En Italie : à Florence, Rome, Venise, Milan. On peut la faire débuter vers 1350 avec 2 grands auteurs : Pétrarque et Boccace. Mais son véritable age d’or se situe entre 1450 et 1500 que l'on nomme le "Quattrocento".
Pour Jean Delumeau, la Renaissance est «l’époque où la civilisation de l’Europe a de façon décisive distancée les civilisations parallèles. » Une assertion qui pourrait être contestée par d'autres penseurs des civilisations.
La Renaissance commence d'abord avec une autre façon de concevoir l'histoire :
Les historiens de la Renaissance rejètent la division médiévale chrétienne de l'histoire, à savoir :
la Création, la venue de Jésus-Christ le Jugement dernier.
A la Renaissance, la vision de l'histoire comporte également trois parties : elle débute par l'Antiquité, suivie par le Moyen Âge (l'âge du milieu), et enfin l'âge d'or de la Renaissance qui vient de commencer.
Le terme de « Moyen Âge » » semble avoir été utilisé pour la première fois par Flavio Biondo de Forlí, secrétaire apostolique à Rome, dans Historiarum ab inclinatione Romanorum imperii decades (« Décades historiques depuis le déclin de l'Empire romain »), écrites dans les années 1450 et publiées en 1483. Pour cet historien humaniste, le terme évoque l'idée d'une mise entre parenthèses du temps, d'une interruption du progrès ; cette période de stagnation culturelle se situe entre la gloire de l'Antiquité classique et la renaissance de cette gloire, au début du monde moderne. C'est seulement au XVIIe siècle que l'emploi du terme se généralise.
Alors que les savants médiévaux condamnent le monde païen grec et romain, peuplé selon eux d'ignorants et de barbares, les savants, philosophes et historiens de la Renaissance admirent les Anciens.
Ils proclament leur propre époque comme celle de « la renaissance » des classiques grecs et Romains. C'est ce courant de pensée que l'on a appelé Humanisme.
Il faut aujourd'hui relativiser cette conception négative de la culture médiévale.
Quand commence la Renaissance en France ?
En 1450 avec l'imprimerie par Gutemberg ?
En 1491 avec la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb ?
Réellement plus tardivement en 1515 avec le début du règne de François 1er,(1494-1547), et la victoire de Marignan. François 1er s’empare du Milanais et rapporte dans ses bagages la culture italienne.
La Renaissance française va s’étendre sur le XVIe siècle du règne de François Ier à celui d’Henri IV.
C’est une période d’intense de création littéraire et artistique (architecture, peinture, ...) :
Quelques écrivains et poètes : Ronsard, Du Bellay, Baïf, Rabelais, Montaigne, Clément Marot
Y-a-t-il une musique de la Renaissance ?
Musicalement la Renaissance n'introduit aucune réelle rupture stylistique.
Comme on l'a vu, la Renaissance musicale reste l'œuvre de l'école franco-flamande et non d'une école italienne.
En musique, la référence à l'Antiquité est une impasse ; la raison en est simple : aucun exemple de musique grecque ou romaine n'est connu à l’époque : l'imitation des anciens s'avère donc ici impossible (à l'inverse de l'architecture et de la sculpture comme le fit l’architecte Leon Battista Alberti (1404-1472) en commentant Vitruve « De architectura » ).
Cependant, les musiciens de la Renaissance connaissent le pouvoir fabuleux accordé à la musique dans la mythologie : Orphée devient à cette époque une figure emblématique.
Jean Antoine de Baïf (1532-1589) et l’académie de musique et de poésie.
L'imitation de l'Antique, impossible en musique faute de sources trouve un accomplissement en poésie.
Ainsi Jean Antoine de Baïf veut réformer la poésie en l’associant à la musique et en réhabilitant la métrique gréco-romaine (fondée sur les syllabes longues et les syllabes brèves) ainsi va-t-il travaillé avec Claude Lejeune à des chansons en vers mesurés à l’antique.
Deux musiciens représentatifs de la Renaissance Française : Clément Janequin et Claude Le Jeune
Clément Janequin (1485-1558)
Maître de la "chanson parisienne", Janequin passe les 25 premières années de sa vie dans le Bordelais. En 1549, il s'installe à Paris et devient chantre ordinaire du roi. A l'âge de soixante-dix ans, il décide de devenir étudiant et entre à l'Université de Paris. Ses fonctions à la chapelle royale assurent son existence mais ne l'empêcheront pas de mourir dans la pauvreté.
Clément Janequin apparaît comme le maître de la chanson polyphonique du XVIe siècle, surtout dans le domaine de la musique profane. Son nom reste attaché aux Amours de Ronsard, à quelques poèmes de François Ier qu'il illustre musicalement, et à ceux également de Clément Marot.
La partie la plus originale et la plus célèbre de son œuvre est la chanson descriptive. Ce sont de grandes chansons ponctuées d'interjections, de cris, de paroles et d'onomatopées qu'on peut considérer comme les ancêtres de « la musique à programme ». Parmi celles-ci, on peut citer :
Le Chant des oiseaux, La Guerre (la bataille de Marignan), un texte truffé d'onomatopées qui ressemble à du Henri Michaux, La Chasse (« Gentils veneurs », retraçant les péripéties d'une chasse de François Ier en forêt de Fontainebleau) ; Les Cris de Paris (ceux des marchands ambulants), Le Caquet des femmes...
Ces oeuvres lui valurent une renommée européenne, alors que la France ne l'avait pas encore reconnu à sa mort. Hommage du poète Antoine le Baif à Janequin :
" ... Soit que représenter le vacarme il ose,
Soit qu'il joue en ses chants le caquet féminin,
Soit que des oisillons les voix il représente,
L'excellent Janequin, en tout cela qu'il chante
N'a rien qui soit mortel, mais il est tout divin. "
extrait de "La guerre", baptisée également "La bataille de Marignan"
France courage, courage
Donnez des horions
Chipe, chope, torche, lorgne
Pa ti pa toc tricque, trac zin zin
Tue ! à mort ; serre
Courage prenez frapez, tuez.
Gentilz gallans, soyez vaillans
Frapez dessus, ruez dessus
Fers émoluz, chiques dessus, alarme, alarme !
Courage prenez après suyvez, frapez, ruez
Ils sont confuz, ils sont perduz
Ils monstrent les talons.
Escampe toute frelore la tintelore
Ilz sont deffaictz
Victoire au noble roy Francoys
Escampe toute frelore bigot.
Une autre chanson dans un style grivois : "Frère Thibault, séjourné, gros et gras" (poème de Clément Marot)
Frere Thibault, sejourne, gros et gras,
Tiroit de nuyt une garse en chemise
Par le treillis de sa chambre, ou les bras
Elle passa, puis la teste y a mise
Et puis le seing, mais elle fut bien prise,
Car le fessier y passer ne peult onc :
"Par la mort bien, ce dict le moyne a donc,
Il ne m'enchault De bras, tetin ne teste ;
Passez le cul, ou vous retirez donc :
Je ne scauroys sans luy vous faire feste."
Claude Le Jeune (1528-1600)
Au service du duc d'Anjou, il devient vers 1594, compositeur de la chambre du roi Henri IV. Il compose des messes, motets, psaumes, airs, chansons spirituelles et profanes. Membre de l'Académie de musique et de poésie fondée par A. de Baïf, Le Jeune se consacre à la musique « mesurée », écrite dans un grand respect du texte.
Perdre le sens devant vous (extrait d'un poème de Jean-Antoine Le Baïf)
Perdre le sens devant vous,
Trembler, épris, et changer
tein et regard, et maintien :
D'où vient cela ie vous pri ?
Dequoy, coment, et pourquoy ?
Dite-le moy, dite-le moy ie vous pri'...
Clément Janequin (1485-1558)
Maître de la "chanson parisienne", Janequin passe les 25 premières années de sa vie dans le Bordelais. En 1549, il s'installe à Paris et devient chantre ordinaire du roi. A l'âge de soixante-dix ans, il décide de devenir étudiant et entre à l'Université de Paris. Ses fonctions à la chapelle royale assurent son existence mais ne l'empêcheront pas de mourir dans la pauvreté.
Clément Janequin apparaît comme le maître de la chanson polyphonique du XVIe siècle, surtout dans le domaine de la musique profane. Son nom reste attaché aux Amours de Ronsard, à quelques poèmes de François Ier qu'il illustre musicalement, et à ceux également de Clément Marot.
La partie la plus originale et la plus célèbre de son œuvre est la chanson descriptive. Ce sont de grandes chansons ponctuées d'interjections, de cris, de paroles et d'onomatopées qu'on peut considérer comme les ancêtres de « la musique à programme ». Parmi celles-ci, on peut citer :
Le Chant des oiseaux, La Guerre (la bataille de Marignan), un texte truffé d'onomatopées qui ressemble à du Henri Michaux, La Chasse (« Gentils veneurs », retraçant les péripéties d'une chasse de François Ier en forêt de Fontainebleau) ; Les Cris de Paris (ceux des marchands ambulants), Le Caquet des femmes...
Ces oeuvres lui valurent une renommée européenne, alors que la France ne l'avait pas encore reconnu à sa mort. Hommage du poète Antoine le Baif à Janequin :
" ... Soit que représenter le vacarme il ose,
Soit qu'il joue en ses chants le caquet féminin,
Soit que des oisillons les voix il représente,
L'excellent Janequin, en tout cela qu'il chante
N'a rien qui soit mortel, mais il est tout divin. "
extrait de "La guerre", baptisée également "La bataille de Marignan"
France courage, courage
Donnez des horions
Chipe, chope, torche, lorgne
Pa ti pa toc tricque, trac zin zin
Tue ! à mort ; serre
Courage prenez frapez, tuez.
Gentilz gallans, soyez vaillans
Frapez dessus, ruez dessus
Fers émoluz, chiques dessus, alarme, alarme !
Courage prenez après suyvez, frapez, ruez
Ils sont confuz, ils sont perduz
Ils monstrent les talons.
Escampe toute frelore la tintelore
Ilz sont deffaictz
Victoire au noble roy Francoys
Escampe toute frelore bigot.
Une autre chanson dans un style grivois : "Frère Thibault, séjourné, gros et gras" (poème de Clément Marot)
Frere Thibault, sejourne, gros et gras,
Tiroit de nuyt une garse en chemise
Par le treillis de sa chambre, ou les bras
Elle passa, puis la teste y a mise
Et puis le seing, mais elle fut bien prise,
Car le fessier y passer ne peult onc :
"Par la mort bien, ce dict le moyne a donc,
Il ne m'enchault De bras, tetin ne teste ;
Passez le cul, ou vous retirez donc :
Je ne scauroys sans luy vous faire feste."
Claude Le Jeune (1528-1600)
Au service du duc d'Anjou, il devient vers 1594, compositeur de la chambre du roi Henri IV. Il compose des messes, motets, psaumes, airs, chansons spirituelles et profanes. Membre de l'Académie de musique et de poésie fondée par A. de Baïf, Le Jeune se consacre à la musique « mesurée », écrite dans un grand respect du texte.
Perdre le sens devant vous (extrait d'un poème de Jean-Antoine Le Baïf)
Perdre le sens devant vous,
Trembler, épris, et changer
tein et regard, et maintien :
D'où vient cela ie vous pri ?
Dequoy, coment, et pourquoy ?
Dite-le moy, dite-le moy ie vous pri'...
Discographie disponible à la Médiathèque de Dole
Psaumes et chansons de la réforme / Paschal de l'Estocart, Claude Le Jeune, Clément Janequin... ; Ensemble Clément Janequin, Dominique Visse, dir. - Harmonia Mundi, 2000
Jacques Moderne : Fricassées lyonnaises / Doulce Mémoire, Denis Raisin Dadre. - Astrée : naïve, 1996
Inconstance et Vanité du Monde : musique à la Cour de France et de Savoie en 1601 / Claude Le Jeune, Luca Marenzio ; programme conçu par Anne Quentin. - Astrée : Naïve, 2000
"Heureux qui comme Ulysse" : musiques et chants du XVIe siècle / Claude Gervaise, Claudin de Sermisy, Josquin des Prés, Gabriel Bataille, Pierre Attaingnant... ; Ensemble Jehan de Channey. - De Plein Vent, 1994
Pierre Attaingnant : imprimeur et libraire en musique du Roy : préludes, chansons et danses pour luth / Claudin de Sermisy, Pierre Moulu ; Hopkinson Smith, luth
La Chasse et autres chansons / Claude Janequin ; Ensemble Clément Janequin.- Harmonia Mundi, 1988
Airs et psaumes mesurés à l'Antique / Claude Le Jeune ; Claudine Ansermet, S ; Paolo Cherici, liuto
Le printans / Claude Le Jeune ; Huelgas Ensemble ; Paul Van Nevel, dir. - Sony Classical, 1996