27 janvier 2020

Jacek Kaczmarski "Stalker" (d'après le film d'Andréi Tarkovski) : chanson #131



Jacek Kaczmarski (1957-2004), surnommé le "barde de Solidarność", est un poète et un chanteur très populaire et célébré en Pologne.

Héritier et disciple de Vladimir Vyssotski, de Bulat Okudzhava, de Georges Brassens et de Bob Dylan, Jacek Kaczmarski puisa plus largement ses sources d’inspiration dans la littérature polonaise et mondiale.

Plus étonnant, nombre de ses chansons font référence aux tableaux des grands maîtres de la peinture : près d'une trentaine de chansons rendent hommage à Dürer, Bruegel, Picasso, Goya, Manet, Bosch, Klee, Munch, Dali, Velázquez, ...)  et aux chefs d'oeuvre du cinéma : La nuit des forains d' Ingmar Bergman, Casanova de Federico Fellini, ... Andreï Roublev et Stalker d'Andréi Tarkovski.

Jacek Kaczmarski  "Stalker" (d'après le film d'Andréi Tarkovski)


Stalker
(według filmu A.Tarkowskiego)

Kogóż to z nas tonący nie wiózł wrak?
Któż z nas zaprzeczyć może że ułomny?
Kogóż nie łudził oślepiony ptak?
Kogóż w bezludzie nie wiódł pies bezdomny?




A przecież wciąż przyciąga strefa ogrodzona
I ogrodzona nie bez celu – chcemy wierzyć
To nie my w Zonie, to nam odebrana Zona
Nam ją niepewnym, ale własnym krokiem mierzyć
Póki nadziei gorycz wreszcie nie pokona.




Dlatego, mimo druty, wieże i strażnice
Tam chcemy dotrzeć, gdzie nam dotrzeć zabroniono
Bezużyteczne, śmieszne posiąść tajemnice
Byleby jeszcze raz gorączką tęsknot płonąć
Nim podmuch jakiś strzepnie chwiejne potylice.



Droga okrężna może być i oszukańcza,
Może nas wiedzie szalbierz chciwy paru groszy,
Lecz lepsze to, niż śmierć na wapniejących szańcach
U progu granic niewidzialnych i aproszy,
Gdzie ziewa żołnierz tak podobny do skazańca.

Po zatopionych dawno droga to dolinach;
Pod płytką wodą nieczytelne czasu grypsy:
Szlak po ikonach, rękopisach, karabinach
Nad którym wiosło kreśli plusk Apokalipsy;
Nie po nas płacz – i nie po przodkach – płacz po synach.



Więc prawda, którą znaleźć nam to pusty pokój
Gdzie nagle dzwonią wyłączone telefony?
Serdeczna krew snująca w martwym się potoku,
Bezsilny gniew na obojętność Nieboskłonu
I magia słów, co chronić ma od złych uroków?




Więc prawda, którą znaleźć nam to stół z kamienia,
Z którego przedmiot modłów spadł nietknięty dłonią?
W stukocie kół transportu – Aria Beethovena?
Bezdenna toń, a nad bezdenną tonią
Twarz własna co przegląda się w przestrzeniach?


Z tonących – komu los nie zesłał tratw?
Z ułomnych – zdrowia nie przywrócił komu?
Gdy oślepiony ptak odnalazł ślad
I pies bezdomny siadł na progu domu.
Stalker
(d'après le film d'Andréi Tarkovski)

Qui de nous n’a jamais voyagé sur une épave en train de sombrer ?
Qui de nous peut nier qu’il est imparfait ?
Qui de nous n’a jamais été égaré par un oiseau aveuglé ?
Qui n’a jamais été guidé à travers la lande par un chien errant ?

Et pourtant la zone clôturée nous attire toujours
Nous voulons croire qu’elle n’est pas interdite pour rien.
Cette Zone qui nous a été enlevée
A nous de l’arpenter de nos propres pas, même dans l’incertitude
Jusqu’à ce que tout espoir, vaincu par l’amertume, soit perdu

Ainsi, malgré les barbelés, les postes de garde, et les tours de guet,
Nous voulons aller là où nous n’avons pas permission d’aller.
Pour posséder des secrets ridicules et inutiles
Si seulement la fièvre d’une passion nous embrasait encore une fois
Avant qu’une décharge nous abatte la nuque.

Le chemin est peut-être sinueux et trompeur,
Notre guide, un escroc qui n’est là que pour l’argent
Mais reste préférable à la mort sur des remparts calcifiants,
Au seuil de frontières invisibles, où baille
un soldat semblable à un condamné.

Un long chemin dans les vallées inondées ;
Sous l’eau peu profonde des messages secrets illisibles ;
Un sillage d'icônes, de manuscrits, et de fusils
Sur lequel la pagaie dessine un clapot d’Apocalypse ;
Ne pleurez ni pour nous ni pour nos ancêtres - pleurez pour nos fils.

Alors la vérité, que nous trouvons est une pièce vide
Où soudain des téléphones débranchés se mettent à sonner ?
Le sang le plus cher, qui coule lentement dans un ruisseau mort,
Une colère impuissance face à l’indifférence du ciel,
Et la magie des mots pour se protéger des mauvais envoûtements ?

Alors la vérité, que nous trouvons est  une table de pierre,
D’où est tombé l'objet des prières, sans être touché ?
Dans le bruit des roues du véhicule - Un air de Beethoven ?
Abîme sans fond, et au-dessus, suspendu,
Notre propre visage, se regardant dans les espaces ?

Des noyés - à qui le sort n’a pas envoyé de radeau ?
Des malades - à qui il n’a pas accordé de guérison ?
Quand l’oiseau aveuglé a enfin trouvé la piste
Et le chien errant s’est enfin assis au seuil de la maison.

(traduction littérale par nb, avec le support d'une traduction en anglais - par Jadwiga Smulko et Ryszard P. Kostecki)


à propos de :
Jacek Kaczmarski - wikipédia - discogs -
Stalker (1979) d'Andréi Tarkovski - wikipédia - imdb -