26 novembre 2012

S'aire de Ca Teva [L'air de ta maison] : chanson de la semaine #106

Formé en 1997, Antònia Font est un groupe catalan originaire de Palma de Majorque. Les cinq musiciens du groupe sont Jaume Manresa (claviers), Joan Miquel Oliver (composition, guitares, voix), Joan Roca (basse), Pau Debon (voix), Pere Debon (batterie).
Très populaire en Catalogne dans les années 2000, Antònia Font a comme principales influences : Pau Riba, Jaume Sisa et Pascal Comelade
S'aire de Ca Teva [L'air de ta maison] figure sur leur premier album, édité en 1999. 
Merci à @elfonti du groupe @musictecaris (le groupe des bibliothécaires musicaux catalans) pour son aide précieuse à la traduction.




Ja he tastat sa mel i és normal ara me falta,
sempre seràs sa pena de sa meva entranya,
ja sé de fa temps que esperar-te
és saber que els dies de sol ja han passat.


Tornes i és normal ara m'espanta,
sempre seràs sa reina de sa meva entranya,
ja sé de fa temps que estimar-te
és com agafar gotes de pluja amb ses mans.

Mira'l, és n'Apollinaire, viu a sa peixera,
neda i surt a respirar s'aire de ca teva
i no troba es moment per seure i xerrar-te,
jo sé que et vol dir que ja no el veuràs més.
J’ai goûté au miel, et c’est normal cela me manque maintenant,
toujours tu seras une douleur dans mes entrailles,
Je sais depuis longtemps, que t’attendre
C’est savoir que les beaux jours sont révolus depuis longtemps.

Tu reviens, et c’est normal cela m’effraie,
Tu seras toujours la reine de mes entrailles,
Je sais depuis longtemps que t’aimer
C’est comme attraper les gouttes de pluie avec ses mains.

Regardez-le, c’est Apollinaire, il vit dans un bocal à poissons,
Il nage et respire l’air de ta maison
Et ne trouve pas un moment pour s’asseoir et parler avec toi,
Je sais qu’il veut te dire que tu ne le verras plus jamais.


Antònia Font - Wikipédia -

- antoniafont.com -

24 novembre 2012

Le test des applications Spotify. Acte 4 : Fitness, PLV, et sites de rencontres


Au sommaire de ce quatrième volet consacré aux applications Spotify, 12 nouveaux services proposés sur la plateforme de streaming.

Comme dans les trois premiers volets (1 - 2 - 3), on retrouve :
• des magazines : The Fader,
• des labels : Armada Stream 40,
• des applications sociales : This Is My Jam,
• des web radios personnalisées : DFX Radio,
• des répertoires de playlists Ulysses' Classical.

Mais de nouveaux types d'applications font aussi leur apparition :
• des programmes de fitness : Reebok FitList,
• des applications d'artistes, prenant parfois l'allure de PLV pour tête de gondole : Blur, Tiesto's Club Life, Quincy Jones, Rancid,
• et des sites de rencontres : Tastebuds, Fellody.

... tout un écosystème en développement, qui multiplie les accès et les usages de Spotify




Reebok FitList
La célèbre marque de chaussures et d’équipements de sport lance son application de remise en forme. Développée avec Hunted Media et Echonest, Fitlist est "conçue pour booster l'entraînement en musique."
Il est possible de personnaliser son programme musical en combinant :
• le niveau d’intensité (élevé, moyen, faible),
• le choix de l’activité : "fonctionnement" (mauvaise traduction de running), marche, yoga, danse, entraînement (training, musculation),
• les titres des artistes de son choix,
• et la durée de l’entrainement (incluant une chanson d’échauffement, et une chanson de retour au calme).




This Is My Jam
What’s your favorite song right now ?
Au départ, This is my jam est un site de musique sociale mélangeant un peu les fonctionnalités de Twitter et de Pinterest : on sélectionne et on partage des titres trouvés sur le web (Youtube, Bandcamp, Hypemachine, Soundcloud, Vimeo, Official.fm, …) avec les membres de son réseau This Is My Jam, mais aussi sur Twitter, et Facebook. L’application permet de sauvegarder et convertir ses sélections This is my Jam sous la forme d'une playlist dans Spotify (même si le lien initial est par exemple une vidéo Youtube). Inversement, l'application permet aussi de trouver de nouveaux contacts en rapport avec ses écoutes Spotify.




Tastebuds
Meet people near you who share your taste in music ( = Rencontrez des personnes près de chez vous qui partagent vos goûts musicaux. taste = goût, buds = amis)
Participer nécessite d'accepter que Tastebuds accède à l’information concernant ses usages sur Spotify. Puis de choisir :
• si on cherche un homme, une femme, un homme ou une femme, des amis,
• la tranche d’âge souhaitée (entre 18 et 65 ans et +)
• la ville (facultatif) et le pays.
L’application propose ensuite une liste de personnes dont on peut lire le profil, le lieu de résidence, et les goûts musicaux. La prise de contact se fait par messagerie. L’inscription s'opère en se connectant avec son profil Facebook.
Reste à savoir si les goûts musicaux sont un critère pertinent pour faire de "belles rencontres" ? Difficile de répondre à cette question, sans pousser l’expérience plus avant. :-)




DFX Radio
Pick an artist, choose an explore level, discover new music ( = Choisissez un artiste, définissez un niveau d’exploration, découvrez de nouvelles musiques.)
Cette application de recommandations musicales est proposée par ExploreMatch.comDFX Radio gènère une radio/playlist d’artistes similaires en fonction d’une référence choisie.
Il existe 5 niveaux de choix : au niveau 1, les chansons proposées sont sensées être déjà familières pour utilisateur, inversement au niveau 5, les chansons proposées seront probablement de vraies découvertes pour l’auditeur tout en restant dans le style de sa demande.
Le test de l’application se révèle riche en surprises, par exemple :
• Une recherche sur Prince suggère l’écoute d’artistes indiens : Shankar Mahadevan, Atif Aslam, Kailash Kher, etc.(L'application est très utilisé en Inde, peut-être un début d'explication...)
• Une recherche sur Marek Grechuta (chanteur polonais) dirige l’auditeur vers Edith Piaf (niveau 1), Queen, System of a down, Jimi Hendrix (niveau 2), Enrico Macias, Henri Salvador, Michel Berger (niveau 3)...
DFX Radio est une roulette musicale avec la qualité de ses défauts : elle permet de découvrir d’autres artistes... de manière un peu aléatoire.





Blur
L’application développée par EMI Records est un site dédié à Blur, le groupe emblématique de la Brit-Pop des années 90, emmené par Damon Albarn.
Rien que de l’attendu avec cette présentation très promotionnelle : biographie, discographie, playlists, gigs (timeline 1989-2012).




Armada Stream 40
Weekly’s chart with the best global dance tunes 
Armada est un label de dance hollandaise basé à Amsterdam diffusant : DJ Markus Schulz, Paul Oakenfold, Aly & Fila, Dash Berlin, Paul van Dyk, Roger Shah, Max Graham, Andy Moor, Mischa Daniels, Chicane, Gabriel & Dresden, Armin... La certitude de trouver immédiatement de la musique pour faire la fête en soirée comme avec l'application suivante.




Tiesto's Club Life
Application de l’émission radio hebdomadaire de DJ Tiësto (qui se révèle être un sérieux challenger pour David Guetta, la Hollande l’autre pays de la Dance) deux heures de programme diffusés précédemment sur le canal Radio 538 et aujourd'hui sur 3FM. Là encore, rien d’original : single de la semaine, album du mois, Top 20, Festival du mois.






The FADER
The authority on what’s next in music. The Fader is is the definitive voice of emerging music and the lifestyle that surrounds it." (= L’autorité concernant ce qui est nouveau en musique. Le canal d’excellence de la musique émergente et du style de vie qui va avec). The Fader est une revue musicale et culturelle américaine fondée en 1998, elle traite de l'actualité du hip-hop / R&B, du pop/rock, et de la dance music. Sur Spotify, The Fader propose ses playlists  (comme d’autres revues déjà mentionnées : NME, Rolling Stone, The Guardian, …). Une sélection mainstream, stylée peut-être, formatée sûrement.



fellody
Find people with the same taste in music
A l’instar de Tastebuds, fellody (fellow = semblable, compagnon + melody) permet de rencontrer des personnes ayant des goûts musicaux similaires, transformant Spotify en une plateforme de flirt.
L'inscription se fait via Facebook, puis l’application propose de sélectionner une ou plusieurs de ses playlists par glisser / déposer (drag’n’drop).
L’application calcule ensuite les correspondances possibles (matches) en prenant en compte les critères de tranche d’âge, de sexe et de localisation (pays, distance maximale). Il est possible ensuite d’entrer en contact par messagerie avec les personnes sélectionnées.
Pour Sten Garmark, le directeur de la plateforme Spotify, le créneau semble porteur : "Your taste in music is one of the most common topics of conversation when meeting someone, whether they are a date or just a new friend, and it’s hugely important to have compatible tastes.” (Les goûts musicaux sont l’un des thèmes de conversation les plus courants lorsque l'on rencontre quelqu’un, que se soit pour un premier rendez-vous, ou lorsque l’on fait de nouvelles connaissances. Et c’est vraiment important d’avoir des goûts compatibles).



Ulysses' Classical
L’application est l'extension du blog Spotify Classical dont le projet est de constituer des playlists de musique classique, pour l'essentiel :
• Les intégrales des œuvres d’un compositeur (Bach, Mozart, Beethoven, Schubert,...). Par exemple il est possible écouter 35 différentes versions intégrales des symphonies de Beethoven (par Furtwangler, Karajan, Jochum, Walter… et al.)
• Les sélections d’un critique musical (Alex Ross, …)
• Des sélections thématiques (les femmes compositrices, la musique écrite dans les camps nazis, ...),
• Des sélections par labels (Naxos, Decca, Northern Flowers, …)
Il s'agit d'un travail de curation réalisé par un humain, et pas par un algorithme, avec ses qualités (la fiabilité) et ses limites : aujourd’hui seulement les grands classiques sont ainsi indexés sur un catalogue qui compte des millions de titres.Réaliser des playlists et améliorer l'indexation dans Spotify, peut-être un créneau à prendre pour les bibliothécaires musicaux... :-)




Quincy Jones
"Selected stories et playlists from the legendary Quincy Jones"
Pour le grand public, Quincy Jones restera le producteur des mythiques albums Off the wall (1979) et Thriller (1982) de Michael Jackson. Il s'agit en fait de l’aboutissement d'une carrière de jazzman débutée dans les années 50, comme trompettiste et arrangeur. Quincy Jones a collaboré avec les plus grands : Lionel Hampton, Tommy Dorsey, Gene Krupa, Sarah Vaughan, Count Basie, Dinah Washington, Ray Charles, Frank Sinatra, Barbra Streisand. Il composa également des musiques de films pour Sidney Lumet, Sydney Pollack, Norman Jewison, Anthony Mann.
L’application propose de revenir sur son parcours artistique en 3 chapitres :
• Heroes and mentors (sa carrière de jazzman),
• Music on screen (la musique à l’écran),
• Hit making (la fabrique de tubes : de F. Sinatra à M. Jackson).


Rancid
Groupe de punk californien formé en 1991, Rancid constitue avec Green Day et The Offspring, un des fers de lance du revival punk rock dans les années 90.
Au menu : des playlists punk rock constituées par les membres du groupe, et des playlists punk rock à partir de la discographie du groupe.
En résumé, l’univers musical punk rock de Rancid en playlists. :-)

21 novembre 2012

Ocalić od zapomnienia [Sauver de l’oubli] : chanson de la semaine #105



Le chanteur, poète et compositeur polonais Marek Grechuta (1945-2006) interprète Ocalić od zapomnienia [Sauvé de l'oubli], un poème de Konstanty Ildefons Gałczyński (1905-1953), mis en musique par l'artiste en 1971 (Marek Grechuta / Anawa - Korowód / Polskie Nagrania Muza).



(traduction proposée à partir d'une traduction anglaise et française, et du mot à mot)

Ile razem dróg przebytych?
Ile ścieżek przedeptanych?
Ile deszczów, ile śniegów
wiszących nad latarniami?

Ile listów, ile rozstań,
ciężkich godzin w miastach wielu?
I znów upór, żeby powstać
i znów iść i dojść do celu.

Ile w trudzie nieustannym
wspólnych zmartwień, wspólnych dążeń?
Ile chlebów rozkrajanych?
Pocałunków? Schodów? Książek?

Ile lat nad strof tworzeniem?
Ile krzyku w poematy?
Ile chwil przy Beethovenie?
Przy Corellim? Przy Scarlattim?

Twe oczy jak piękne świece,
a w sercu źródło promienia.
Więc ja chciałbym twoje serce
ocalić od zapomnienia.
Combien de routes parcourues ensemble?
Combien de sentiers arpentés d’un même pas ?
Combien de fois, la pluie et la neige
Au-dessus des réverbères des rues ?

Combien de lettres, combien d’adieux,
De moments difficiles dans combien de villes ?
Et trouver la force encore de continuer
De marcher encore vers le but qu’on s’est fixé.

Combien d’anxiétés partagées,
De préoccupations et d’aspirations communes ?
De pain partagé avec la souffrance?
De baisers ? d'étapes ? De livres ?

Combien d’années à façonner des strophes ?
Combien de poèmes criés à tue-tête ?
Combien de moments avec Beethoven ?
Avec Corelli ? Avec Scarlatti ?

Tes yeux ont la beauté des bougies,
Ton cœur est source de cette lumière.
Je voudrais donc ton cœur
Sauver de l’oubli.


Discographie disponible : Korowod (EMI Poland, 2000)

Source et références :
Marek Grechuta - Wikipédia - Discogs -
Konstanty Ildefons Gałczyński - Wikipédia -

17 novembre 2012

Le coeur battant : chanson de la semaine #104



Chanteuse allemande d'expression française, Eva Killutat débuta sa carrière dans les années 60 en interprétant des chansons de Barbara et d'Anne Sylvestre, puis le répertoire de Marlène Dietrich.
En 1972, dans l'émission Discorama de Denise Glaser, Eva chante "Le cœur battant".


Discographie disponible : "A Marlène" (Le Chant du Monde, 2010)

Page Wikipédia

http://www.evamusique.com/

09 novembre 2012

Revue de presse, revue de blogs - Octobre 2012


Muriel ou Le temps d'un retour (1963)
un film d'Alain Resnais
musique d'Hans Werner Henze


Culture musicale
Le compositeur allemand Hans Werner Henze est mort - Le Point, 27/10

Theodor Adorno, Max Horkheimer, Kulturindustrie. Raison et mystification des masses - Benjamin Caraco - Les comptes rendus, 12/10

Musique préhistorique ? - Jean-Marc Onkelinx, 09/10

Mythologie du metal moderne - Des chibres et des lettres, 08/10

Hey Jude, chanson la plus mentionnée dans la littérature anglo-saxonne - Slate, 08/10

La musique dans les jeux vidéo : un art à part entière ? Sound Cultur'All, 07/10
sur le sujet, à lire également : Musique et gameplay - Les forges, 29/02

• Approches sociologiques de la Musique - 1 & 2 - Conflit, 1-3/10

Musique numérique

L'offre Google Musique arrive en France le 13 novembre - NouvelObs, 29/10
à lire aussi : Google Music, le son sans le sou (Écrans)

How Spotify Changed Music - Hypebot, 26/10

La Médiathèque lance Beat Bang: électro, mode d'emploi - Le Vif, 17/10

Neil Young dévoile Pono - Journal du Geek, 03/10

Blu-ray Audio: nouveau format pour la musique haute-fidélité - Audio Video HD, 02/10

A Guide To Music Blog Powered Apps - Hypebot, 28/09

Industrie musicale

La fnac arrête le téléchargement - Viva Musica, 31/10

Les ventes de vinyles explosent:chiffres et explications - Presse Citron, 27/10

Comment la musique a survécu à Internet - Les archivistes, 26/10

Musique : pourquoi le CD n'est (peut-être) pas mort - Le Point, 25/10

L’histoire édifiante d’un artiste se faisant pirater sa propre musique par les plateformes de vente - Nikopik, 17/10

Selon une étude, les adeptes du P2P achètent plus de musique que les autres - PCInpact, 16/10

Lana Del Rey, symbole d'une industrie musicale en crise - Slate, 15/10

"La musique à la radio : bonjour business ?" - Télérama, 13/10

La difficile équation financière des plates-formes de « streaming » - Les échos, 10/10

Pinault s'apprête à vendre la Fnac, sursis pour La Redoute - Le Parisien, 07/10

Politique culturelle, régulation juridique

Le discours en intégralité d'Aurélie Filippetti au MaMA - IRMA, 30/10

Téléchargement : 'Linkstorm', nouvel outil de la Hadopi - Le Monde, 25/10

Hadopi : Filippetti veut lutter contre le streaming et le téléchargement direct - Numérama, 24/10

Lescure de rattrapage : gestion collective, licence globale et copie privée - Écrans, 19/10

Une culture, mais à titre exceptionnel - Owni, 15/10

Le CNM est mort, vive le CNM (acte 2) - La Guerre du bouton, 12/10

08 novembre 2012

Les Basiques : la musique électronique, un ouvrage hypermédia disponible en ligne gratuitement



En octobre 2012, David Chauveau recevait Jean-Yves Leloup dans l’émission Table des Matières sur Fréquence Paris Plurielle. Ce dernier était venu présenté Les Basiques : la musique électronique, un ouvrage paru en ligne sur le site Olats.org.

Transcription d'un extrait de l'interview :

Jean-Yves Leloup : La musique s'hybride tout naturellement, prend pas mal de circonvolutions. C’est assez difficile de suivre aujourd'hui l'actualité, la nature, l'esthétique de la musique électronique tellement elle s'est infiltrée un peu partout, dans tous les genres musicaux. C'est devenu une des musiques les plus populaires aux Etats-Unis. Une grande partie des artistes du Hip-Hop et du R&B se sont mis à une certaine forme d’électronique, dansante, assez populaire, assez mercantile, mainstream. Et de l'autre côté, vous avez les tréfonds de l’underground sous des formes nombreuses et variées. Entre ces deux extrêmes, il y a toutes les formes possibles et imaginables. La musique électronique en soit, ça ne veut pas dire grand-chose. C’est assez difficile  de parler de la musique électronique, on est obligé de parler de plein de tendances, de styles, de genres différents, de pays, d’époques, et d’esthétiques qui parfois s’opposent, s’affrontent carrément.

David Chauveau : Même si cette musique est de nature un peu rhyzomale, grâce aux Basiques, vous définissez une vision panoptique : on est un peu en surplomb, on arrive à voir loin devant, loin en arrière, et puis les chemins de traverse, les à-côtés. C’est un ouvrage qui se veut synthétique, pédagogique, mais étant donné l’aspect constellaire de cette musique, chaque genre a besoin de spécialistes. On apprend des choses. L'ouvrage s’appelle les Basiques, mais c’est une somme, néanmoins.

Jean-Yves Leloup : Oui c’est une somme. C’est un ouvrage d’abord que l’on appelle hypermédia, ça veut dire avec des liens hypertextes tout simplement, ça n’a rien d’extraordinaire. Il est disponible en ligne et gratuitement, il a été financé par le Ministère de la Culture en partie, et par des associations qui travaillent sur les relations entre l’art et la science : Olats et Leonardo, qui publient toute une série d’ouvrages qui s’appellent les basiques, sur l’art et les technologies.

[Il s’agit du quatrième volume de la collection Les basiques, après L'art "multimédia", par Annick Bureaud, 2004, La littérature numérique, par Philippe Bootz, 2007, et L'animation numérique, par Verònica Camacho, 2008]

L’idée était de faire un ouvrage accessible à tous, un ouvrage de référence, qui pourrait ressembler à une sorte de Que sais-je ?, ou à des pages Wikipédia, avec une certaine distance, une certaine froideur, une rigueur scientifique, presque universitaire. En tout cas c’est l’éthique de Leonardo et d’Olats.

David Chauveau : Néanmoins on n’échappe pas à une certaine subjectivité, à un goût, vous avez un goût…

Jean-Yves Leloup : La subjectivé était autorisée, mais dans ces ouvrages, lorsque l’on émet son opinion, il faut le dire clairement. Dans ce type d’ouvrage, on ne fait pas de littérature, comme je peux le faire  en journaliste, dans la presse magazine [..]
D’autre part, il faut être universaliste, et avoir une vision assez globale des différents genres musicaux : depuis l’apparition des premiers instruments électroniques, des premières expérimentations à l’aide de l’électricité, vers la fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle, jusqu’aux dernières évolutions actuelles de la musique dancefloor la plus populaire, en passant par les musiques savantes de l’après-guerre, et par beaucoup d’autres choses.
Et encore, l’ouvrage n’est pas entièrement complet, puisqu’il y aura un 2ème ouvrage qui sera rédigé par un de mes confrères, Marc Battier, qui est un compositeur et un universitaire assez éminent, qui lui parlera de la musique contemporaine et notamment de la musique électronique d’un point de vue plus savant, plus contemporain, plus lié aux avant-gardes, et en résumé à l’IRCAM, à ce genre de maisons, et aux universités américaines. Avec ces deux ouvrages, on aura fait ainsi un joli tour d’horizon.

David Chauveau : Et ce projet, c’est quelque chose que vous portiez personnellement, ou alors vous avez été sollicité ?

Jean-Yves Leloup : C’est un ouvrage de commande de la part d’Annick Bureau, la directrice de Leonardo en France ; c’est une association qui aux États-Unis est liée au MIT (Massachusetts Institute of Technology). [...] Dans ce type d’ouvrage, on survole un peu tout, on essaie de dresser des ponts, des perspectives, de donner des pistes au lecteur.

David Chauveau : Vous parliez d’une dimension pédagogique. Vous avez aussi envie de transmettre un savoir.

Jean-Yves Leloup : Certainement, je donne quelques cours dans une école de cinéma, et à la fac de Paris 3 sur le journalisme musical. En tant que journaliste, j’ai aussi un rôle de passeur : militer pour faire connaître certains artistes, certaines tendances musicales.

David Chauveau : Vous qui avez produit, écrit des livres papier, quel était pour vous l’avantage majeur de ce livre-ci ? Evidemment vous pouvez l’amender. Est-ce que c’est prévu ?

Jean-Yves Leloup : Ce n'est pas spécialement prévu. Il est vraiment daté. Je ferai sans doute quelques corrections, dans quelques semaines, quelques mois, suite aux réactions de certains spécialistes. Parce que je ne suis spécialiste de rien, enfin je connais la musique électronique, mais j’essaye de m’inspirer des connaissances de mes confrères.
L’avantage, qui est un avantage très contemporain, qui n’était même pas possible il y a 4 ou 5 ans, c’est de pouvoir poster en ligne des morceaux qui sont maintenant en grande partie sur Youtube. D’ailleurs, je n’ai utilisé quasiment que Youtube. Des morceaux parfois rares, historiques, très underground. Donc on lit et on écoute en même temps. Ce qui n’est bien sûr pas possible dans la presse écrite ou dans la littérature. Et même, ce type de recherche n’était pas possible il y a 4 ou 5 ans, car Youtube n’était pas à l'époque un tel réceptacle pour la musique.
C’est vraiment un outil de streaming pour la musique, absolument extraordinaire qui est beaucoup plus riche que les sites tels que Deezer ou Spotify qui sont déjà assez chargés, mais qui ne recensent pas tous les morceaux les plus pointus. Cela permet d’accélérer la recherche de références historiques, à condition bien sûr que les morceaux soient bien référencés en terme de date et de titre, etc. Avec ça, et des outils comme Discogs, qui est un site assez bien fait pour les discographies d’artistes, ça aide vraiment le travail du journaliste et des passionnés de musique.

David Chauveau : Oui, c’est fou, comme la fréquentation de Youtube peut perdre l’auditeur, on est projeté de page en page, et on découvre des choses que l’on imaginait pas quelques secondes avant…

Jean-Yves Leloup : Absolument, et là ça apporte un vrai plus pour ceux qui veulent connaître la musique électronique, on peut vraiment confronter ses connaissances, ce que l’on vient d’apprendre et son jugement personnel immédiatement.
Souvent on lisait des livres, parfois les musiques (des pionniers, par exemple) restaient des légendes jusqu’à ce qu’on tombe un jour sur une musique, sur un disque, une compilation historique, aujourd’hui c’est différent. Je pense qu’il y a un peu moins de légendes finalement dans la musique, parce que l’on peut très rapidement confronter ce qu’on lit, et son goût personnel, son écoute personnelle. [...]

***

Sommaire des Basiques : la musique électronique de Jean-Yves Leloup :
Introduction : Qu'est-ce que la musique électronique ?
Quelles sont les premières expérimentations des technologies dans la musique ?
Comment l'électronique est-elle devenue pop (1968-1988) ?
Qu'est-ce que la house, la techno, quelle est leur histoire et leur descendance (1988-2011) ?
Quelles sont les pratiques et l'histoire des DJ ?
Quelle est la place des femmes dans la musique électronique ?
Quels sont les outils et les technologies de la musique électronique ?
En quoi les pratiques électroniques ont-elles transformé la musique et la culture de la fin du 20e siècle ?
Où et comment s'écoute la musique électronique ?
Quels sont les grands courants esthétiques actuels de la musique électronique ?
Festivals, lieux, clubs et événements
Bibliographie


Ecouter l'émission Table des Matières

Consulter l'ouvrage Les Basiques : la musique électronique

via Global Techno

02 novembre 2012

6 chanteurs très populaires en Hongrie

Vases Communicants [Közlekedőedények / Communicating Vessels] #2.11
Sur le principe des Vases Communicants, Mediamus et Hangtárnok (le blog du département musique de la bibliothèque Bródy Sándor de la ville d'Eger en Hongrie) s'invitent mutuellement chaque premier vendredi du mois, chacun publiant sur le blog de l'autre.


Péter Máté
Péter Máté (1947-1984) est le compositeur et l’interprète de près de 150 chansons devenues véritablement cultes dans la musique populaire hongroise.
Né en 1947, à Budapest, Péter Máté apprend le piano et la guitare à l’âge de 6 ans d’abord avec un professeur privé, puis au conservatoire. Repéré pour son talent et son potentiel vocal, il reçoit l’enseignement de György Geszler et de András Bágya. Il acquiert des bases musicales qui lui seront très utiles par la suite. Il réalise ses premiers enregistrements en 1965 à la radio hongroise. Avec ses chansons, il remportera le 1er prix au festival russe de la jeune chanson de Sochi, une manifestation qui accueillait les artistes du bloc de l’Est. Ce prix lui accorde une grande notoriété dans la région. Il recevra d’autres prix au niveau international, notamment à Cuba, au Canada, en Allemagne et en Irlande.
A côté de sa carrière de chanteur, il écrit des comédies musicales (comme la version hongroise de Jésus Christ Superstar) et de la musique de scène pour le théâtre.
Mais cette grande popularité s’accompagna d’un changement de style de vie, d'une trop forte consommation de tabac et d’alcool, que son cœur fragile ne supporta pas. Il meurt d’un crise cardiaque à 37 ans en 1984. La cérémonie d'enterrement cimetière Farkasréti de Budapest rassembla des dizaines de milliers de fans.




Gyula Vikidál
Né en 1948, Gyula Vikidál commença sa carrière comme choriste dans des groupes de rock comme Iris, Pannonia, Gezarol, Pop, Rekorder et Gemler. Il rejoint P. Mobil, un groupe de heavy rock, qui passe rapidement du statut de groupe underground à celui de groupe à succès. Dans les années 80, il devient très populaire en participant à des comédies musicales comme Koppány, Jesus Christ Superstar, Les Misérables, etc. Ancien athlète althérophile, Gyula Vikidál a une allure très masculine et très virile. Son loisir favori est la pêche sportive. En 2004, son image est écornée, il est au coeur d’un scandale, on l'accuse d'avoir été un informateur de l’état. En 2008 il repart en tournée avec un nouveau groupe incluant Péter Tunyogi, László Kékesi, Joe Rudán et András Zeffer.



Charlie


De nom vrai nom Horváth Károly, Charlie est né en 1947. Membre de groupes Decca, Olympia et General dans les années 60 et 70, il jouera pendant une période, en Norvège, en Suisse, en Espagne et au Japon.
De retour en Hongrie dans les années 90, il fonde avec Tibor Tatrai, le Tatrai Band, un groupe de blues rock progressif. Il a joué avec les meilleurs musiciens hongrois et ses albums se vendent bien.



Pál Szécsi

Pál Szécsi (1944 – 1974) est probablement l’un plus populaires chanteurs hongrois de tous les temps. Il fut même élevé au statut d’idole de son vivant.
Son père professeur de linguistique, est tué dans les derniers mois de la 2ième Guerre Mondiale. Sa mère le confie avec ses 2 frères à des parents nourriciers. Pendant la Révolution de 1956, elle s’enfuit du pays en passant par l’Autriche, pour aller aux Etats-Unis, en laissant ses enfant en Hongrie.
Ces évènements occasionneront de graves problèmes de santé ainsi que des troubles psychologiques et nerveux chez Szécsi tout au long de son enfance et de sa jeunesse. L’orphelin est donc confié au soin de l’état jusqu’à l’âge de 16 ans, âge auquel il travaillera comme ouvrier à différents endroits.
Intéressé par le monde du spectacle  il devient d’abord mannequin, puis prend des cours de chant. Repéré par des producteurs de télévision, il participe à des festivals de chanson pour la jeunesse, où il rencontre ses premiers succès. IL sera célèbre dans tout le pays en reprenant le répertoire des chansons populaires italiennes de l’époque.
 Fragile psychologiquement, alcoolique, ayant subi plusieurs ruptures douloureuses, Pál Szécsi se suicidera en 1974. Son enterrement sera le théâtre de scènes d’hystérie de la part de ses fans éperdus de douleur.



Deák Bill Gyula

"Il a la voix la plus noire de tous les chanteurs blancs que j'ai jamais entendu" dit Chuck Berry en parlant de Deák Bill Gyula. Bill commença sa carrière au sein du Hobo Blues Band de 1979 à 1985. Il chanta dans la comédie musicale Jesus Christ Superstar et enregistra un album solo en 1983 album Bad Blood (Rossz Vér), avant de fonder the Deák Bill Blues Band en 1987. Le groupe qui joue du rhythm and blues a acquis une grande popularité en étant fréquemment programmé dans les grands festivals hongrois.



Sándor Révész

Sándor Révész est le chanteur de groupes légendaires en Hongrie tels que General et Piramis. Piramis se reforma temporairement en 1992. En 1993, Sándor Révész entreprend une carrière en solo En 2012, il reçoit l’ordre du mérite de la République de Hongrie.