On pourrait résumer l’évolution de la musique vocale sacrée au Moyen-Age, en la comparant à l’évolution de l’architecture de la même époque. Les églises romanes de style sobre et dépouillé vont peu à peu laisser place aux cathédrales gothiques, au style flamboyant et foisonnant. En musique, la pratique du plain-chant va s’effacer progressivement au profit d’une polyphonie aux audaces de plus en plus exubérantes et luxuriantes.
L’organum est la 1ère manifestation de la polyphonie occidentale. Les écarts autorisés sont la quarte, la quinte ou l’octave.
L’ars antiqua (art ancien) signifie l’apogée de la première polyphonie au XIIe et XIIIe siècle notamment par les compositeurs qui travaillaient à la Cathédrale de Paris.
Leoninus (1140 ?- 1210 ?) et l’organum mélismatique
Premier grand représentant de l’Ecole de Notre-Dame. Il est le plus grand compositeur d’organa (organum) de son temps. Ce sont des compositions à deux voix. La mélodie du chant tirée du répertoire grégorien est placée à la basse, elle est lente et solennelle ; elle est appelée la « teneur ». La voix dite « organale » au-dessus est plus mobile et rythmée, elle brode ; elle déploie des mélismes (plusieurs notes chantées sur une syllabe).
D’où le nom d’ « organum mélismatique » . Léonin préfigure les développements de la polyphonie française dont l’apogée sera atteint par l’école franco-flamande.
Pérotin (1160 ?- 1230 ?) et le motet
Il remplace Léonin et exerce à la cathédrale Notre-Dame de la fin du XIIe à environ 1230. Avec lui, l’organum prend de l’ampleur : Pérotin augmente le nombre de voix dans la polyphonie de 2 à 4, superposant ainsi jusqu’à 3 parties mélismatiques. La voix principale (la teneur) est toujours choisie dans le répertoire grégorien.
Il participe au développement d’une forme vocale : le motet. Le motet est constitué d’un psaume (d’où mot-et), ou de paroles de dévotion. Mis en musique, il est destiné à être chanté à l’Eglise.
Pérotin compose notamment des motets polytextuels (le texte est différent pour chaque voix). Cette caractéristique consiste à superposer plusieurs textes, religieux et profanes, parfois dans des langues différentes (latin, français).L’utilisation d’un fragment de chant grégorien pour la voix la plus grave va subsister jusqu’à la fin de la Renaissance.
Discographie disponible à la médiathèque de Dole
La naissance de la polyphonie : La fin du chant à l'unisson, ou le passage à l'ère gothique / Ensemble Organum, Theatre of Voices, Anonymous 4. - Harmonia Mundi - (La musique des siècles ; 5)