Dia de luz, festa de sol
E o barquinho a deslizar
No macio azul do mar
Tudo é verão, o amor se faz
No barquinho pelo mar
Que desliza sem parar
Sem intenção, nossa canção
Vai saindo desse mar
E o sol
Beija o barco e luz
Dias tão azuis
Volta do mar, desmaia o sol
E o barquinho a deslizar
E a vontade de cantar
Céu tão azul, ilhas do sul
E o barquinho, coração
Deslizando na canção
Tudo isso é paz
Tudo isso traz
Uma calma de verão
E então
O barquinho vai
E a tardinha cai
Le petit bateau
Jour de lumière, fête du soleil
Et le petit bateau qui glisse
Dans le bleu doux de la mer
Tout est été, l'amour se fait
Dans le petit bateau au bord de la mer
Qui glisse sans s'arrêter
Sans intention, notre chanson Va sortir de cette mer
Et le soleil
Embrasse le bateau et la lumière
Des jours si bleus
Retour de mer, le soleil s'évanouit
Et le petit bateau glisse Avec l'envie de chanter
Ciel si bleu, îles du Sud
Et le petit bateau, coeur
Se glisse dans la chanson
Tout cela est paix
Tout cela amène
Un calme d'été
Et puis
Le petit bateau s'en va
Et le soir tombe
"O Barquinho" est une Bossa nova écrite et composée par Roberto Menescal et Ronaldo Boscoli vers 1961. La chanson fut interprétée par Maysa, Nara Leão, Elis Regina et João Gilberto.
Caía a tarde feito um viaduto
E um bêbado trajando luto me lembrou Carlitos
A lua tal qual a dona do bordel
pedia a cada estrela fria um brilho de aluguel
E nuvens lá no mata-borrão do céu
chupavam manchas torturadas, que sufoco ! Louco
O bêbado com chapéu coco fazia irreverências mil
prá noite do Brasil, meu Brasil
que sonha com a volta do irmão do Henfil
com tanta gente que partiu num rabo de foguete
Chora a nossa pátria mãe gentil
Choram marias e clarisses no solo do Brasil
Mas sei que uma dor assim pungente não há de ser inutilmente
A esperança dança na corda bamba de sombrinha
E em cada passo dessa linha pode se machucar
Azar, a esperança equilibrista
sabe que o show de todo artista
tem que continuar
L'ivrogne et l'équilibriste
Le soir tombait comme un viaduc
Et un ivrogne en habit de deuil m'a rappelé Charlot
La lune comme une patronne de bordel Demandait à chaque étoile froide un éclat à louer
Et des nuages là dans le papier buvard du ciel
absorbant des taches torturées, quelle suffocation ! Fou
L'ivrogne au chapeau melon faisait mille irrévérences
pour la nuit du Brésil... mon Brésil
Qui rêve du retour du frère de Henfil (1) Comme de tant de gens qui sont partis, avec une fusée aux fesses
Pleure, notre patrie, mère gentille Pleurent, les Marias et les Clarisses (2) sur le sol brésilien
Mais je sais qu'une douleur aussi poignante ne restera pas vaine
L'espoir danse sur la corde raide, tenant un parasol
Et chaque pas sur cette ligne peut être périlleux Quelle infortune !, l'espoir équilibriste
Sait que le spectacle de chaque artiste
doit continuer (traduction littérale et approximative)
Notes : (1) : Henfil, pseudonyme d'Henrique de Sousa Filho (1944-1988) [wikipédia], écrivain, dessinateur et humoriste brésilien avait deux frères : le musicien Chico Mário et le sociologue Herbert José Betinho de Sousa [wikipédia]. C'est ce dernier qui est évoqué ici, militant politique de gauche, il fut contraint à l'exil, après le coup d'État militaire de 1964
(2) "Marias et Clarices" font référence aux veuves de prisonniers politiques torturés à mort par le régime militaire : Maria, la veuve de l'ouvrier métallurgique Manuel Fiel Filho (1927-1976), et Clarice, la veuve du journaliste Vladimir Herzog (1937-1975).
Les paroles d'O Bêbado e a Equilibrista ont été écrites à la fin de l'année 1977 par le musicien João Bosco et l'écrivain Aldir Blanc, sur le célèbre thème musical de "Smile" du film Les Temps Modernes (1936) de Charlie Chaplin. Il s'agit en premier lieu d'un hommage à l'idole du cinéma muet, interprète inoubliable du "tramp" (vagabond) qui venait de mourir le 25 décembre.
dessin du caricaturiste Bira Dantas illustrant la chanson, avec la figure d'Aldir Blanc (source)
Créée par Elis Regina sur son album Essa Mulher, (1979), la chanson est devenu l'hymne populaire consacrant le déclin de la dictature militaire au Brésil, déclin commencé avec la loi d'amnistie de 1979. "La loi d'amnistie, approuvée par le Parlement brésilien le 22 août 1979, garantit l'absence de poursuites à la fois contre les policiers ou les militaires tortionnaires et contre les opposants engagés dans la lutte armée contre le régime d'exception. Cette loi qui a permis le retour des exilés politiques au Brésil mais qui protège les tortionnaires, est toujours en vigueur. Votée six ans avant la fin de la dictature (1985), l'amnistie avait été perçue comme l'annonce du retour progressif à la démocratie." (source)".