17 avril 2021

Le capharnaüm #85 : La maison, je l’ai dit, était vieille et irrégulière

Fritz Eichenberg,
gravure sur bois (1944)
La maison, je l’ai dit, était vieille et irrégulière. Les terrains étaient vastes, et un haut et solide mur de briques, couronné d’une couche de mortier et de verre cassé, en faisait le circuit. Ce rempart digne d’une prison formait la limite de notre domaine ; nos regards n’allaient au delà que trois fois par semaine, — une fois chaque samedi, dans l’après-midi, quand, accompagnés de deux maîtres d’étude, on nous permettait de faire de courtes promenades en commun à travers la campagne voisine, et deux fois le dimanche, quand nous allions, avec la régularité des troupes à la parade, assister aux offices du soir et du matin dans l’unique église du village. [...]

Dans un angle du mur massif rechignait une porte plus massive encore, solidement fermée, garnie de verrous et surmontée d’un buisson de ferrailles denticulées. Quels sentiments profonds de crainte elle inspirait ! Elle ne s’ouvrait jamais que pour les trois sorties et rentrées périodiques dont j’ai déjà parlé ; alors, dans chaque craquement de ses gonds puissants, nous trouvions une plénitude de mystère, — tout un monde d’observations solennelles, ou de méditations plus solennelles encore.

Le vaste enclos était d’une forme irrégulière et divisé en plusieurs parties, dont trois ou quatre des plus grandes constituaient la cour de récréation. Elle était aplanie et recouverte d’un sable menu et rude. Je me rappelle bien qu’elle ne contenait ni arbres ni bancs, ni quoi que ce soit d’analogue. Naturellement elle était située derrière la maison. Devant la façade s’étendait un petit parterre, planté de buis et d’autres arbustes ; mais nous ne traversions cette oasis sacrée que dans de bien rares occasions, telles que la première arrivée à l’école ou le départ définitif, ou peut-être quand, un ami, un parent nous ayant fait appeler, nous prenions joyeusement notre course vers le logis paternel, aux vacances de Noël ou de la Saint-Jean.

Mais la maison ! — quelle curieuse vieille bâtisse cela faisait ! — Pour moi, quel véritable palais d’enchantements ! Il n’y avait réellement pas de fin à ses détours, — à ses incompréhensibles subdivisions. Il était difficile, à n’importe quel moment donné, de dire avec certitude si l’on se trouvait au premier ou au second étage. D’une pièce à l’autre, on était toujours sûr de trouver trois ou quatre marches à monter ou à descendre. Puis les subdivisions latérales étaient innombrables, inconcevables, tournaient et retournaient si bien sur elles-mêmes, que nos idées les plus exactes relativement à l’ensemble du bâtiment n’étaient pas très différentes de celles à travers lesquelles nous envisageons l’infini. Durant les cinq ans de ma résidence, je n’ai jamais été capable de déterminer avec précision dans quelle localité lointaine était situé le petit dortoir qui m’était assigné en commun avec dix-huit ou vingt autres écoliers.
Edgar Allan Poe William Wilson, traduction par Charles Baudelaire (extrait).



Augustus Pablo - Hugh Mundell - Jah In The HillsNature provides


Hugh Mundell (1962-1983), chant - wikipédia - discogs
Augustus Pablo (1954-1999), mélodica - wikipédia - discogs
Album : Hugh Mundell - Arise - Atra Records, 1988 (enr. 1983)


Holy Shit - Written all over your face


Live Midi Festival - Hyères, 2006
Matt Fishbeck (chant, guitare), Ariel Pink (basse), Christopher Owens (claviers), Corey Lee Granet (guitare), Kate (melodica) 
Une belle bande de poseurs arty californiens selon l'expression de Magicmpc !
Holy Shit - Discogs - bandcampveryholyshit.com
album : Stranded At Two Harbors - UUAR (UUnited Acoustic Recordings), 2006


Donald Byrd - Blackbyrd


Donald Byrd : trompette et bugle, Nathan Davis : saxophone soprano, Allan Barnes : saxophone ténor et flûte, Kevin Toney : piano électrique, Barney Perry : guitare, Keith Killgo : batterie, Ray Armando : percussions, Larry Mizell : claviers, Fonce Mizell : trompette, Henry Franklin : basse
Album : Donald Byrd : Black Byrd (Blue Note 1973)
Donald Byrd - Wikipédia - Discogs -

Kady Diarra - Mignaboulé


Concert à La Source – Fontaine, 2019 
nouvel album "Burkina Hakili ", Lamastrock, 2021
Discogs - FIP -


Dmitri Chostakovitch - Concerto pour piano, trompette et orchestre à cordes n°1 en do mineur


Concert enregistré à la Salle Pleyel le 01 décembre 2013
Daniil Trifonov, piano
Timur Martynov, trompette
Orchestre du Théâtre Mariinsky
Valery Gergiev, direction
Don Kent, réalisation

03 avril 2021

Sanza Tristesse : chanson de la semaine #135




Francis Bebey - Sanza tristesse
Album : Psychedelic Sanza 1982 - 1984, Born Bad Records, 2014
wikipedia - discogs



Le soir est triste
Mon cœur est triste
Ma vie est triste
Y'a le soleil qui s'est enfui
Et mon amour qui est parti
Avec lui

Le ciel sans voile
Est plein d'étoiles
Qui me dévoilent
Qu'elle est heureuse loin de moi
Et qu'elle ne pense plus à moi, loin de moi

Pourtant je chante
Mais oui, je chante
Et quand je chante
C'est pour rappeler mon amour
En priant qu'elle revienne un jour, pour toujours

Cette musique
Mélancolique
Cette musique
Je l'envoie par le vent du soir
A celle que j'aimerais revoir, près de moi



Francis Bebey et son fils Patrick interprètent en langue Douala "Esok Am" ou "Mon secret"
Le cercle de minuit, 1996



Francis Bebey filmé au studio Real World en 1995, montrant la technique du chant pygmée avec une flûte en bambou monophonique.