08 novembre 2012

Les Basiques : la musique électronique, un ouvrage hypermédia disponible en ligne gratuitement



En octobre 2012, David Chauveau recevait Jean-Yves Leloup dans l’émission Table des Matières sur Fréquence Paris Plurielle. Ce dernier était venu présenté Les Basiques : la musique électronique, un ouvrage paru en ligne sur le site Olats.org.

Transcription d'un extrait de l'interview :

Jean-Yves Leloup : La musique s'hybride tout naturellement, prend pas mal de circonvolutions. C’est assez difficile de suivre aujourd'hui l'actualité, la nature, l'esthétique de la musique électronique tellement elle s'est infiltrée un peu partout, dans tous les genres musicaux. C'est devenu une des musiques les plus populaires aux Etats-Unis. Une grande partie des artistes du Hip-Hop et du R&B se sont mis à une certaine forme d’électronique, dansante, assez populaire, assez mercantile, mainstream. Et de l'autre côté, vous avez les tréfonds de l’underground sous des formes nombreuses et variées. Entre ces deux extrêmes, il y a toutes les formes possibles et imaginables. La musique électronique en soit, ça ne veut pas dire grand-chose. C’est assez difficile  de parler de la musique électronique, on est obligé de parler de plein de tendances, de styles, de genres différents, de pays, d’époques, et d’esthétiques qui parfois s’opposent, s’affrontent carrément.

David Chauveau : Même si cette musique est de nature un peu rhyzomale, grâce aux Basiques, vous définissez une vision panoptique : on est un peu en surplomb, on arrive à voir loin devant, loin en arrière, et puis les chemins de traverse, les à-côtés. C’est un ouvrage qui se veut synthétique, pédagogique, mais étant donné l’aspect constellaire de cette musique, chaque genre a besoin de spécialistes. On apprend des choses. L'ouvrage s’appelle les Basiques, mais c’est une somme, néanmoins.

Jean-Yves Leloup : Oui c’est une somme. C’est un ouvrage d’abord que l’on appelle hypermédia, ça veut dire avec des liens hypertextes tout simplement, ça n’a rien d’extraordinaire. Il est disponible en ligne et gratuitement, il a été financé par le Ministère de la Culture en partie, et par des associations qui travaillent sur les relations entre l’art et la science : Olats et Leonardo, qui publient toute une série d’ouvrages qui s’appellent les basiques, sur l’art et les technologies.

[Il s’agit du quatrième volume de la collection Les basiques, après L'art "multimédia", par Annick Bureaud, 2004, La littérature numérique, par Philippe Bootz, 2007, et L'animation numérique, par Verònica Camacho, 2008]

L’idée était de faire un ouvrage accessible à tous, un ouvrage de référence, qui pourrait ressembler à une sorte de Que sais-je ?, ou à des pages Wikipédia, avec une certaine distance, une certaine froideur, une rigueur scientifique, presque universitaire. En tout cas c’est l’éthique de Leonardo et d’Olats.

David Chauveau : Néanmoins on n’échappe pas à une certaine subjectivité, à un goût, vous avez un goût…

Jean-Yves Leloup : La subjectivé était autorisée, mais dans ces ouvrages, lorsque l’on émet son opinion, il faut le dire clairement. Dans ce type d’ouvrage, on ne fait pas de littérature, comme je peux le faire  en journaliste, dans la presse magazine [..]
D’autre part, il faut être universaliste, et avoir une vision assez globale des différents genres musicaux : depuis l’apparition des premiers instruments électroniques, des premières expérimentations à l’aide de l’électricité, vers la fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle, jusqu’aux dernières évolutions actuelles de la musique dancefloor la plus populaire, en passant par les musiques savantes de l’après-guerre, et par beaucoup d’autres choses.
Et encore, l’ouvrage n’est pas entièrement complet, puisqu’il y aura un 2ème ouvrage qui sera rédigé par un de mes confrères, Marc Battier, qui est un compositeur et un universitaire assez éminent, qui lui parlera de la musique contemporaine et notamment de la musique électronique d’un point de vue plus savant, plus contemporain, plus lié aux avant-gardes, et en résumé à l’IRCAM, à ce genre de maisons, et aux universités américaines. Avec ces deux ouvrages, on aura fait ainsi un joli tour d’horizon.

David Chauveau : Et ce projet, c’est quelque chose que vous portiez personnellement, ou alors vous avez été sollicité ?

Jean-Yves Leloup : C’est un ouvrage de commande de la part d’Annick Bureau, la directrice de Leonardo en France ; c’est une association qui aux États-Unis est liée au MIT (Massachusetts Institute of Technology). [...] Dans ce type d’ouvrage, on survole un peu tout, on essaie de dresser des ponts, des perspectives, de donner des pistes au lecteur.

David Chauveau : Vous parliez d’une dimension pédagogique. Vous avez aussi envie de transmettre un savoir.

Jean-Yves Leloup : Certainement, je donne quelques cours dans une école de cinéma, et à la fac de Paris 3 sur le journalisme musical. En tant que journaliste, j’ai aussi un rôle de passeur : militer pour faire connaître certains artistes, certaines tendances musicales.

David Chauveau : Vous qui avez produit, écrit des livres papier, quel était pour vous l’avantage majeur de ce livre-ci ? Evidemment vous pouvez l’amender. Est-ce que c’est prévu ?

Jean-Yves Leloup : Ce n'est pas spécialement prévu. Il est vraiment daté. Je ferai sans doute quelques corrections, dans quelques semaines, quelques mois, suite aux réactions de certains spécialistes. Parce que je ne suis spécialiste de rien, enfin je connais la musique électronique, mais j’essaye de m’inspirer des connaissances de mes confrères.
L’avantage, qui est un avantage très contemporain, qui n’était même pas possible il y a 4 ou 5 ans, c’est de pouvoir poster en ligne des morceaux qui sont maintenant en grande partie sur Youtube. D’ailleurs, je n’ai utilisé quasiment que Youtube. Des morceaux parfois rares, historiques, très underground. Donc on lit et on écoute en même temps. Ce qui n’est bien sûr pas possible dans la presse écrite ou dans la littérature. Et même, ce type de recherche n’était pas possible il y a 4 ou 5 ans, car Youtube n’était pas à l'époque un tel réceptacle pour la musique.
C’est vraiment un outil de streaming pour la musique, absolument extraordinaire qui est beaucoup plus riche que les sites tels que Deezer ou Spotify qui sont déjà assez chargés, mais qui ne recensent pas tous les morceaux les plus pointus. Cela permet d’accélérer la recherche de références historiques, à condition bien sûr que les morceaux soient bien référencés en terme de date et de titre, etc. Avec ça, et des outils comme Discogs, qui est un site assez bien fait pour les discographies d’artistes, ça aide vraiment le travail du journaliste et des passionnés de musique.

David Chauveau : Oui, c’est fou, comme la fréquentation de Youtube peut perdre l’auditeur, on est projeté de page en page, et on découvre des choses que l’on imaginait pas quelques secondes avant…

Jean-Yves Leloup : Absolument, et là ça apporte un vrai plus pour ceux qui veulent connaître la musique électronique, on peut vraiment confronter ses connaissances, ce que l’on vient d’apprendre et son jugement personnel immédiatement.
Souvent on lisait des livres, parfois les musiques (des pionniers, par exemple) restaient des légendes jusqu’à ce qu’on tombe un jour sur une musique, sur un disque, une compilation historique, aujourd’hui c’est différent. Je pense qu’il y a un peu moins de légendes finalement dans la musique, parce que l’on peut très rapidement confronter ce qu’on lit, et son goût personnel, son écoute personnelle. [...]

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Sommaire des Basiques : la musique électronique de Jean-Yves Leloup :
Introduction : Qu'est-ce que la musique électronique ?
Quelles sont les premières expérimentations des technologies dans la musique ?
Comment l'électronique est-elle devenue pop (1968-1988) ?
Qu'est-ce que la house, la techno, quelle est leur histoire et leur descendance (1988-2011) ?
Quelles sont les pratiques et l'histoire des DJ ?
Quelle est la place des femmes dans la musique électronique ?
Quels sont les outils et les technologies de la musique électronique ?
En quoi les pratiques électroniques ont-elles transformé la musique et la culture de la fin du 20e siècle ?
Où et comment s'écoute la musique électronique ?
Quels sont les grands courants esthétiques actuels de la musique électronique ?
Festivals, lieux, clubs et événements
Bibliographie


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via Global Techno