15 mai 2010

Quand le livre inspire la chanson : playlist



Dans le cadre de la manifestation A Vous de Lire!, la Médiathèque de Dole va présenter à partir du 27 avril, des oeuvres littéraires ou cinématographiques en résonance avec l'imaginaire du livre. Thématique souvent abordée en littérature comme au cinéma, le livre avec ses protagonistes (écrivains, lecteurs , éditeurs, imprimeurs, libraires, collectionneurs, bibliothécaires), et ses décors (tous les lieux où le livre s’élabore, se diffuse, s’échange, s’étudie et se médite) a également inspiré la chanson.
La playlist suivante est une sélection commentée de vingt deux chansons où le livre révèle quelques unes de ses symboliques.
L'univers des vieux livres, avec ses boutiques, ses bouquinistes des quais et ses bibliothèques est un monde tranquille, rassurant, familier comme la routine, mais où l'on fait rimer pluie avec académie et triste avec s'enkyste (La petite boutique, Marie Marie, Riz complet, Bibliothèque Mazarine).

Edith Piaf – La petite boutique
Paroles: Roméo Carles. Musique: O. Hodeige
Je marchandais un vieux bouquin
Dont la reliure en maroquin
Gardait l'odeur des chambres closes
Lorsque, je ne sais trop comment,
Je me mis, au bout d'un moment,
A parler de tout autre chose
Mais le vieux ne connaissait rien.
Quel étonnement fut le mien
De constater que le bonhomme
Ne savait rien, évidemment,
Des faits et des événements
Qui passionnaient les autres hommes.

Yves Montand - Marie Marie
Paroles: Pierre Delanoë. Musique: Gilbert Bécaud
J'travaille à la bibliothèque
Je m'invente du bon temps
J'ai pour amis tous les poètes
Baudelaire, Châteaubriand
Pour nous ici quoi qu'on en pense
Ils sont vraiment très gentils
On a du dessert le dimanche
Poisson le vendredi

Nino Ferrer - Riz complet
Paroles et Musique: Nino Ferrer
Dans cette ville où tout est triste
Je suis un escargot sinistre
Je me recroqueville et m'enkyste
Je m'ennuie,
Je suis coiffeur ou secrétaire
Mécanicien, bibliothécaire
J'habite la banlieue ouvrière
Et je m'ennuie,
Je m'ennuie,
Je voudrais faire autre chose de ma vie

Julien Clerc - Bibliothèque Mazarine
Paroles: Etienne Roda-Gil. Musique: Julien Clerc
Notre langue française s'abîme
Comme un vieux livre de cuisine
Sur les quais et sous la pluie
Au pied de l'Académie
Bibliothèque Mazarine
Le brouillard sur les vitrines
Le chagrin et les autos
Le pont des Arts en travaux

A l'opposé, le monde de la création littéraire cultive l'impertinence et le naturel en se démarquant des conformismes et de la bienséance du bon goût (Les copains d'abord, Le café littéraire, Poète... vos papiers !, Hmm Hmm Hmm, Je ne suis qu'un cri)

Georges Brassens - Les copains d'abord
Paroles et Musique: Georges Brassens
C'étaient pas des amis choisis
Par Montaigne et La Boétie
Sur le ventre ils se tapaient fort
Les copains d'abord

Allain Leprest -Le café littéraire
Paroles: Allain Leprest. Musique: Romain Didier
Mon café littéraire
C'est devant le cimetière
Et le libraire du coin
Vaut mieux aller en face
Chercher la dédicace
D'un académicien

Léo Ferré - Poète... vos papiers !
Paroles et musique: Léo Ferré
J'ai bu du Waterman et j'ai bouffé Littré
Et je repousse du goulot de la syntaxe
A faire se pâmer les précieux à l'arrêt
La phrase m'a poussé au ventre comme un axe

Serge Gainsbourg - Hmm Hmm Hmm
Paroles et Musique: Serge Gainsbourg
Çui-là pour l'égaler faut s'lever tôt
J'veux parler d'Antonin Artaud
Ouais le génie ça démarre tôt
Mais y a des fois ça rend marteau

Jean- Ferrat - Je ne suis qu’un cri
Paroles: Guy Thomas. Musique: Jean Ferrat
Non je n'ai rien de littéraire
Je ne suis pas morceaux choisis
Je serais plutôt le contraire
De ce qu'on trouve en librairie
Je ne suis pas guide ou bréviaire
Ni baratin ni théorie
Qu'on range entre deux dictionnaires
Ou sur une table de nuit
Je ne suis qu'un cri

Comme éléments constitutifs d'une culture générale, les références littéraires sont importantes, tel un marqueur social, elles sont autant d'indices d'un capital culturel, définissant l'individu, le situant sur l'échelle sociale. L'estime ou la dérision sont les prix de ce jeu de qualification/disqualification, où l'on cherche à valoriser son égo au risque de la prétention. (Mon beauf "Pi bien sûr chaque années y s'offre le prix Goncourt", France Culture, Dans tes bras, J'ai tout lu, tout vu, tout bu)

Renaud - La mère à Titi
Paroles et Musique: Renaud Séchan
Sur la télé qui trône
Un jour j'ai vu un livre
J' crois qu' c'était "Le Grand Meaulnes"
Près d' la marmite en cuivre
Dans le porte-journeaux
En rotin tu t'en doutes
Y a Nous-Deux, l' Figaro
L' Catalogue d' la Redoute

Arnaud Fleurent-Didier - France Culture
Paroles et Musique: Arnaud Fleurent-Didier
On m'a pas parlé de Marx, rival de Tocqueville
Ni Weber, l'ennemi de Lukacs
Mais on m'a dit qu'il fallait voter
Elle n'a pas caché l'existence mais a tu celle de
Rousseau, de Proust, de Mort à Crédit

Vincent Delerm – Dans tes bras
Paroles et Musique Vincent Delerm
Huit cents pages de trop
Dans un Max Gallo
Quinze chapitres pourris
Dans un Marc Lévy
Une phrase qu'on comprend pas
Dans un Kundera
Putain ! J' suis bien dans tes bras

Jacques Dutronc - J'ai tout lu, tout vu, tout bu
Paroles: J.Lanzmann. Musique: Jacques Dutronc
Des trucs savants des trucs cochons
C'est pour ça que je suis un con
J'ai tout lu, tout su, tout bu

Le spectre de Saint-Germain-des-Près comme un Âge d'or disparu. Après Montmartre à la Belle Epoque (1896-1914), puis Montparnasse pendant l’Entre-Deux-Guerres (1918-1940), c’est Saint-Germain-des-Prés qui au lendemain de la Libération devient le nouveau quartier à la mode, fréquenté par les artistes, les intellectuels et les personnalités du moment. Un temps aujourd'hui lui aussi révolu. (Et Mon Père, Paris le Flore, Rive Gauche, Grosso Modo)

Nicolas Peyrac - Et mon père
Paroles et Musique: Nicolas Peyrac
Et Juliette avait encore son nez.
Aragon n'était pas un minet.
Sartre était déjà bien engagé.
Au Café de Flore, y avait déjà des folles

Étienne Daho - Paris, le Flore
Après-midi, Paris c'est fun, en terrasse, attablé
Regards lourds de sens et connivence pour qui cherche une main
Je n'attends vraiment rien, je viens pour y lire des bouquins
Artaud, Miller puis faut qu'j'aille
Traîner sans raison

Alain Souchon –Rive Gauche
Paroles et Musique: Alain Souchon
Rive Gauche à Paris
Adieu mon pays
De musique et de poésie
Les marchands de malappris
Qui d'ailleurs ont déjà tout pris
Viennent vendre leurs habits en librairie
En librairie en librairie

Serge Lama - Grosso modo
Paroles: Serge Lama. Musique: Yves Gilbert
Dieu est mort, Sartre aussi d'ailleurs !
Heidegger et le nihiNietzsche
Cette philosophaille kitsch
Qui a plus de tête que de cœur
Voilà ce qu'en gros nous expliquent
Les penseurs de la république
C'est notre espoir, c'est notre Eldorado
Grosso modo

Enfin, plus secrètement, la chanson se fait hommage, allusion à une oeuvre à un auteur, évocation d'une atmosphère, d'un je ne sais quoi, d'un presque rien, un sortilège... (Lettres à Milena [Kafka], Ainsi Prague, Marguerite [Yourcenar], Bonjour Tristesse, A voix basse)

Art Mengo - Lettres à Milena
Paroles: Marie Nimier, Thierry Illouz. Musique : Art Mengo
Il disait "Vous avez sans doute mieux à faire
Que de lire, je le sais, mes lettres ordinaires
Vous avez, il est vrai, mieux à faire de vos nuits
Que de lire sans arrêt mon visage qui s'écrit"

Hélène Martin - Ainsi Prague
Paroles: Louis Aragon. Musique: Hélène Martin
Lorca Maïakovski Desnos Apollinaire
Leurs ombres longuement parfument nos matins
Le ciel roule toujours les feux imaginaires
De leurs astres éteints

Yves Simon - Marguerite
Paroles et Musique: Yves Simon
Dans une île nommée Mont-Désert
Marguerite écrit son alchimie
Les Archives du Nord, son pays
Souvenirs d'une archéologie

Alain Souchon - Bonjour tristesse
Paroles et Musique: Alain Souchon
Comme
Je suis l'homme élégant,
Pour conduire je mets les gants
Dans les bolides extravagants
De Françoise Sagan

Juliette - À voix basse
Paroles et Musique: Juliette Noureddine
Cela a commencé un soir
J'avais à peine l'âge de raison
J'étais plongée dans un roman
De la Bibliothèque Rose
Quand j'ai vu qu'il y avait des gens