Les Créatures de Prométhée, Op. 43 : ouverture
Les Créatures de Prométhée a été composé entre 1800 et 1801, il s'agit d'un ballet commandé par le chorégraphe italien Salvatore Viganò. Le ballet sera créé à Vienne le 28 mars 1801. De l'oeuvre initiale constituée d'une introduction et de 16 numéros, seule l'ouverture est aujourd'hui donnée en concert.
L'argument du ballet :
"Prométhée, fuyant la colère divine sous forme d'orage, rejoint deux statues d'argile qu'il a modelées et leur donne vie. Mais ses créatures semblent privées d'intelligence et refusent de lui obéir, si bien que, de dépit, il songe un instant à les détruire. Au matin, il a l'idée de leur montrer des fruits et des fleurs ; sensibles à cette beauté naturelle, les créatures acceptent enfin de suivre Prométhée jusqu'au Parnasse où il demande à Apollon de leur instruire et de leur accorder raison et sentiments. Apollon invite alors Euterpe et Amphion (ou Orphée, selon les sources) à jouer. Au son de la harpe, les créatures s'éveillent à la sensibilité et se découvrent homme et femme. Une marche militaire annonce la venue de Mars qui les initie à la danses de boucliers. Mais il est suivi de la mort sous les traits de Melpomène, déesse de la tragédie, qui leur révèle leur destinée de mortels et tue Prométhée pour le punir de les avoir condamnés à une si terrible fatalité. La nuit tombe, les créatures implorent l'aide des dieux. Melpomène disparaît et, sur un geste de Thalie, muse de la comédie et des fêtes, un couple vient relever Prométhée qui prend place parmi les dieux. Les deux créatures s'avouent leur amour, un cortège nuptial se forme, Pan et Bacchus entraînent tout le monde dans une danse joyeuse et chacun loue Prométhée et rend grâce aux Dieux. " (source : lvbeethoven.com)
Prométhée, héros romantique
Un titan, Prométhée (dont le nom signifie « prévoyant »), pour rendre les humains supérieurs aux animaux, les rend capables de marcher debout. Puis il va dérober aux dieux le feu, caché dans un bâton creux. Pour le punir, Zeus le fait enchaîner au sommet du mont Caucase, où un aigle lui dévore chaque jour le foie, ce dernier se reformant sans cesse dans un cycle sans fin. Prométhée sera finalement délivré par Héraclès qui tuera l'aigle.
La figure de Prométhée pose le rapport de la nature régie par Dieu et de la civilisation développée par l’homme, mais aussi l'antagonisme de l’audace et du respect de l'ordre établi dans le contexte d'une l'Europe spectatrice de la Révolution française. (1799 voit l'arrivée de Napoléon Bonaparte au pouvoir)
"Les lectures du mythe de Prométhée s'articulent principalement autour de deux pôles. Le premier présente Prométhée comme un démiurge « maître du feu » et le second le présente comme un apprenti sorcier qui « joue avec le feu »". (fabula.org)
Prométhée est l’aventurier créateur d’une humanité nouvelle, celui qui conduit la civilisation, qui l'éclaire, en porteur de la philosophie des Lumières. C'est aussi l’insurgé vaincu, torturé par le dieu qui le retient captif. C'est celui qui par sa seule connaissance égale la toute-puissance du dieu (Zeus) et arrache aux Dieux (Vulcain, Mercure) une liberté nouvelle acquise avec lascience et la technologie.
En 1818, Mary Shelley écrit Frankenstein ou le Prométhée moderne (en français, en anglais)
La figure de Prométhée inspire également les philosophes socialistes du milieu du XIXe siècle : «La philosophie fait sienne la profession de foi de Prométhée: En un mot, j’ai de la haine pour tous les dieux! Et, cette devise, elle l’oppose à tous les dieux du ciel et de la terre, qui ne reconnaissent pas la conscience humaine comme la divinité suprême... Dans le calendrier philosophique, Prométhée occupe le premier rang parmi les saints et les martyrs». Karl Marx, Démocrite et Epirure (1841)
Pour en savoir plus sur l'oeuvre de Beethoven :
Les Ouvertures de Beethoven : Ouverture des Créatures de Prométhée op.43 par Laurent Marty (resmusica.com)
L'ouverture des Créatures de Prométhée par Laurent Marty (lvbeethoven.com)
Ludwig van Beethoven : "The creatures of Prometheus : overture" par le Vanderbilt Orchestra, dirigé par Matthew Quick (mars 2007)
CD disponible à la médiathèque de Dole : Beethoven : Overtures (Deutsche Kammerphilharmonie, Daniel Harding), Virgin Classics, 1999