22 octobre 2007

1939-1945 : la musique classique sous influence

Le 4 novembre prochain, la Berliner Philharmoniker fêtera son 125ème anniversaire. Un regard rétrospectif sur cette prestigieuse formation oblige à examiner les activités de l'orchestre pendant les années du nazisme entre 1933 et 1945. A Berlin, une exposition consacrée à la Philharmonie de Berlin pendant le IIIe Reich a été organisée au foyer de l'orchestre.
Ainsi deux de ses chefs les plus prestigieux Wilhelm Furtwängler (photo) et Herbert von Karajan ont été d'ardents propagandistes hitlériens, contribuant à faire de la musique allemande une armes de propagation puissante dédiée à la gloire du régime nazi. (source : Lorraine Rossignol, La Philharmonie de Berlin et le nazisme, Le Monde, 1 octobre 2007) [consulté le 22 octobre 2007]

Cette propagande était également portée hors d'Allemagne, comme en témoigne les archives audiovisuelles suivantes montrant le chef Herbert von Karajan lors d'un concert à Paris

Sur ce sujet, on peut lire également l'article très référencé de François Coadou : La musique en France sous l’Occupation, sur l'excellent site Musicologie.org
http://www.musicologie.org/publirem/coadou_musique_france_occupation.html
extrait : "Le 11 novembre 1943 se déroule, à Dijon, un récital du pianiste Wilhelm Kempff. Au programme : musique allemande : Beethoven. Le 11 novembre 1943, la date semble tout de même un peu mal choisie – elle semble tout de même un peu mal venue aux autorités allemandes. Les autorités allemandes redoutent, à l’occasion de cette audition et à l’occasion de cette commémoration, une manifestation virulente de nationalisme français, une manifestation virulente contre le nazisme. Elles redoutent – mais : elles se refusent à annuler ; elles se refusent à supprimer le récital. Que va-t-il arriver ? Que va-t-il se passer ? Rien. Il ne se passe rien – sinon que le public de Dijon, venu en nombre, acclame Beethoven, Wilhelm Kempff et toute la politique culturelle allemande. Le public, ici, ne voit que du feu. Il ne voit pas la dimension idéologique éventuelle, la dimension politique éventuelle, en cette date commémorative, de cette action culturelle, de cette action en musique."

A voir, disponible à la médiathèque de Dole, le film de Gérard Caillat : Opéra et IIIe Reich (1997)(50 minutes)
"Les nazis ont rapidement compris que l’opéra pouvait surpasser le théâtre et le cinéma pour exalter les qualités allemandes. Devenu instrument de propagande, cet art a fait l’objet d’une attention toute particulière sous le IIIe Reich. Dès son arrivée au pouvoir en 1933, Hitler s'en prend au théâtre et à la musique : Goebbels, ministre de la propagande et de l’instruction du peuple, a pour mission de "nettoyer la vie culturelle allemande". Toute production artistique ne magnifiant pas la grandeur, l’héroïsme et le sens du devoir allemands est interdite et condamnée. Basées sur les mythes germaniques, les oeuvres de Wagner, trouvent chez Hitler une forte résonnance comme légitimation historique de ses idées sur la suprématie de la race allemande."