Wallander grimpa l’échelle instable qui menait au grenier. Une odeur de moisi le frappa aux narines. Il se rendait bien compte qu’il allait devoir refaire sa toiture d’ici un an. Deux, dans le meilleur des cas.
Il savait à peu près où il avait rangé la boîte qu’il cherchait. Mais son attention fut d’abord attirée par un carton qui portait le logo d’une entreprise de déménagement de Helsingborg et qui, il le savait, contenait sa collection de 33 tours. Pendant toutes les années passées à Mariagatan, il avait eu une platine tourne-disque. Mais celle-ci avait fini par se détraquer et il n’avait pas réussi à la faire réparer. La platine avait pris le chemin de la décharge lors du grand ménage précédant son déménagement ; mais les disques, il les avait gardés. Il s’assit à même le sol et feuilleta les vieux albums. Chaque pochette représentait un souvenir, parfois très vif, parfois réduit à un papillotement de visages, d’odeurs, d’émotions. Au cours de sa prime adolescence, il avait été un fan des Spotnicks. Il avait gardé leurs quatre premiers albums et il lui suffisait encore de lire les titres au dos pour se les rappeler tous sans exception. Les guitares électriques résonnaient à l’intérieur de lui. Il y avait aussi dans le carton un disque de Mahalia Jackson qu’il avait reçu un jour, contre toute attente, de l’un des chevaliers de la soie, ces colporteurs qui venaient chez eux, dans son enfance, acheter les toiles de son père. [...]. Le gospel lui avait fait forte impression. Go down Moses pensa-t-il en revoyant intérieurement son premier électrophone, où le haut-parleur était incrusté dans le couvercle et grésillait avec un bruit de racloir.
Soudain il tomba sur un disque d’Edith Piaf. Il reconnut son visage photographié en noir et blanc sur la pochette. Celui-là était un cadeau de Mona. Mona détestait les Spotnicks, leur préférant les Streaplers et Sven-Ingvars ; mais ce qu’elle aimait par-dessus tout, c’était cette petite chanteuse française. Pas plus que Wallander, elle ne comprenait un traître mot aux paroles ; mais sa voix les bouleversait l’un et l’autre.
Après Piaf, il y avait un disque de John Coltrane. D’où le tenait-il ? Il ne s’en souvenait pas. En le sortant de sa pochette, il vit qu’il était quasi neuf ; intérieurement il n’entendait pas une seule note du saxophone de Coltrane.
En dernier, il y avait deux opéras, La Traviata et Rigoletto. Contrairement au disque de John Coltrane, ceux-ci étaient presque hors d’usage à force d’avoir été joués.
Il s’attarda, hésitant à emporter le carton en bas et à acheter une nouvelle platine. Mais à la fin, il le repoussa. La musique qu’il écoutait aujourd’hui existait sur cassette ou sur CD. Il n’avait plus besoin de ces disques vinyle qui gondolaient et crépitaient à qui mieux mieux. Ils appartenaient au passé ; mieux valait les laisser là où était leur vraie place, dans la pénombre du grenier.
Henning Mankell, L'Homme inquiet (= Den orolige mannen, 2009), traduit du suédois par Anna Gibson, Points, 2010Malicorne - Le Luneux
Album : Almanach, Hexagone, 1976
Gabriel Yacoub (guitare acoustique et électrique, épinette des Vosges, chant), Marie Sauvet-Yacoub (dulcimer, bouzouki, vielle à roue, chant), Laurent Vercambre (violon, alto, bouzouki, psaltérion à archet, harmonium, mandoline, chant), Hughes de Courson (guitare électrique, basse, cromorne, percussions, chant).
Malicorne - Wikipédia - Discogs
Nara Leão et Roberto Menescal - O barquinho - O pato - Manhã de carnaval
Nara Leão (1942 - 1989), chanteuse de bossa nova et de MPB (musique populaire brésilienne) est surnommée la muse de la bossa nova, pour avoir appartenu au cercle de Roberto Menescal, João Gilberto, Vinicius de Moraes, Antônio Carlos Jobim et Sergio Mendes. (wikipédia, discogs)
Roberto Menescal (1937 -) compositeur, guitariste brésilien de jazz et de bossa nova, est un des fondateur de la bossa nova. "O Barquinho" (Petit bateau) est un titre qu'il a composé.
Morphine - Buena
émission musicale de TV néerlandaise 2 Meter Sessies, 25 mai 1994
Album : Cure for Pain, Rykodisc, 1993
Morphine, groupe formé à Cambridge, Massachusetts, en 1989 par Mark Sandman (guitare basse) et Dana Colley (saxophone), accompagnés en trio à la batterie par Jerome Deupree ou Billy Conway (dans la vidéo). En 1999, Mark Sandman est décédé d'une crise cardiaque lors d'un concert à Rome.
Pancho Amat Y El Cabildo Del Son - El Tresero Llego
Francisco Pancho Amat (wikipédia, discogs), musicien cubain, né à La Havane en 1950. Il est surnommé el rey del tres cubano. La Tres Cubano est une petite guitare dotée de 3 paires de cordes accordée aujourd'hui en do majeur (sol-do-mi). La figure historique tutélaire pour l'instrument étant Arsenio Rodriguez (1911-1970).
Bobby Darin - Mack the Knife
Bobby Darin, né Walden Robert Cassotto (1936-1973) chanteur, auteur-compositeur jazz pop et acteur américain. (wikipédia - discogs).
La chanson Mack the Knife est tirée de la comédie musicale L'Opéra de quat'sous de Bertolt Brecht et Kurt Weill, en allemand Die Moritat von Mackie Messer, en français La complainte de Mackie, dresse le portrait du redoutable Mackie le surineur aux méthodes expéditives. Un truand que n'auraient pas renié les familles Corleone et Soprano ! : "From a tugboat, down by the river / A cement bag's drooppin' down / Yeah, the cement's just for the weight, dear / Bet you Mack, he's back in town" (D'un remorqueur, descendant le fleuve / Un sac de ciment est balancé vers le fond / Oui, le ciment c'est juste pour le poids, mon cher / On parie que Mack est revenu). La version par Louis Armstrong est aussi mémorable.