17 octobre 2007

Les premiers instruments électroniques transportables : Les musiques électroniques #2

Dans les années 1920, trois instruments électroniques majeurs font leur apparition : le Thérémine , les Ondes Martenot et l’Orgue Hammond.

Le thérémine

Inventé par le Russe Lev Sergeyevich Termen au début des années 20, l'instrument sera connu quelque années plus tard sous le nom de thérémine ou theremin prenant le nom de son inventeur, celui-ci s’appellant désormais Léon Theremin. La production du son repose sur le contrôle de l'effet hétérodyne : deux hautes fréquences sont combinées pour produire une fréquence plus basse, audible par l'oreille humaine (de 20 hz à 20 000 hz). Le thérémine est l'un des premiers instruments électroniques transportables. Le brevet de protection sera déposé en 1928.
Des artistes de renom utiliseront cet instrument pour interpréter des œuvres du répertoire classique, comme Clara Rockmore, violoniste de formation.
Camille Saint-Saëns : "Le cygne" par Clara Rockmore

A cause de son timbre éthéré évoquant une voix humaine un peu spectrale, le thérémine sera souvent utilisé dans les films de science-fiction pour annoncer des phénomènes étranges venus d'ailleurs.

The Day the Earth Stood Still [Le jour où la Terre s'arrêta] (1951)

Le thérémine a suscité l'intérêt permanent des musiciens de pop music comme en témoigne l'album Pet sounds du groupe The Beach Boys, plus récemment le groupe Portishead a également utilisé l'instrument sur le titre Mysterons.
La vidéo suivante permet de voir l'extrait d'un reportage de la BBC consacré au Thérémine.
Pour en savoir plus sur le Thérémine

Les ondes Martenot
Maurice Martenot, violoncelliste et télégraphiste français rencontra Léon Theremin en 1923. Les "Ondes Martenot" a été breveté le 2 avril 1928 sous le nom "Perfectionnements aux instruments de musique électriques". Martenot voulait produire un instrument simple à utiliser par tous les musiciens. Les premières versions étaient utilisées par un musicien qui manipulait une corde à l'aide d'une antenne attachée au doigt. (en utilisant la capacité du corps pour contrôler les caractéristiques du son, de manière similaire au Thérémine). Les versions suivantes seront équipées d'un clavier standard. L'appareil était monophonique et avait un ruban de contrôle du glissando et du vibrato, tout comme certains appareils d'aujourd'hui. L'Ondes Martenot fut le premier instrument électronique à avoir un réel succès commercial et Martenot lui-même devint en 1943, 20 ans après son invention, professeur au Conservatoire de Musique de Paris où il enseigna l'instrument. (source)
A l’instar d’Olivier Messiaen, des grands compositeurs tels que André Jolivet, Arthur Honneger et Maurice Jarre ont également écrit pour les Ondes Martenot. L'instrument a pu ainsi bénéficier d’une littérature musicale importante.
Olivier Messiaen : "Turangalîla-Symphonie" (extrait)

Les ondes Martenot sont encore utilisées de nos jours par les artistes de rock et de variétés, citons le groupe Radiohead en joue parfois sur scène.
Le thérémine et les ondes Martenot sont des instruments monophoniques - un seul son peut être joué à la fois-, contrairement au Telharmonium qui pouvait jouer des accords (voir l'article précédent sur le sujet).


L'orgue Hammond
Laurens Hammond pour invention a repris et miniaturiser le concept de roue phonique (tonewheel).
L'orgue Hammond équipera les églises, le théâtres, les cinémas et les stades. L'instrument rencontra un vif succés dans les musiques populaires afro –américaine, d’abord à l’église (gospel) puis dans d’autres genres comme le jazz et blues.

L'organiste Korlat Pandit interprétant Miserlou (remplacez l'orgue par une guitare électrique, accélérez le rythme, ça devrait vous rappeler la musique de Pulp Fiction)

Aujourd'hui, il est possible de jouer de l'orgue Hammond à partir de son ordinateur, c'est ce que propose l'éditeur Native Instruments avec le logiciel d'émulation B4 dont on peut télécharger une version démo.

Pour rappel : épisode 1 : Les pionniers, 1900-1926
... A venir : épisode 3 : le temps de la recherche, les années 40 et 50