12 juin 2023

Le capharnaüm #95 : C’était une espèce de fumier philosophique

Il était poète, et son âme rencontra fortuitement une immense pâture : il devait voir par avance les ossements de vingt mondes. Au premier coup d’œil, les magasins lui offrirent un tableau confus, dans lequel toutes les œuvres humaines et divines se heurtaient. Des crocodiles, des singes, des boas empaillés souriaient à des vitraux d’église, semblaient vouloir mordre des bustes, courir après des laques, ou grimper sur des lustres. Un vase de Sèvres, où madame Jacotot avait peint Napoléon, se trouvait auprès d’un sphinx dédié à Sésostris. Le commencement du monde et les événements d’hier se mariaient avec une grotesque bonhomie. Un tournebroche était posé sur un ostensoir, un sabre républicain sur une hacquebute du moyen-âge. Madame Dubarry peinte au pastel par Latour, une étoile sur la tête, nue et dans un nuage, paraissait contempler avec concupiscence une chibouque indienne, en cherchant à deviner l’utilité des spirales qui serpentaient vers elle. Les instruments de mort, poignards, pistolets curieux, armes à secret, étaient jetés pêle-mêle avec des instruments de vie : soupières en porcelaine, assiettes de Saxe, tasses orientales venues de Chine, salières antiques, drageoirs féodaux. Un vaisseau d’ivoire voguait à pleines voiles sur le dos d’une immobile tortue. Une machine pneumatique éborgnait l’empereur Auguste, majestueusement impassible. Plusieurs portraits d’échevins français, de bourgmestres hollandais, insensibles alors comme pendant leur vie, s’élevaient au-dessus de ce chaos d’antiquités, en y lançant un regard pâle et froid. Tous les pays de la terre semblaient avoir apporté là un débris de leurs sciences, un échantillon de leurs arts. C’était une espèce de fumier philosophique [...]
Honoré de BalzacLa Peau de chagrin, 1831 [Bibliothèque électronique du Québec]


João Bosco - Incompatibilidade De Gênios


Incompatibilidade De Gênios [Incompatibilité de caractères]
Dotô, / Jogava o Flamengo / Eu queria escutar. / Chegou, / Mudou de estação / Começou a cantar.
[Le match du Flamengo (club de foot de Rio) était retransmis / Et je voulais le suivre, / Mais elle est arrivée / Et elle a changé de station / Et a commencé à chanter dessus.]
Album : Galos De Briga, 1976




Nelson Sargento, Lula Matos & Terças Desamplificadas - Agoniza mas não morre


Samba agoniza mas não morre [La samba agonise mais ne meurt pas]
Cette chanson écrite par Nelson Sargento (1921-2021), est un hymne, conçu comme un acte de résistance. En 1979, une centaine de sambistes (dont Alcione, Beth Carvalho, Paulinho da Viola, Martinho da Vila) se sont rassemblés au sein du Clube do Samba fondé par João Nogueira pour y affirmer la défense de la culture brésilienne contre la vague américaine du Disco, perçue comme une invasion. (archive vidéo)
Album Sonho De Um Sambista, 1979




Sivuca et Chico Buarque - João e Maria


Sivuca (1930-2006) composa cette valse en 1947. Trente ans plus tard, en 1977, Chico Buarque y ajoute des paroles, pour un duo chanté avec Nara Leão, sur l'album Os Meus Amigos São Um Barato
La chanson évoque le monde de l'enfance. João et Maria, étant les noms donnés aux personnages Hansel et Gretel du célèbre conte des frères Grimm, dans la traduction portugaise du Brésil.
Agora eu era o herói / E o meu cavalo só falava inglês / A noiva do cowboy / Era você além das outras três [Maintenant j'étais le héros / Et mon cheval ne parlait que l'anglais / La mariée du cow-boy / C'était toi en plus des trois autres]



Fundo de Quintal & Demônios da Garoa - Trem Das Onze


Trem das Onze [Tram de onze heures] est une chanson écrite et composée par Adoniran Barbosa (1910-1982), interprétée en 1964 par le groupe pauliste de samba Demônios da Garoa. C'est l'une des chansons les plus connues au Brésil. La chanson fait référence au Tramway da Cantareira et au quartier de Jaçanã , situé dans la zone nord de São Paulo.
Não posso ficar nem mais um minuto com você / Sinto muito, amor, mas não pode ser /Moro em Jaçanã /Se eu perder esse trem / Que sai agora, às onze horas / Só amanhã de manhã [Je ne peux pas rester une minute de plus avec toi / Je suis désolé mon amour, mais ça n'est pas possible / J'habite à Jaçana / Si je rate ce train / Qui part maintenant, à onze heures / Je devrai attendre jusqu'à demain matin]. Chanson à double sens :  on peut y voir la bonne excuse pour un amant qui souhaite rentrer chez lui. (cf. bossanovaBrasilAdoniran Barbosa enregistra son 1er disque, dix ans plus tard avec sa version de la chanson.
Albums : Os Demônios Da Garoa – Trem Das 11, 1964 / Adoniran Barbosa -  Adoniran Barbosa, 1974




Dorival Caymmi - Você já foi à Bahia?


Você já foi à Bahia? est le titre brésilien du film d'animation de Walt Disney The Three Caballeros (1944). Après Saludos Amigos, c'est la suite des aventures de Donald Duck découvrant les pays d'Amérique latine : Donald visite le Brésil avec le perroquet José Carioca, puis le Mexique avec le coq Panchito Pistoles. La partie brésilienne contient plusieurs compositions d'auteurs connus comme Ari Barroso, Dorival Caymmi (non crédité, Você já foi à Bahia? [Avez-vous déjà été à Baía?], chanté par Zé Carioca).
Então vá! / Lá tem vatapá / Então vá! /Lá tem caruru / Então vá! / Lá tem munguzá / Então vá! / Se quiser sambar / Então vá! [Alors vas-y ! / Il y a du vatapá / Alors vas-y ! /Il y a du caruru là-bas / Alors vas-y ! / Il y a du munguzá / Alors vas-y ! / Si tu veux faire de la samba / Alors vas-y !]
La chanson, écrite en 1941, fait référence aux aliments traditionnels de l'État de Bahia. Le vatapá est une pâte à base de pain, de crevettes, de lait de coco, d'arachides et d'huile de palme. Le caruru est un condiment à base de gombo, d'oignon, de crevettes, d'huile de palme et de noix grillées. Le mugunzá est une semoule de maïs à la noix de coco. La samba est un genre musical et une danse créée au XVIIe siècle par les esclaves noirs dans l'État de Bahia dans la région nord-est du Brésil. Dorival Caymmi (1914-2008) est avec Ary Barroso, Pixinguinha et Antonio Carlos Jobim, l'un des pères de la musique populaire brésilienne. (wikipédia)