Les bureaux du Génitron en fait de terrible désordre, de capharnaüm absolu, de pagaye totale, on pouvait pas voir beaucoup pire... Depuis le seuil de la boutique jusqu’au plafond du premier, toutes les marches, les aspérités, les meubles, les chaises, les armoires, dessus, dessous, c’était qu’enfoui sous les papelards, les brochures, tous les invendus à la traîne, un méli-mélo tragique, tout crevassé, décortiqué, toute l’œuvre à Courtial était là, en vrac, en pyramides, jachère... On discernait plus le dictionnaire, les cartes des traités, les mémoires oléographiques dans le tumulus dégueulasse. On pénétrait au petit bonheur, en tâtonnant un peu la route... on enfonçait dans une ordure, une fuyante sentine... [...]
Lui pourtant ça l’alarmait pas...[...]
Il avait le sens du désordre... Il plaignait tous ceux qui l’ont pas... Tout l’ordre est dans les idées ! Dans la matière pas une trace !... Quand je lui faisais ma petite remarque que ça m’était bien impossible de me dépêtrer dans cette pagaye et ce vertige, alors c’est lui qui faisait vilain et il m’incendiait... Il me laissait même pas respirer... Il prenait d’autor l’offensive... « Évidemment, Ferdinand, je ne vous demande pas l’impossible ! [...] Vous aimez mieux regarder les filles ! Vous ne pouvez donc pas savoir ! Vous persuader bien facilement du premier coup d’œil sincère, que le désordre, mais mon ami c’est la belle essence de votre vie même ! de tout votre être physique et métaphysique ! Mais c’est votre âme Ferdinand ! des millions, des trillions de replis... intriqués dans la profondeur, dans le gris, tarabiscotés, plongeants, sous-jacents, évasifs... inimitables ! Voici l’Harmonie, Ferdinand ! Toute la nature ! une fuite dans l’impondérable ! Et pas autre chose ! Mettez en ordre, Ferdinand, vos pauvres pensées ! Commencez par là ! Non par quelques substitutions grimacières, matérielles, négatives, obscènes, mais dans l’essentiel je veux dire ! Allez-vous pour ce motif vous précipiter au cerveau, le corriger, le décaper, le mutiler, l’astreindre à quelques règles obtuses ? au couteau géométrique ? Le recomposer dans les règles de votre crucifiante sottise ?... L’organiser tout en tranches ? comme une galette pour les Rois ? avec une fève dans le milieu ! Hein ? Je vous pose la question. [...]En l’Harmonie, Ferdinand, la seule joie du monde ! La seule délivrance ! La seule vérité !... L’Harmonie ! Trouver l’Harmonie ! Voilà... Cette boutique est en Har-mo-nie !... M’entends-tu ! Ferdinand ? comme un cerveau pas davantage ! En ordre ! Pouah ! En ordre ! Enlève-moi ce mot ! cette chose ! Habituez-vous à l’Harmonie ! et l’Harmonie vous retrouvera ! Et vous retrouverez tout ce que vous cherchez depuis si longtemps sur les routes du Monde... Et encore bien davantage ! question cosmogonique ! J’ai pas d’ordre à donner ! Tu n’as pas d’ordre ! Il n’a pas d’ordre !... Buah ! Buah ! Buah !... » [...]
Il se mettait franchement en colère, comme quelqu’un qu’est bien dans son tort...
Louis-Ferdinand Céline, Mort à Crédit, Denoel,1936
Edu Lobo - Pra Dizer Adeus
Pra Dizer Adeus (Edu Lobo - Torquato Neto)
Adeus / Vou pra não voltar / E onde quer que eu vá / Sei que vou sozinho / Tão sozinho amor / Nem é bom pensar / Que eu não volto mais / Desse meu caminho
(Au revoir / Je ne vais pas revenir / Et peu importe où je vais / Je sais que j'y vais seul / Si seul mon amour / Qu'il n'est pas bon de penser / Que mon chemin est sans retour)
Elis Regina - Só tinha de ser com você
Só tinha de ser com você (Antonio Carlos Jobim / Aloysio de Oliveira) É, só tinha de ser com você / Havia de ser pra você / Senão era mais uma dor / Senão, não seria o amor
(Oui, ça ne pouvait être qu'avec toi / Ce devait être pour toi / Sinon ce serait une douleur de plus / Sinon ce ne serait pas l'amour)
Chico Buarque - A Volta do Malandro
A volta do malandro (Chico Buarque) Eis o malandro na praça outra vez / Caminhando na ponta dos pés / Como quem pisa nos corações / Que rolaram dos cabarés
[Voici à nouveau le voyou dans la place / Marchant sur la pointe des pieds / Comme on marche sur les cœurs / Pour courir les cabarets]
Nara Leão - Samba de uma nota só e Samba do Avião
Samba de uma nota só (samba sur une seule note) (Antônio Carlos Jobim - Newton Mendonça)
Eis aqui este sambinha feito numa nota só / Outras notas vão entrar, mas a base é uma só / Esta outra é consequência do que acabo de dizer / Como eu sou a consequência inevitável de você / Quanta gente existe por aí que fala tanto e não diz nada / Ou quase nada
(Voici une samba faite d'une seule note / D'autres notes viendront, mais la base c'est une seule / Cette autre est la conséquence de ce que je viens de dire / Comme je suis la conséquence inévitable de toi / Combien de gens là-bas qui parlent tant et ne disent rien / ou presque rien)
João Gilberto e Os Cariocas - Só Danço Samba
Extrait de Copacabana Palace, un film italo-franco-brésilien de Steno (1962), avec Mylène Demongeot, Claude Rich, Raymond Bussières et...
Luiz Bonfá, João Gilberto, Antônio Carlos Jobim(wikipédia)
"Só Danço Samba" (Antônio Carlos Jobim - Vinicius de Moraes)
Só danço samba / Só danço samba / Vai / Já dancei o twist até demais / Mas não sei, me cansei / Do calipso ao chá-chá-chá
[Je ne danse que la samba / Je ne danse que la samba / Allez / J'ai trop dansé le twist / Je ne sais pourquoi, je suis fatigué / Du calypso et du Cha-cha-cha]
Son père range son violon dans un bel étui au fond d’un placard de la chambre conjugale. Presque chaque jour, il sort l’instrument et quelques partitions, puis va s’installer au salon. Il pratique plus ou moins longtemps et, parfois, ses fils ont le droit de venir l’écouter s’ils le désirent. Mais parfois il les met dehors et s’enferme. Lorsqu’il accorde son violon et que, comme il dit, il chauffe un peu les cordes, c’est la cacophonie ; les enfants se bouchent les oreilles. Souvent, l’instrument est d’une légèreté joueuse entre ses mains, les cordes dansent et vibrent sur une cadence rapide, emplissant la maison de notes claires et rieuses. À d’autres moments, il n’arrache à ces cordes que son désir sombre et douloureux de trouver le courage et la force de vivre.
Certaines périodes sont meilleures que d’autres. Erlendur apprend à comprendre son père, mais ne saisit que bien plus tard qu’il lutte contre une profonde dépression. Il tente d’initier ses deux fils à la pratique d’un instrument et de les familiariser avec l’univers de la musique, mais ne tarde pas à constater que ni l’un ni l’autre ne s’y intéressent vraiment. Ils intègrent un certain nombre de bases, mais il leur manque le besoin de jouer, la passion nécessaire pour aller plus loin. Il ne les force pas, leur dit que cela ne servirait à rien, mais espère que, plus tard, ils développeront pour la musique une authentique passion.
traduit de l'islandais par Éric Boury, Métailié, 2013
Cartola et son père - O Mundo é um Moinho
Les retrouvailles de Cartola avec son père Sebastião. Un extrait du documentaire “Cartola, música para os olhos” [Cartola, musique pour les yeux)] (2007) de Lírio Ferreira et, Hilton Lacerda
Angenor de Oliveira, surnommé Cartola (1908-1980) est considéré aujourd'hui comme l'un des plus grands compositeurs de musique populaire brésilienne à l'égal d'Ary Barroso, Dorival Caymmi, Noel Rosa ou d'Antonio Carlos Jobim.
Mais comme les protagonistes du Buena Vista Social Club, Compay Segundo et Ibrahim Ferrer, Cartola connu sa traversée du désert, après la gloire des années 30 et 40. Il ne sera redécouvert qu'en 1957 par le journaliste Sérgio Porto. Débutera alors pour lui une seconde carrière : il ouvrira avec sa femme Dona Zica (Euzébia Silva do Nascimento) un restaurant-cabaret à Rio de Janeiro: la maison de samba Zicartola. Cartola enregistrera son 1er disque en 1974.
Quarteto em Cy - Quando o Carnaval Chegar
C'est Chico Buarque qui composa Quando o Carnaval Chegar [Quand arrive le Carnaval], la chanson titre du film de Carlos Diegues sorti en 1972 , dans lequel jouait Chico Buarque, Nara Leão et Maria Bethânia (extrait)
Chanson ici interprétée par le Quarteto em Cy formé en 1972-73 par Cyva et Cynara Ribeiro et Soninha (Sonia Maria Ferreira ) et Dorinha (Dora Tapajós Gomes).
Un quatuor vocal formé en 1964 par quatre sœurs originaires de Bahia : Cybele, Cylene, Cynara et Cyva Ribeiro (d'où le nom en Cy).
Donga et Chico Buarque - Pelo telefone
Chico Buarque en 1966, à la télévision rend hommage à Donga (Ernesto Maria dos Santo) (1890-1974) le compositeur de la première samba enregistrée sur disque, 50 ans plus tôt. Egalement sur scène l'immense Pixinguinha (1897-1973).
"Pelo Telephone" [Par téléphone] enregistré en 1916 pour le label Odeon, composé par Ernesto Maria dos Santos (Donga) sur les paroles du journaliste Mauro de Almeida et interprété par le chanteur Baihano.
Bien que 2 autres sambas aient été enregistrées précédemment : Em casa de baiana (1913) et A viola está magoada (1914), Pelo Telephone, du fait de son succès, est considéré comme la première samba à avoir été enregistrée au Brésil. Cette chanson burlesque se moque d'un chef de police dans une histoire de prohibition des jeux d'argent dans la rue.
"O chefe da polícia pelo telefone manda me avisar / Que na Carioca tem uma roleta para se jogar / O chefe da polícia pelo telefone manda me avisar / Que na Carioca tem uma roleta para se jogar…"
Elizeth Cardoso et Elza Soares - Não me diga adeus
Après le blues vient la samba ! En 1974, la rencontre de deux grandes chanteuses brésiliennes : Elizeth Cardoso (1920-1990) surnommée la divine, et Elza Soares (1930-2022) sacrée chanteuse du millénaire par la BBC.
"Não me diga adeus" [Ne me dis pas adieu] une chanson de Francisco da Silva Fárrea (Paquito), Luis Soberano et João Correia da Silva, crée en 1947 par Aracy de Almeida (1914-1988), interprète attitrée de Noel Rosa, considérée comme la première chanteuse de samba.
Luiz Gonzaga avec Fagner, Sivuca, Guadalupe - Asa Branca
Luiz Gonzaga (1912-1989) connu comme le roi du baião, la musique emblématique du Nordeste du Brésil, appelée aussi forró. - wikipédia -