Je pose, à mes risques esthétiquement, cette conclusion (si par quelque grâce, absente, toujours, d'un exposé, je vous amenai à la ratifier, ce serait pour moi l'honneur cherché ce soir): que la Musique et les Lettres sont la face alternative ici élargie vers l'obscur; scintillante là, avec certitude, d'un phénomène, le seul, je l'appelai l'Idée.
« La Musique et les Lettres »,
conférence donnée à Oxford, 1er mars 1894
- On a touché au vers.conférence donnée à Oxford, 1er mars 1894
La poésie de Stéphane Mallarmé (1842-1898) est hautaine, savante et hermétique jusqu'à l'abstraction.
Manifeste d'une nouvelle poétique, Crise de vers (1895) affirme une écriture de la rupture avec la représentation, la description et la narration : "Le remarquable est que, pour la première fois, au cours de l'histoire littéraire d'aucun peuple, concurremment aux grandes orgues générales et séculaires, où s'exalte, d'après un latent clavier, l'orthodoxie, quiconque avec son jeu et son ouïe individuels se peut composer un instrument, dès qu'il souffle, le frôle ou frappe avec science; en user à part et le dédier aussi à la Langue."
Cette révolution sur l'usage radical du langage trouva un puissant écho dans les avant-gardes plastiques et musicales du XXe siècle. De nombreux compositeurs modernes (Debussy, Ravel, Milhaud, Hindemith) et contemporains (Boulez, Amy, Ballif, Boucourechliev, Pesson) créèrent des pièces vocales à partir des textes de Mallarmé, ou s'inspirèrent de sa théorie poétique dans l'écriture d'oeuvres instrumentales.