28 mai 2009

Comment oublier Lee Morse ?



Lee Morse (1897-1954) était une chanteuse, auteure, compositrice américaine de blues et de jazz qui eut beaucoup de succès dans les années 1920 et au début des années 1930. Sa carrière débuta en 1917 et continua jusqu’en 1954. Lee Morse était connue pour sa voix forte et profonde. Un tel registre vocal contrastait d'ailleurs avec sa constitution, elle mesurait à peine 1 mètre 50, et pesait moins de 45 kilos. L’une des ses particularités de son style était sa façon de yodeller (la technique de chant originaire de la suisse allemande consistant à passer alternativement d'une voix de corps à une voix de tête). Lee Morse eut également du succès, mais dans une moindre mesure, sur la scène de Broadway. Sa vie et sa carrière furent gâchées par l’alcoolisme.

Naissance et contexte familial
Lena Corinne Taylor est née en 1897 à Portland dans l’Oregon, c’est la neuvième d’une famille de douze enfants, et la troisième fille de Pleasant John Taylor, un pasteur local et de son épouse Olive Higgins Fleming. Les Taylor étaient une famille musicienne qui depuis la naissance de Lena parcourait l’Idaho en caravane sous le nom de The Taylor Family Concert Company. La jeune Lena passa sa petite enfance dans la petite ville de Kooskia, Idaho. On dit qu’elle apprit à chanter vers l’âge de trois en imitant la voix de ses frères, ce qui pourrait expliquer son aisance plus tard à chanter dans un registre grave.
La famille Taylor déménagea plus tard vers 1908 à Clearwater Valley, une ville située à quelques kilomètres de Kooskia.

Premier mariage et début de carrière
Le 2 mai 1915, Lena se marie avec Elmer Morse, un menuiser du coin. L’année suivante, elle donne naissance a un garçon prénommé Jack. Cependant, Lena désire devenir chanteuse, et se sépare de son mari en 1920. Dès 1918, elle débute dans une salle de cinéma locale et se produit sous le nom de Madame Elmer Morse. Durant les années suivantes, elle joue principalement dans les petites villes du Nord-Ouest Pacifique comme Spokane et Chewelah.

Vaudeville
La famille de Lee Morse s’est investie dans la politique tout autant que dans la musique. En 1920, son père est élu comme délégué à la Convention démocrate. Lee accompagne son père à San Francisco et se produit lors d’une convention, à l’Hôtel Saint Francis. Elle est repérée par Will King un célèbre producteur de vaudeville de l’époque qui lui fait signer un contrat. Genre de divertissement populaire en Amérique entre 1880 et 1930, le vaudeville tenait à la fois du music-hall et du cabaret, incluant des danseurs, des chanteurs, des comédiens, des numéros d'acrobates, d'animaux savants, de magiciens, des séances de cinéma, etc.

Lee saissant l'opportunité qui s’offre à elle de faire carrière dans le vaudeville sur l'opulente Côte Ouest quitte alors Kooskia et son mari Elmer pour de bon. Son frère racontera plus tard : "Lorsqu’elle quitta la maison, elle et moi allions nu pied, et lorsque je la revis à nouveau elle était dans la meilleure suite de l’Hôtel de Portland."

En 1921, Lee Morse commence à travailler dans des revues musicales de la tournée Kolb and Dill. En 1922 elle rejoint la tournée Pantages avec un numéro de 15 minutes intitulé Do You Remember One Small Girl a Whole Quartet. Un journaliste rapporte : "Elle chante Silver moon avec une voix de baryton, swing avec une voix de basse sur Asleep in the deep, et termine dans un registre soprano avec Just a song of Twiklight. En novembre 1922, un chroniqueur de la revue Variety écrit : "Elle donne l’impression d’être travesti en homme, elle yodelle plutôt doucement, et chante le blues mieux que personne."

Hitchy Koo et Artists and Models
En 1923, Lee More obtient le rôle pour la tournée de la revue Hitchy Koo. Une affiche prestigieuse avec des stars de l’époque comme Raymond Hitchcock, mais aussi Marion Green, Irene Delroy, Al Sexton, Busby Berkeley, ou Ruth Urban.

Puis elle enchaîne avec la revue de J.J. Schubert Artists and Models qui ouvre à Broadway en août 1923.

Premiers enregistrements
En 1924, Lee Morse, commence sa carrière discographique avec la marque Pathé. A une époque où l’enregistrement était acoustique, la puissance de sa voix était un réel atout à la réussite des enregistrements. C’est pendant cette période, qu’on lui laisse la possibilité d’enregistrer beaucoup de ses compositions personnelles. Les enregistrements les plus remarquables de ces années sont Telling Eyes, Those Daisy Days, An Old-Fashioned Romance (qu’elle réenregistrera pour Columbia en 1927), Blue Waltz, The Shadows on the Wall, Deep Wide Ocean Blues, A Little Love, et Daddy's Girl.

Pathé offre à Lee Morse l’opportunité d’expérimenter non seulement en la laissant enregistrer ses propres chansons, mais aussi en lui permettant d’explorer les potentialités de ses talents vocaux. Elle a ainsi une manière caractéristique de yodeller qui est très présente sur les premiers enregistrements. Bien que certains ont pu lui reprocher d’abuser de ce gimmick, cette technique vocale ajoute à la personnalité de sa voix et lui permet mettre en valeur un registre s’étendant sur plusieurs octaves.

Divorce
Mais le succès que Lee Morse rencontre dans le monde du spectacle a éclipsé sa vie personnelle. Son mari, Elmer pendant ce temps a préparé pour elle le foyer familial, meublé avec un mobilier qu’il a fabriqué lui-même. Mais sans doute excédé, Elmer engage en février 1925 une procédure de divorce pour abandon du domicile familial. Bien qu’elle ait abonné mari et enfant, cinq ans plus tôt, Lee Morse réussit à conserver la garde de son fils Jack. Un an plus tard, en octobre 1926, Elmer Morse meurt d’une scarlatine à Spokane à l’âge de 35 ans.

Columbia et Simple Simon : l’apogée et le déclin
En 1927, comme d’autres artistes en vogue Lee Morse change de label et signe chez Columbia. Entre 1927 et 1932, elle est l’une des interprètes féminines les plus populaires de sa maison de disques, en seconde position, juste derrière Ruth Etting. Pendant cette période, Lee Morse continue sa carrière sur scène, et décroche un rôle dans Simple Simon, une production du prestigieux Théâtre Ziegfeld qui aurait pu faire d’elle une star encore plus grande. Malheureusement à cause d’un problème d’alcoolisme chronique, elle n'est pas en état d’assurer sa prestation, et quitte la production un jour avant la première du spectacle de Broadway prévu le 18 février 1930. Le producteur demanda à Ruth Elling de remplacer Lee Morse au pied levé. Au final, Ruth Elling triomphera avec la chanson Ten cents a dance, et la carrière de Lee Morse à Broadway s’arrête brusquement.

Trois courts métrages
En 1930, quelques mois plus tard, bien que sa carrière soit déjà sur le déclin suite à cet échec à Broadway, elle est engagée pour trois courts métrages musicaux : A Million Me's (Paramount, le 25 avril), The Music Racket (Vitaphone, le 30 juin), et Song Service (Paramount, le 24 octobre).

Lee Morse dans A Million Me's (Paramount -1930) [extrait]


Second mariage
Au milieu des années 20, Lee Morse avait rencontré le pianiste Bob Downey qui l’accompagnait sur scène et était son compagnon dans la vie. Ils vivaient en couple, sans que l’on puisse dire aujourd’hui s’ils s’étaient mariés ou non.
Lee Morse préférait chanter dans les grandes salles que dans les petits clubs, à ce propos elle disai d’ailleurs une fois : "Ça m’énerve ! Je ne supporte pas ça ! J’ai envie de hurler !" Mais après 1930, sa carrière ayant subit un revers et les propositions de grandes salles se faisant rares, elle doit accepter des dates dans des clubs.
Dans le milieu des années 30, Lee Morse et Downey ouvrent un petit club au Texas, qu’ils gérent jusqu’à l’incendie de celui-ci en 1939. Ils reviennent alors à New York et s’installent à Rochester. Downey quitte alors Lee pour une strip-teaseuse. La fin de cette relation laisse Lee effondrée, et encore plus dépendante de l’alcool dont elle abuse depuis 1930.

Troisième mariage et dernières années
Lorsque sa relation s’achève avec Downey, Lee Morse traverse une période très difficile qui rendent ses proches inquiets pour sa santé. La vie s’arrange lorsqu’elle rencontre Ray Farese qu’elle épouse en 1946. Farese relance sa carrière en lui trouvant des dates de concert et lui permettant de participer à des émissions de radio sur une station locale. Elle tente un come-back avec la chanson Don't Even Change a Picture on the Wall écrite en 1940 pour les soldats pendant la seconde guerre mondiale... la chanson est finalement enregistrée en 1951. Chanson qui rencontre un certain succès mais qui ne parviendra pas à relancer la star au niveau qu’elle avait connu à la fin des années 20.

Mort et postérité
Lee Morse meurt le 16 décembre 1954, à l’âge de 57 ans.
Après sa mort, son mari Ray Farese prêta les photos et le press-book de l’artiste à un journaliste de Rockester pour que ce dernier réalise une rétrospective de la carrière de Lee Morse. Il semble que cette documentation se soit égarée comme il est indiqué sur le site dédié à la chanteuse.
(d'après Wikipédia)

Des enregistrements sur 78 tours de Lee Morse sur Archive.org
Une compilation sur double disque compact Echo's of a Songbird : 50 Recordings from 1924-1930 est éditée chez Jasmine Records (Import)


http://www.leemorse.com/

http://www.leemorse.net/