Certains albums, tels des poèmes que nous connaissons par cœur, nous accompagnent au long des années, des décennies. Chargés de souvenirs, déclencheurs de nos évolutions, témoins de nos cheminements, énigmes résistant à l'usure du temps, traversant les modes, conservant la fraîcheur de la découverte à chaque nouvelle écoute....
Merci à Amandine Minnard, responsable de la Bibliothèque nomade de la Bibliothèque de Toulouse, ex-responsable du pôle Musique de la Médiathèque José Cabanis, et vice-Présidente de l'ACIM d'avoir répondu à l'invitation.
Qui sème de vent récolte le tempo / Mc Solaar, Polydor
Cet album sorti en 1991, je l’ai écouté en boucle et reboucle. J’écoutais alors les Bérurier noir, Noir Désir, Ludwig von 88, Dire Straits, AC/DC et tant d’autres. C’était aussi l’époque de la première compil de hip-hop français, Rap attitude, où la crème du rap français se faisait connaître. Rien à jeter sur cet album de Mc Solaar où les paroles sont comme de la dentelle et hyper dures à chanter. Quand j’ai su chanter Caroline en mode ragamuffin, ce fut une grande fierté :)
A moi l’Afrique / Jean Ferrat, Barclay
A la maison, ma mère écoutait souvent Pink Floyd (les premiers albums planants), Jean-Michel Jarre (Oxygène), Rondo Veneziano (tous les albums) et Jean Ferrat. Je suis tombée dedans petite sans toujours comprendre les paroles mais j’aimais cette voix grave. Il fait partie de mon ADN. Cet album, sorti l’année de ma naissance, a bercé mon enfance et ses textes engagés m’imprègnent. J’aime l’écouter et la chanson Les saisons me bouleverse parmi tant d’autres.
BO Jackie Brown, Warner Music
Juste du groove tout le long. Strawberry Letter 23 des Brothers Johnson est une pure merveille et l’intro, Accross 110th street de Bobby Womack, me replonge dans les couloirs de cet aéroport au début de ce film culte de Quentin Tarantino. Toutes les BO des films de Tarantino sont des bulles de musique des années 70 intemporelles. Toute la musique noire américaine me touche profondément dans toute sa diversité. C’est un pan de la musique incontournable à mon sens et d’une richesse incroyable.
Crime of the century / Supertramp, A&M records
Un autre album où rien n’est à jeter. Ce troisième album de rock progressif, sorti en 1974, je l’ai d’abord découvert en collectionnant les images de pochettes d’albums dans les boîtes de Vache qui rit. Cette pochette m’intriguait et me fascinait : des mains tenant une grille dans l’espace. Et puis un jour, j’ai pu l’écouter et ce fut un vrai bonheur pour les oreilles : le titre éponyme est envoûtant tout comme School.
An Awesome wave / Alt-J, Infectious Music
2013, l’année où est sorti Random Access Memory des Daft Punk, une pépite de funk et de disco. Cette même année, j’ai découvert ce premier album de Alt-J sorti l’année d’avant sur le label Infectious Music. Une claque musicale avec cette voix unique. Intro ou Mathilda ou Breezeblocks, bon bref tout s’écoute d’une traite et en boucle.
Live at the Zenith / Archive, Warner Music
Again, Again, Again... Fuck U, You make me feel. C’est juste un bijou de trip hop. Tout s’enchaîne à la perfection. J’avais découvert ce groupe dans les années 90 dans le live de Nulle part ailleurs sur Canal +. J’en avais les poils dressés sur les bras. Sorti en 2007, ce premier album live est magique et hypnotique.
Seventeen seconds / The Cure, Polydor
Deuxième album du groupe sorti en 1980, 40 ans déjà ! Juste pour A Forest dans sa version longue. J’ai eu ma période The Cure écoutée jusqu’à l’usure sur des K7 enregistrées les doigts fébriles en suspend sur la touche enregistrer et pause des morceaux passant à la radio. Je vous renvoie aussi vers cette chronique rédigée par une collègue du titre Close to me, fort à propos en ces temps de confinement sur BibliOzik (le site de la Bibliothèque de Toulouse dédié à la musique)
Wake up your mind / Joni Haastrup, Afrodisia
Une découverte lors d’une conférence sur l’histoire des musiques noires enregistrées. Cet album funk et soul enregistré en 1978 en Afrique du Sud est renversant. Longtemps tombé dans l’oubli, il a resurgi il y a quelques années. A écouter très fort le titre Greetings.
Nancy & Lee / Nancy Sinatra et Lee Hazlewood, Reprise records
Une autre pépite sortie en 1968. Lady bird, Summer of wine, Jackson... une suite de titres mythiques servis par des voix scotchantes. Un bonheur à écouter.
Time Out / The Dave Brubeck quartet, Columbia
Take five, morceau composé en 1959 par le saxophoniste Paul Desmond, est une ritournelle au rythme atypique qui me suit depuis toujours. C’est un air qui me vient spontanément quand je fredonne sur les chemins du boulot ou d’ailleurs. Standard du jazz, cet album du quartet de Dave Brubeck a intégré ma pile de CD tardivement. Comme tous ces morceaux de musique qu’on fredonne sans en connaître le titre ou l’auteur, et puis un jour c’est la révélation.
Les 4 saisons / Antonio Vivaldi, Deutsche Grammophon
Ces quatre concertos pour violon interprétés par le London Symphony Orchestra dirigé par Claudio Abbado ont aussi longtemps tournés en boucle dans la voiture ou ailleurs. Cette interprétation est juste parfaite. J’aime imaginer les saisons a chaque parties de ces concertos. Alors qu’ils avaient connus leurs succès en leur temps, ces concertos ont été redécouverts seulement en 1935.
Citadelle / Izia, Universal music division Barclay
C’est celui que j’écoute en boucle depuis quelques mois. Il est des albums fétiches comme ça sans vraiment se l’expliquer, ce fut le cas de Rest de Charlotte Gainsbourg ou Parcels par Parcels ou Victory des Jackson Five ou Californication des Red Hot Chili Peppers. Quatrième album de Izia, Citadelle est tout en délicatesse et émouvant : les morceaux tournent en boucle et coulent tout seuls. Calvi, Sunset, Esseulés en duo avec Dominique A, Idole... rien à jeter. Merci Izia.
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Comment écoutes-tu la musique aujourd'hui ?
A la maison, sur mon smartphone ou ma tablette et une enceinte Bluetooth de bonne qualité. Dans la voiture en Bluetooth. A la campagne, j’écoute des CD sur une vieille chaîne Phillips. L’hiver au coin du feu quand il fait bien froid dehors et que c’est bientôt Noël, j’adore écouter une vieille compil de chants russes au désespoir de mon entourage.
Quelle plateforme de streaming utilises-tu ?
Deezer depuis des années avec un abonnement lié à mon smartphone. J’ai aussi utilisé SoundCloud.
Continues-tu à acheter des disques ? Des CD ? Des vinyles ?
J’achète maintenant uniquement des vinyles d’artistes que j’adore, à la fin d’un concert ou dans les bacs d’un disquaire pour l’objet et en totale groupie (Hypnolove, L’Impératrice, Daft Punk). A écouter, c’est un peu pénible : il faut sortir du buffet deux vieilles platines, une pour les 45T et l’autre pour les 33T car elles sont à réparer ; il faut changer de face au bout d’une demi heure. Alors c’est juste pour le plaisir de les contempler, les ouvrir, scruter la couleur du vinyle, parfois sa transparence, regarder les images.
Quelques émissions de radio, ou web radios musicales écoutes-tu ? Comment te tiens-tu au courant de l'actualité musicale ? Radios ?, magazines ? Sites ? Blogs ? Festivals ? médiathèque ?
J’aime écouter Boomerang sur France Inter. Il y a souvent une petite pause musicale riche en découvertes : Calypso Blues de Calypso Rose par exemple. C’est toujours aussi intéressant d’écouter les artistes raconter leur parcours. Ceux de Manu Dibango ou de Calypso Rose étaient émouvants. Une autre source est Bibliozik, le site musical de la Bibliothèque de Toulouse, avec les chroniques et les playlists où je découvre des pépites. Les playlists thématiques ou de France Inter sur Deezer sont aussi de bonnes sources. Et puis, partout où il y a de la musique (resto, fêtes avec des amis, en voyage, sur les réseaux sociaux, à la télé...), je dégaine Shazam et j’alimente ma playlist annuelle. Lors d’un voyage, dans un resto d’une chaîne de fast-food mexicain, je suis tombée sur le Soul wax remix de Let it happen de Tame Impala qui m’a longtemps accompagnée et me ramène toujours là-bas avec grand bonheur.
"Crime of the century de Supertramp, je l’ai d’abord découvert en collectionnant les images de pochettes d’albums dans les boîtes de Vache qui rit. " 🐄🙂 |
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Depuis 10 ans, je crée des collages à la main. Bouts de papiers, ciseaux, colle Uhu et hop j’assemble des fragments éparses pour composer de belles images parfois insolites. Je n’ai pas toujours une idée très précise de ce que je vais réaliser. De nombreux artistes m’inspirent : Zoveck Estudio, Jacques Prevert, Eugenia Loli, Madame pour n’en citer que quelques uns. Ces derniers temps, Madame propose des planches d’images pour réaliser des collages confinés. Voici 3 échantillons inspirés par ces planches.
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Bibliozik