mieux que le meilleur des somnifères (Presse Citron, 09/03)

12. Dites “Bonjour” à Facebook en français (Techcrunch, 09/03)

13. Songza rajoute les profils à son moteur de recherche de musique (Mashable, 08/03)

14. Journal Officiel : ne pas dire blog mais.. "bloc" (Le monde du blog, 08/03) [Dans cette histoire qui débloque ? facile]

15. Le CSFPT au chevet de la filière culturelle (Bibliofrance, 28/02)

16. En cinq ans, aucune amélioration sur les tarifs des opérateurs(numerama, 27/02)

12 mars 2008

Louis (dit Aloysius) Bertrand : Gaspard de la nuit : point de printemps pour les poètes #5

John Anster Fitzgerald "The Stuff that Dreams are Made"


SCARBO

«Il regarda sous le lit, dans la cheminée, dans le bahut; - personne. Il ne put comprendre par où il s'était introduit, par où il s'était évadé.»
HOFFMANN. - Contes nocturnes.


Oh! que de fois je l'ai entendu et vu, Scarbo, lorsqu'à minuit la lune brille dans le ciel comme un écu d'argent sur une bannière d'azur semée d'abeilles d'or!

Que de fois j'ai entendu bourdonner son rire dans l'ombre de mon alcôve, et grincer son ongle sur la soie des courtines de mon lit!

Que de fois je l'ai vu descendre du plancher, pirouetter sur un pied et rouler par la chambre comme le fuseau tombé de la quenouille d'une sorcière.

Le croyais-je alors évanoui? le nain grandissait entre la lune et moi, comme le clocher d'une cathédrale gothique, un grelot d'or en branle à son bonnet pointu!

Mais bientôt son corps bleuissait, diaphane comme la cire d'une bougie, son visage blémissait comme la cire d'un lumignon, - et soudain il s'éteignait.

Aloysius Bertrand (1807-1841), Gaspard de la nuit (1842) : fantaisies à la manière de Rembrandt et de Calllot, Mille et une nuit, 2006

Maurice Ravel : Gaspard de la nuit : Scarbo (modéré - vif) interprété par Martha Argerich


"En gravant les eaux-fortes de son Gaspard, issues du romantisme tour à tour féerique et halluciné des poèmes en prose d'Aloysius Bertrand, Ravel a signé l'un des plus grands chefs-d'oeuvre du pianisme moderne. [...]
[A propos de Scarbo : ] Ce scherzo démoniaque, avec ses frénétiques notes répétées, ses sauts diaboliques, ses doubles notes crépitantes, ses sourds martellements, ses âpres dissonances, ses brusques rafales d'arpèges, à travers le clavier, ses murmures soudain suivis de sursauts intempestifs, - est en effet comme un résumé des chausse-trapes qu'on peut tendre sous les doigts d'un pianiste... La pièce est rhasodiquement bâtie sur trois idées principales. [...]"
Guy Sacre, La musique de piano, tome 2, R. Laffont, 1998.

10 mars 2008

François Villon : "Frères humains" : (toujours) pas de printemps pour les poètes #4

Frères humains qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, se pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés cinq, six :
Quand de la chair que trop avons nourrie,
Elle est piéça devorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis ;
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!

La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis ;
Pies, corbeaux, nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcis.
Jamais nul temps nous ne sommes assis;
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus, qui sur tous a maîtrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
A lui n'ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!

On peut retrouver ce texte de François Villon (1431-1463) également appelé "Ballade des pendus" ou "Épitaphe Villon", lu par Peter Marquis et par Jean Deschamps sur le site Vive Voix anthologie sonore de poésie.

La ballade des pendus chantée par Serge Reggiani

PATAPON (PSP) : jeu vidéo musical et stratégique

Pon Pon Pata Pon... Pata Pata Pata Pon Patapon est un jeu vidéo sorti en France fin février, développé par Pyramid, et édité par Sony pour la PSP. Réalisé par un studio japonais, le design a été créé par le graphiste français Rolito
Le but du jeu est de faire avancer et combattre la tribu des Patapons, de sympathiques créatures en forme de globe oculaire sur pattes, en réalisant des enchaînements en appuyant en rythme sur les boutons CROIX, ROND, TRIANGLE, CARRE de la PSP. L'ennemi à vaincre est l’armée du méchant Zigoton.
En dépit des apparences, le jeu est déconseillé aux moins de 7 ans et en plus il est assez difficile !

Test : Jeuxvideo.com, gamekult.com

08 mars 2008

Yerban Kuru (Alternative noisy dub), l'album


Dub'n Bass Metal
Après une démo 4 titres (2004), un CD promo (2005), et une présence sur la compilation "Les Ecclectiques d'Absynthetic, vol II (2006), Yerban Kuru sort en mars un premier album enregistré et mixé au studio Le Passe Muraille, et masterisé à l'Autre Studio.

L'accueil des webzines spécialisés est excellent :
"Avec leurs explorations tantôt planantes, tantôt engagées, les alchimistes de Yerban Kiru développent un univers sonore singulier, alliant merveilleusement Dub, Trip Hop, Métal... Une écriture audacieuse et tonique..." LumpMusic
"Yerban Kuru est un groupe de dub à l'âme rock, on les rapprochera de Lab° et Guns of Brixton. Par moment, les guitares se font métal, Yerban Kuru c'est du lourd!" Cafzik

Yerban Kuru a déjà partagé l'affiche avec Zenzile, Kaophonic Tribu, Kaly Live Dub, Improvisator Dub....

Les musiciens : Samuel, voix, mélodica, thérémin, séquences, samples ; Marco, guitare, samples. Ju, batterie ; Pëj : basse ; Fred : régie son ; Ali : régie lumière ; Auré : booking et promotion.

Tracklist : Simili nimbus ; Vapeurs martiales ; No respect for poetry [bien d'accord, NdE] ; Mysticisme ; Dernier arrêt avant Reykjavik ; Viande de Hip Hop ; D. Vincent ; Die Puppe.

CD à commander sur leur site ou chez TrollsProd (CD disponible en prêt à la médiathèque de Dole, comme d'autres disques d'electro dub)

http://www.myspace.com/yerbankuru