28 août 2007

Disparition du disque et prestige du livre

Valeur d'usage, valeur d'échange et valeur symbolique
Commentant, dans un billet intitulé : "Âge et génération" les analyses apportées par la lettre Culture et prospective du Ministère de la Culture « Approche générationnelle des pratiques culturelles et médiatiques », le blogeur montréalais Jean-Michel Salaün formule cette judicieuse constatation :
"Il n’y a pas de relation mécanique entre la tendance positive ou négative des pratiques et la santé économique de la filière. Même si l’on peut interpréter ces tendances en termes de cycle de vie d'un produit, tout dépend de la capacité de valorisation mise en place par le jeu des acteurs. Le contraste entre la situation du livre et celle de la musique, dans le rapport valorisation/pratiques, est flagrant. Les acteurs de la première filière ne s’en sortent pas trop mal, malgré des indicateurs de pratiques calamiteux, tandis que les seconds plongent alors même que la pratique de la musique enregistrée ne cesse de croître. Ainsi, la stratégie est un élément fondamental, d’autant plus délicat à manier que le numérique change, de façon inédite à la fois les modes de valorisation et les pratiques."
Dans le dernier film de Christopher Nolan : "The Prestige" (2006), deux magiciens interprétés par Hugh Jackman et Christian Bale d'abord associés puis concurrents, rivalisent d'ingéniosité pour concevoir le tour de magie ultime qui sidérera l'assistance et qui apportera à son inventeur la renommée et la fortune.


On ne dévoilera rien de l'intrigue en expliquant le sens du mot prestige dans le contexte du film : Dans le prologue du film, une voix off décrit les trois étapes nécessaires à la réussite d'un numéro de magie : 1. "la promesse", c'est la présentation du numéro, la mise en condition du spectateur, 2. "le tour" : la disparition mystérieuse, et 3. le clou du spectacle, "le prestige" : la réapparition du sujet que l'on avait fait disparaître.
Ainsi le tour ne saurait suffire au succès d'un numéro de magie, celui-ci trouve sa complétude, sa perfection par une résolution heureuse. Un peu comme en musique, où pour créer une impression d'apaisement le morceau doit se terminer sur la tonique.
En cela qu'importe que "la lecture assidue de livres baisse à la fois avec l’âge et les générations" et que dans un même temps "la pratique de la musique enregistrée s’accroi[sse] avec les générations montantes".
Pendant que le monde du disque se dématérialise sans avoir encore trouvé le moyen de revenir sous les feux des projecteurs, le monde de l'édition imprimée continue par un savant jeu de fumée et de miroirs à donner des gages de sa présence.
On aimerait connaître le truc !