Маяковский (1893-1930)
PROLOGUE
En un toast
à vous toutes
qui m'avez plu et me plaisez,
icônes bien gardées au creux de l'âme
comme une coupe je soulève mon crâne
plein à ras bord de poésie.
De plus en plus je me demande
s'il ne serait pas mieux
que je me mette d'une balle un point final.
Aujourd'hui
à tout hasard
je donne un concert d'adieu.
Mémoire!
Rassemble dans ma salle cérébrale
les files infinies des femmes chères.
Verse le rire d'oeil en oeil.
pare la nuit en noces ancestrales.
Verse la joie de chair à chair.
Je vais jouer de la flûte aujourd'hui
sur la propre colonne vertébrale.
La flûte de vertèbres (1915)
***
C'EST IMPOSSIBLE
Seul je ne pourrai
porter un piano
(encore moins
un coffre-fort).
Et si ni le coffre
ni le piano,
pourrais-je, moi,
porter mon coeur, après retrait.
Les banquiers le savent :
« Nous les riches à gogo,
quand nos poches sont pleines -
nous déposons au coffre »
L'amour
de toi,
je l'ai caché - trésor
dans le fer.
Je vais
en radieux Crésus :
Tout au plus,
si l'envie m'en prend très fort,
je retire un sourire,
des demi-sourires
et plus menu.
Faisant la noce avec d'autres
je liquide à minuit
quinze roubles de petite monnaie lyrique.
J'aime (1922)
Маяковский
source de la vidéo : http://www.mayakovsky.info/
Clip réalisé à partir d'archives filmiques sur lesquelles figure le poète mais également des extraits de "L'homme à la caméra" [= Человек с киноаппаратом] (1929) de Dziga Vertov
Sur Maïakovski : article de Wikipédia, Esprits nomades, la page consacrée à Maiakovski sur le site Terra Futura, un site dédié au mouvement futuriste (en anglais et en russe)
Vladimir Maïakovski, A pleine voix : anthologie poétique : 1915- 1930, préf. de Claude Frioux, trad. de Christian David, Gallimard, 2007 (Poésie).