03 mai 2020

Le capharnaüm #78 : Le mariage de la raison et du cauchemar

Le mariage de la raison et du cauchemar qui a dominé tout le XXe siècle a enfanté un monde toujours plus ambigu. Les spectres de technologies sinistres errent dans le paysage des communications et peuplent les rêves qu’on achète. L’armement thermonucléaire et les réclames de boissons gazeuses coexistent dans un royaume aux lueurs criardes gouverné par la publicité, les pseudo-événements, la science et la pornographie. Nos existences sont réglées sur les leitmotivs jumeaux de ce siècle : le sexe et la paranoïa. La jubilation de McLuhan devant les mosaïques de l’information ultrarapide ne saurait nous faire oublier le pessimisme profond de Freud dans Malaise dans la civilisation. Voyeurisme, dégoût de soi, puérilité de nos rêves et de nos aspirations – ces maladies de la psyché sont toutes contenues dans le cadavre le plus considérable de l’époque : celui de la vie affective.
Cet abandon du sentiment et de l’émotion a préparé la voie à nos plus doux, nos plus réels plaisirs : l’émoi de la souffrance et des mutilations, la vision du sexe comme l’arène idéale – semblable à une culture de pus stérile – où déployer les véroniques de nos perversions, le jeu de nos névroses mené en toute quiétude, et surtout nos capacités apparemment illimitées d’abstraction. Nos enfants ont moins à craindre des voitures sur les autoroutes de demain que du plaisir que nous prenons à calculer les paramètres les plus harmonieux de leurs morts futures.
Instruire des charmes incertains de l’existence dans ce glauque paradis devient de plus en plus le rôle de la science-fiction. Je crois fermement que la SF, loin d’être un rejeton mineur de la littérature contemporaine, en constitue la branche maîtresse – et en tout cas la plus ancienne : une tradition de réponse de l’imagination à la science et à la technologie court sans rupture de H.G. Wells à Aldous Huxley, aux auteurs américains modernes et à des pionniers d’aujourd’hui tel que William Burroughs.
J.G. Ballard - préface de Crash (1973) [extrait]

Ariel Pink - Not Enough Violence


"Time is up your doomsday clock sealed / Carry the cross, boy, and make your bed / In a place where all is unknown / Face behind the mask of the sky... "
KEXP studio (Seattle). février 2015.
Ariel Pink (chant) - ariel-pink.com
Tim Koh (guitare basse) - nts.live/shows/tim-koh
Kenny Gilmore (claviers, chœurs), kennethgilmore.com
Jorge Elbrecht (guitare, chœurs) - jorgeelbrecht.bandcamp.com
Joe Kennedy (claviers, guitare, chœurs) - discogs.com
Don Bolles (batterie, chœurs) - wikipedia.org/wiki/Don_Bolles_(musician)
Album : Ariel Pink's Haunted Graffiti - Pom Pom - 4AD (2014)

Wes Montgomery - Four On Six


Stan Tracey (piano), Rick Laird (contrebasse), Jackie Dougan (batterie) ABC TV, Londres, Mai 1965

Matching Mole - "Gloria Gloom" / "Part of the Dance"


Matching Mole à l'émission Rock en Stock (ORTF) présenté par Pierre Lattés en 1972
Robert Wyatt - batterie, chant, Phil Miller - guitare,  Bill MacCormick - basse, Dave MacRae - claviers.
Matching Mole (taupe combattante) est un jeu de mot sur la traduction française de Soft Machine, "machine molle". Le nom de Soft Machine (le précédent groupe de Robert Wyatt) étant inspiré du titre d'un roman de William Burroughs.


Bobb Trimble & The Crippled Dog Band : You Should See My Girl


Massachusetts, 1983
en.wikipedia.org - discogs


Igor Stravinski dirige L'oiseau de feu