01 octobre 2022

Le capharnaüm #94 : Il se mettait franchement en colère, comme quelqu’un qu’est bien dans son tort...

Les bureaux du Génitron en fait de terrible désordre, de capharnaüm absolu, de pagaye totale, on pouvait pas voir beaucoup pire... Depuis le seuil de la boutique jusqu’au plafond du premier, toutes les marches, les aspérités, les meubles, les chaises, les armoires, dessus, dessous, c’était qu’enfoui sous les papelards, les brochures, tous les invendus à la traîne, un méli-mélo tragique, tout crevassé, décortiqué, toute l’œuvre à Courtial était là, en vrac, en pyramides, jachère... On discernait plus le dictionnaire, les cartes des traités, les mémoires oléographiques dans le tumulus dégueulasse. On pénétrait au petit bonheur, en tâtonnant un peu la route... on enfonçait dans une ordure, une fuyante sentine... [...]
Lui pourtant ça l’alarmait pas...[...]
Il avait le sens du désordre... Il plaignait tous ceux qui l’ont pas... Tout l’ordre est dans les idées ! Dans la matière pas une trace !... Quand je lui faisais ma petite remarque que ça m’était bien impossible de me dépêtrer dans cette pagaye et ce vertige, alors c’est lui qui faisait vilain et il m’incendiait... Il me laissait même pas respirer... Il prenait d’autor l’offensive... « Évidemment, Ferdinand, je ne vous demande pas l’impossible ! [...] Vous aimez mieux regarder les filles ! Vous ne pouvez donc pas savoir ! Vous persuader bien facilement du premier coup d’œil sincère, que le désordre, mais mon ami c’est la belle essence de votre vie même ! de tout votre être physique et métaphysique ! Mais c’est votre âme Ferdinand ! des millions, des trillions de replis... intriqués dans la profondeur, dans le gris, tarabiscotés, plongeants, sous-jacents, évasifs... inimitables ! Voici l’Harmonie, Ferdinand ! Toute la nature ! une fuite dans l’impondérable ! Et pas autre chose ! Mettez en ordre, Ferdinand, vos pauvres pensées ! Commencez par là ! Non par quelques substitutions grimacières, matérielles, négatives, obscènes, mais dans l’essentiel je veux dire ! Allez-vous pour ce motif vous précipiter au cerveau, le corriger, le décaper, le mutiler, l’astreindre à quelques règles obtuses ? au couteau géométrique ? Le recomposer dans les règles de votre crucifiante sottise ?... L’organiser tout en tranches ? comme une galette pour les Rois ? avec une fève dans le milieu ! Hein ? Je vous pose la question.
[...]En l’Harmonie, Ferdinand, la seule joie du monde ! La seule délivrance ! La seule vérité !... L’Harmonie ! Trouver l’Harmonie ! Voilà... Cette boutique est en Har-mo-nie !... M’entends-tu ! Ferdinand ? comme un cerveau pas davantage ! En ordre ! Pouah ! En ordre ! Enlève-moi ce mot ! cette chose ! Habituez-vous à l’Harmonie ! et l’Harmonie vous retrouvera ! Et vous retrouverez tout ce que vous cherchez depuis si longtemps sur les routes du Monde... Et encore bien davantage ! question cosmogonique ! J’ai pas d’ordre à donner ! Tu n’as pas d’ordre ! Il n’a pas d’ordre !... Buah ! Buah ! Buah !... » [...]
Il se mettait franchement en colère, comme quelqu’un qu’est bien dans son tort...
 Louis-Ferdinand Céline, Mort à Crédit, Denoel,1936 


Edu Lobo - Pra Dizer Adeus


Pra Dizer Adeus (Edu Lobo - Torquato Neto)
Adeus / Vou pra não voltar / E onde quer que eu vá / Sei que vou sozinho / Tão sozinho amor / Nem é bom pensar / Que eu não volto mais / Desse meu caminho
(Au revoir / Je ne vais pas revenir / Et peu importe où je vais / Je sais que j'y vais seul / Si seul mon amour / Qu'il n'est pas bon de penser / Que mon chemin est sans retour)


Elis Regina - Só tinha de ser com você


Só tinha de ser com você (Antonio Carlos Jobim / Aloysio de Oliveira)
É, só tinha de ser com você / Havia de ser pra você / Senão era mais uma dor / Senão, não seria o amor
(Oui, ça ne pouvait être qu'avec toi / Ce devait être pour toi / Sinon ce serait une douleur de plus / Sinon ce ne serait pas l'amour)


Chico Buarque - A Volta do Malandro


A volta do malandro (Chico Buarque)
Eis o malandro na praça outra vez / Caminhando na ponta dos pés / Como quem pisa nos corações / Que rolaram dos cabarés
[Voici à nouveau le voyou dans la place / Marchant sur la pointe des pieds / Comme on marche sur les cœurs / Pour courir les cabarets]



Nara Leão - Samba de uma nota só e Samba do Avião


Samba de uma nota só (samba sur une seule note) (Antônio Carlos Jobim - Newton Mendonça)
Eis aqui este sambinha feito numa nota só / Outras notas vão entrar, mas a base é uma só / Esta outra é consequência do que acabo de dizer / Como eu sou a consequência inevitável de você / Quanta gente existe por aí que fala tanto e não diz nada / Ou quase nada
(Voici une samba faite d'une seule note / D'autres notes viendront, mais la base c'est une seule / Cette autre est la conséquence de ce que je viens de dire / Comme je suis la conséquence inévitable de toi / Combien de gens là-bas qui parlent tant et ne disent rien / ou presque rien)

João Gilberto e Os Cariocas - Só Danço Samba


Extrait de Copacabana Palace, un film italo-franco-brésilien de Steno (1962), avec Mylène Demongeot, Claude Rich, Raymond Bussières et... Luiz Bonfá, João Gilberto, Antônio Carlos Jobim (wikipédia)
"Só Danço Samba" (Antônio Carlos Jobim - Vinicius de Moraes)
Só danço samba / Só danço samba / Vai / Já dancei o twist até demais / Mas não sei, me cansei / Do calipso ao chá-chá-chá
[Je ne danse que la samba / Je ne danse que la samba / Allez / J'ai trop dansé le twist / Je ne sais pourquoi, je suis fatigué / Du calypso et du Cha-cha-cha]